Les mémoires de Margueritte


SOMMAIRE

Souvenirs d’un petit-enfant de Marguerite

Quand j’étais petit, nous rendions visite à ma grand-mère une ou deux fois l’an. On l’appelait Mamie. Pas question de l’appeler grand-mère et encore moins mémé ou pire, mémère. Elle habitait au 6e et dernier étage d’un HLM parisien, dans le 15e arrondissement, au 22 rue des Quatre-Frères-Peignot, à côté de l’imprimerie nationale dont on entendait, depuis la rue, les cliquetis des machines. A cette époque, la façade était noire comme toutes celles du quartier : un souvenir des usines implantées jadis, non loin de là.

Nous partions le matin, en voiture, d’un petit village de Seine-et-Marne. L’odeur des matières synthétiques de l’habitacle me soulevait le cœur et, dans son sillage, le contenu de l’estomac. Il fallait s’arrêter, ça faisait tout un drame. Souvent, mes habits tachés conservaient l’odeur de mon vomi et l’on m’aspergeait d’eau de Cologne.

Malgré ces désagréments, j’étais ravi d’aller « voir Mamie ». Il fallait éviter les poubelles qui encombraient la cour et gravir les six étages sans ascenseur. En passant devant chaque porte, on me racontait des histoires plus ou moins inquiétantes concernant les gens qui vivaient là et que, fort heureusement, je ne croisais jamais. On descendait parfois au 4e, dire bonjour aux Kabeche, des amis de Marguerite qui avaient vu grandir les enfants. Raymond était un gros rigolo dont la voix impressionnante faisait trembler les bibelots derrière leurs parois de verre. Sa femme, Lisette, était plus réservée. Elle me disait de laisser tranquille le chat qui vivait sous le canapé. Parfois, nous croisions leur fille, une jeune-femme très maquillée qui fumait en silence sans quitter son manteau. Elle ne restait jamais très longtemps. Un jour où tous les sièges étaient occupés, Raymond avait proposé à Marguerite de s’assoir sur ses genoux. Le visage de Mamie s’était éclairé d’un sourire de jeune-fille que je ne connaissais pas et elle s’était assise prudemment sur l’une des grosses cuisses du maître de maison. Elle avait sursauté et Raymond l’avait rassurée en expliquant avec malice que ce qu’elle avait senti n’était rien d’autre que l’Opinel qui se trouvait dans sa poche.

Chez Mamie, le couloir était court et étroit. Les toilettes donnaient dans ce couloir. Il y avait un porte-revues, juste avant d’entrer dans la cuisine qui faisait office de salle à manger. Un rideau en toile cirée permettait de s’isoler pour se laver devant l’évier. Trois autres pièces venaient en enfilades, le long d’un balcon où quelques petits sapins s’accrochaient à la vie dans leurs pots de terre cuite. La dernière chambre était celle de Marguerite.

Sur la grosse commode Art Déco, il y avait deux petites statues d’oiseaux en verre soufflé de Murano et un ramoneur en plastique d’une quarantaine de centimètres, vêtu de tissu noir et barbouillé de suie. Mamie nous en avait offert deux copies plus petites, à mon frère et moi, lors de son retour d’un voyage en Alsace. Dans l’un des tiroirs de la commode, des fournitures de bureau excitaient ma convoitise, gommes, crayons à papier, taille-crayons, élastiques de différentes largeurs, trombones, feuilles pour machine à écrire et feuilles de papiers carbone qui tachaient les doigts et dont l’odeur me ravissait. Mamie était secrétaire de direction à la CIT, la Compagnie Industrielle des Téléphones.

Pendant que les adultes discutaient dans la salle à manger, nous luttions, mon frère et moi, contre un ennui que seul venaient interrompre des envies de faire pipi. Les toilettes sentaient l’eau et le produit chimique. Des jouets qui avaient appartenu au plus jeune de mes oncles étaient mis à notre disposition, en échange d’une tranquillité que nous avions du mal à conserver.

Parfois nous sortions dans Paris. Le Trocadéro et la tour Eiffel n’étaient pas très loin. Nous rencontrions parfois la sœur de Marguerite, Jeannette, dont la santé était fragile, et Paulette, une dame bizarre aux cheveux très courts et très blancs. Son visage recouvert de poudre rose était animé d’une gaîté permanente. Marguerite riait de bon cœur à ses plaisanteries. Paulette avait deux passions : les cimetières et les chiens-loups. Quand on se promenait avec elle, il ne fallait pas marcher trop vite à cause de son pied-bot.

Un jour, je devais avoir cinq ans, nous habitions encore Paris, près du Jardin des Plantes, j’avais passé une après-midi entière, seul avec ma grand-mère. Elle m’avait emmené faire un tour de bateau-mouche ; un photographe avait immortalisé notre escapade.

Sur la fin de sa vie, Marguerite était atteinte de la maladie de Parkinson. Mon frère lui rendait souvent visite entre midi et deux, son lycée se trouvait en face de l’hospice médicalisé de l’hôpital de Fontainebleau où se trouvait la chambre qu’elle occupait, à côté du crématorium. Il avait juste l’avenue de Verdun à traverser. De l’autre côté du Boulevard du Maréchal Joffre, commençait la forêt avec le cimetière où elle se promenait parfois en attendant d’y être enterrée. Quelques années auparavant, j’avais manqué me faire percuter par une automobile en traversant ce boulevard pour rejoindre des camarades de classe, lors d’une séance de plein air.

Lorsqu’elle s’était cassé le col du fémur, Marguerite avait décidé de ne plus vivre. Je lui avais rendu visite en gériatrie, au dernier étage du bâtiment où elle se laissait mourir. Elle ne mangeait presque plus. A l’occasion de ma visite, elle avait ouvert une ration liquide à la noisette. Elle m’avait assuré que ce n’était pas mauvais et m’avait demandé si je voulais la finir. Non merci, mamie. Puis elle m’avait demandé de laver son dentier au moyen d’une brosse à dents. C’était la première fois que je voyais un dentier ailleurs que dans une bouche. Elle attendait assise au bord du lit. J’avais été troublé par la beauté de ses jambes que la vieillesse avait épargnées.

Il lui avait fallu un mois pour venir à ses fins. À son enterrement, mon père souffrait d’une lombalgie aiguë et se déplaçait avec une canne. Ça faisait beaucoup. Dans l’entrebâillement d’une porte, j’avais aperçu le profil crayeux de Margueritte avant sa mise en bière. J’avais refusé de voir le corps. Mon jeune cousin Bruno était ressorti en pleurs, ça m’avait suffi. Je suis ainsi, je garde au fond de moi les morts dont je croise la route. Le deuil n’existe pas chez moi. Parmi les vivants, je vois les morts qui vont et viennent. Ils ne me dérangent pas.

Elle avait prédit à mon frère la richesse et, à moi, que je garderai longtemps de beaux cheveux. Ses prédictions se sont réalisées, toute proportions gardées.

Les personnages

Marguerite (26/08/1904 – 27/04/1985) : dite « Maguy » ou « Guitto ». Elle est l’auteur de ces mémoires commencés en 1972 (68 ans), et la mère de Jean-Claude (27/07/1935 – 14/10/2023), Roland (11/07/1941) et Alain (06/09/1947), les trois enfants qu’elle a eu avec Albert. La parisienne fait un dernier voyage à Sancerre en juin 1975. Elle meurt à 80 ans et 8 mois à Fontainebleau.

Roland (1900-1930) : à 16 ans (1920), Marguerite le rencontre à Sancerre, alors qu’il a 20 ans. Trop jeune, Marguerite n’acceptera que ses baisers. Il finira par se fiancer (1922) et se marier (1924) et mourra à 30 ans dans un accident de voiture à l’étranger. Roland et Marguerite échangent un dernier baiser en 1924, 6 ans avant la mort de Roland qui est alors marié. Marguerite appellera son 2e enfant Roland (il arrivera 6 ans après le 1er). Roland Favard est le grand amour de Marguerite (on retrouve 40 fois son nom dans ces mémoires). Elle ne cessera de se le rappeler pour lutter contre la solitude et la vieillesse.

Jeanne : Roland monte à Paris en 1921, accompagné de Jeanne, peut-être l’une de ses deux tantes.

Tony : Marguerite flirt avec lui à Sancerre en 1923, par fierté et pour rendre jaloux Roland qui est fiancé.

Les tantes de Roland : Marguerite séjourne chez l’une d’elle en 1924, lors de vacances à Sancerre. Les deux tantes de Roland sont plus âgées que Marguerite, de 9 et 11 ans.

Régine (1925 – 17/08/2016) : la fille de Roland Favard. Elle aura une relation amicale avec Marguerite malgré sa mère.

René (1908-1932) : premier mari de Marguerite. Ils se rencontrent en 1927, se marient en 30/07/1929. René meurt en 1932, à 23 ans, dans un accident de voiture au Maroc, 18 mois après Roland. Marguerite a alors 28 ans. Leur relation houleuse aura duré 5 ans.

Albert (10/06/1909 – 01/03/1984) : le second mari de Marguerite qui se marie avec lui à 29 ans (il en a 25) le 21/07/1934. Ils auront 3 enfants et divorceront le 03/07/1952, après la naissance de leur dernier enfant. Albert a une maîtresse depuis déjà 5 ans, Rosa Albertine Marie Valière, et veut récupérer la garde de ses enfants et l’appartement. Mais Marguerite se battra pendant 5 ans et obtiendra gain de cause. Albert se remarie avec Rosa le 25/04/1953. Albert n’est cité que 3 fois dans ce mémoire. L’entente était exclusivement physique.

Tiennot : il a 18 ans, en 1942, quand il tombe amoureux de Marguerite qui a 38 ans et vient d’avoir son 2e enfant. Marguerite ne donne pas suite.

Pierre (????-1943) : dit « le Canadien », soldat de passage qui tombe amoureux de Marguerite en 1943, avant d’aller se faire tuer au combat en Belgique, la même année. Le 2e enfant de Marguerite est alors très jeune.

Milou (1908-1946) : dit « mon mien », soldat de la Résistance qui rencontre Marguerite au Champs en 1944. Il sera une renaissance de courte durée pour Marguerite car il meurt de maladie à 38 ans en 1946 (Marguerite a alors 42 ans et est enceinte de son 3e enfant).

Rosa : maîtresse d’Albert qui l’épouse en secondes noces le 25/04/1953. Il se fréquentent au moins depuis 1947.

Un inconnu : avec lequel Marguerite eut une brève relation à la fin des années 1940, pendant la période de son divorce (5 ans de lutte pour conserver la garde de ses 3 enfants).

Avertissements

La mention « etc. » correspond à des poèmes, aphorismes ou paroles de chansons recueillis par Marguerite dans ses mémoires mais non restitués dans ce document. Ceux qui sont restitués y figurent entre guillemets ou sous la forme de citations.

Mémoires sentimentales de Margueritte (pêle-mêle)

Le livre de la vie est le livre suprême

Qu’on ne peut ni fermer ni rouvrir à son choix

Le passage adoré ne s’y lit pas deux fois

Mais le feuillet fatal se tourne de lui-même

On voudrait revenir à la page où l’on aime

Et la page où l’on meurt est déjà sous nos doigts.

Alphonse de Lamartine

Toi qui trouveras ce cahier après ma mort et qui aura la tentation de le lire… fais-le avec ton cœur, avec tendresse… et ne juge pas !

Dans la vie, quelques instants de bonheur, si courts soient-ils, sont tellement nécessaires pour ne pas sombrer…  Et pour se souvenir… plus tard…

26 août 1972- 68 ans… un chiffre, c’est tout !

Je ne me sens pas dans la peau de cet âge… Surtout mentalement et, physiquement, n’en ai guère l’apparence !


« Fils de mères vivantes, souvenez-vous qu’elles sont mortelles ! »

Mes fils, donnez-moi des preuves de votre affection pendant que je suis en vie… et ne regrettez rien après !


« etc. »

Je vais parfois méditer au cimetière « cette terre du silence et de la solitude » ; tout a une fin, cela console de vivre !

« etc. »


Toi que j’appelais « mon mien », toi qui a quitté ce monde depuis longtemps, toi qui m’a redonné confiance en moi-même, je suis allé retrouver ton souvenir dans cette église où tu me disais avoir pensé à moi d’une manière très profane, je te voyais dans ma pensée, je t’imaginais très fort remonter l’allée centrale et venant vers moi !

Les amours inachevés, rompus par le destin, aussi par la mort, n’ont pu se ternir par l’habitude et, plus tard, bien plus tard, on y pense comme à un joli rêve vécu intensément et fugitivement !


Les souvenirs amers … et il y en a !! ne doivent jamais revenir ; j’ai la volonté de les reléguer très loin dans les brumes de l’oubli comme s’ils n’avaient existé qu’à l’état de cauchemars… et les cauchemars que l’on fait la nuit n’ont pas d’existence réelle.


J’ai eu ma part de tourment, de soucis matériels, dans la vie, et j’ai toujours fait face, mais c’était trop pour moi !

Maintenant, pour continuer à vivre, pour ne pas me sentir vieille tout d’un coup, j’ai besoin de sérénité, de quiétude et de confort … de calme aussi autour de moi !


Revivre ma jeunesse… non !

Oui, à la condition d’avoir une bonne vitalité et l’expérience acquise au cours de la vie ! Je la vivrais autrement ma jeunesse ! Mais on ne peut être et avoir été… Et le destin n’en fait qu’à sa tête !

Mon destin actuel est de vivre heureuse, sans souci, avec indépendance ; que cela continue ! C’est la grâce que je me souhaite !


Le souvenir enchanté de mes fugitifs bonheur ! Quand la mort a passé, on n’oublie pas ! Mais la vie continue ! Mon Dieu j’ai payé d’avance ! J’ai le droit de vous dire : de mes chagrins passés, faites-en du bonheur pour mes enfants ! Éloignez d’eux les malheurs et les chagrins.


« etc. »


« Bésame mucho » ! Toujours cette chanson que tendrement tu me chantais te fait revivre en moi ! Tu voulais me faire comprendre que notre amour aurait une fin, que bientôt tu partirais pour le grand voyage, celui dont on ne revient pas. Et moi je n’en voulais voir que la minute présente, sachant bien, tout au fond de moi, que ce bonheur ne pouvait durer… Nous n’étions libres ni l’un ni l’autre.

Au moment où j’en avais tant besoin, tu as mis dans mon cœur de la joie, de la confiance et aussi de la force. J’ai pu assister à tes obsèques sans trahir ma peine !

Oui, tu m’avais préparé à ta fin prochaine dont tu parlais crânement, et courageusement tu en blaguais, me disant « tu viendras me voir de temps en temps au cimetière, lorsque j’aurai un petit jardin sur le ventre ? » Tu ne voulais pas que ta mort soit pour moi un drame, tu voulais que je continue à vivre heureuse près des enfants que je chérissais. Je ne t’ai pas oublié, et combien d’années, de nombreuses années, se sont écoulées !


Ce qui aurait pu être… et qui n’a pas été !


« etc. »


Sancerre, ce nom évocateur de mon premier amour, celui qui vous prend tout d’un coup en pleine jeunesse, l’amour de mes 18 ans : Roland Favart !

Celui que j’ai perdu par intransigeance, par orgueil de ne pas vouloir lutter pour le garder… ou le reprendre à une autre… et pourtant si j’avais voulu ! Mais l’audace me manquait pour écarter tous mes principes !

Nous étions trop fiers l’un et l’autre et n’avons pas su être simples et confiants, laissant le malentendu s’installer entre nous… Et toi tu as cru que je ne tenais guère à toi ! Et tu es parti retrouver ta famille à Sancerre… te fiançant avec une autre. Et puis je suis retourné à Sancerre en vacances, laissant croire à tous que tu n’étais pour moi qu’un camarade et que j’approuvais tes fiançailles !

J’ai crâné… Ô combien !

Tu es revenu vers moi, Roland, et moi je me voulais indifférente (j’ai même flirté avec un de tes amis, sous tes yeux), te renvoyant durement à ta fiancée !

Et puis un soir, la fiancée étant absente, nous nous promenions en bande, tu t’es approché par surprise, tu m’as prise dans tes bras et tu m’as embrassé avec douceur !

Brusquement, mon orgueil a fondu et je me suis retrouvée dans tes bras pleurant à gros sanglots dévoilant ma peine à nos amis étonnés ; comme tu as su être doux et tendre !

J’aurais pu facilement te reprendre hé merde c’est quoi… Mais il aurait fallu affronter le scandale d’une rupture d’un proche mariage, mettre dans le désespoir une fille qui n’y était pour rien… Nous nous sommes repris et, mes vacances finissant, je suis repartie à Paris !

Tout était fini et j’ai pensé reprendre, le cœur faible, mes vacances à Sancerre (chez tes tantes)… Et l’attirance l’un vers l’autre a repris ; tu es venu, sous prétexte de dire Bonjour, le soir de mon arrivée… Et tu es revenu vers moi… Comme j’allais vers toi !

Nous avons compris, trop tard, quelle bêtise avait été la nôtre… Et ça a été à nouveau la séparation !

Nous ne nous sommes pas revus ; je me suis marié avec René et, l’année d’après, j’ai reçu un triste faire-part m’apprenant ta mort accidentelle, tu avais 30 ans !

J’avais revu une amie commune, lui disant « tu vois, si je m’étais marié avec lui, je serais, à l’heure actuelle, une veuve désespérée ! »

18 mois après, René mourait dans un accident de voiture : il avait 23 ans !

La vie est longue, faite de plusieurs vies, remplie d’événements, mais toujours est resté en moi le doux souvenir des moments heureux ! On peut les faire revivre intensément, avec bonheur… Et l’âme émerveillée ne vieillit pas ! Comme je me sens l’esprit jeune !


« etc. »


Je regarde ta photo, Roland… Tu étais devenu un homme ! Et moi j’étais resté une enfant, une enfant émerveillée par l’amour qui venait vers elle mais qui ne savait pas qu’il fallait aller aussi vers lui, une enfant craintive qui aimait tes baisers et qui ne savait pas les rendre !

C’était notre malentendu, que nous avons laissé grandir l’un et l’autre : deux orgueilleux qui ne voulaient pas admettre qu’un grand amour était né !

16 ans après ta mort, j’ai revu ta maman qui a pleuré dans mes bras, qui m’a parlé de toi et qui, elle aussi, a compris trop tard… J’étais une fille si réservée et si fière !

Et je rêve parfois de toi… ce sont des rêves heureux !


« etc. »


C’est ton nom, Milou, qui, à un moment de ma vie, chantait dans mon cœur. Nous nous sommes aimés… Nous en avions le droit malgré les apparences, et mes enfants aussi tu les aimais ! Nous les avons aimés plus que nous-mêmes car, lorsque tu es devenu contagieux, nous avons cessé toute relation pour éviter tout risque pour eux… Nous n’étions plus que camarades… ne nous voyant pas souvent ! Mais quand, par la suite, tu as su que j’attendais mon troisième enfant, tu m’as avoué en avoir souffert sur le moment… ton rêve impossible, était que j’ai un enfant de toi ! Celui-là, tu l’aurais chéri quand même, comme ses aînés !

Mais hélas, bien avant sa naissance, la mort est venue pour toi… Tu le savais, que ta fin était proche et tu étais resté jusqu’au bout le soldat de la Résistance brave devant la mort ! Et tu avais mis aussi tant de courage en moi… et aussi de la résignation devant l’inéluctable… que j’ai pu cacher à tous ma peine infinie… et je me devais à cet enfant qui allait naître !

Je n’ai plus de toi que quelques lettres « officielles » comme nous disions – nos autres lettres, par prudence, nous les détruisions après les avoir lus passionnément… et j’ai tes photos… et je pense toujours à toi !

C’est ton nom Milou, mon mien pour peu de temps, qui revient dans mes rêves… Et je me souviens de la dernière chanson que tu m’as chantée : « t’avoir à moi rien qu’une nuit – souffrir demain mais t’avoir aujourd’hui » … mais tu avais remplacé « souffrir » par « mourir »… et tu me défendais d’être triste !

Merci Milou, tu as mis dans ma vie un grand instant de bonheur !


Mon premier baiser d’amour, c’est toi qui me l’a donné, Roland, par une belle matinée d’été toute ensoleillée, au milieu des vignes où nous étions allés cueillir quelques raisins. Tu m’as prise dans tes bras et tes lèvres se sont posées doucement sur les miennes et moi, troublée, heureuse mais naïve, je n’ai pas compris que l’amour était là !

Le souvenir émerveillé de cette matinée, douce comme une romance, chante encore dans mon cœur : un instant de précieux bonheur, une musique nostalgique que je n’oublie pas !

Notre dernier baiser, Roland, nous l’avons échangé dans un chemin creux qui nous ramenait vers Sancerre : un chemin pierreux, des haies bordant les vignes, un soleil couchant… Et nous avons oublié un instant la vie qui nous séparait. La chance a voulu que nous nous retrouvions, encore une fois, et l’attirance l’un vers l’autre a repris très fort… je me suis retrouvé dans tes bras, nous nous sommes embrassés passionnément… de brûlants baisers… encore un fol instant de bonheur !

Entre ces deux baisers inoubliables, le premier, le dernier, il y en a eu d’autres… des départs… des retrouvailles… de l’incompréhension aussi, hélas !… et chacun se disait « je l’oublierai » !

Pourquoi, mais pourquoi en être arrivé là ! Quel gâchis nous avons fait… nous avons compris trop tard qu’on ne joue pas avec l’amour ! Si tu avais vécu, Roland, nous serions encore allés l’un vers l’autre, malgré nous, malgré tout !

« Mais la vie sépare ceux qui s’aiment, tout doucement, sans faire de bruit… »

Ces moments d’enchantement si courts que le temps n’a pu ternir, je les ai retrouvés 20 ans après avec toi « mon mien » !

Cela a commencé par une belle matinée d’été dans la campagne assise au bord de l’eau, surveillant mes enfants qui pataugeaient je t’ai demandé de chanter, tu m’as souri de ce sourire que j’aimais tant et qui se reflétait dans tes yeux, et en me regardant tu as chanté « je t’ai donné mon cœur » !

Mais ton premier baiser, tu me l’as donné le jour de ton départ des Champs, le matin où tu es venu me dire adieu ; nous nous sommes retrouvés dans les bras l’un de l’autre, unissant nos lèvres pour un baiser qui n’en finissait pas… comme tu me serrais fort dans tes bras ; nous avons vécu un fol instant de bonheur… et tu es parti !

Nous nous sommes retrouvés à Paris où nous pouvions nous rejoindre, pour vivre ensemble de courts et intenses bonheur.

Et ton dernier baiser, Milou, je l’ai eu avec ta dernière chanson, et tu avait le pressentiment que c’était la dernière en me chantant « mourir demain… mais t’avoir aujourd’hui… » c’était un adieu pour toujours !


Roland, Milou, vous êtes mes deux romans d’amour, très courts dans une longue vie, que j’ai gardés en moi comme deux lumières que le temps passé n’a pu éteindre ; ils chantent en moi comme la musique douce et nostalgique de « Plaisir d’amour » et du « Clair de lune de Werther ».

« Dans mon cœur un rêve fait de souvenirs… »


« Si l’on pouvait au fond des cœurs descendre

Que l’on y trouverait de misère et de cendres ! »

Que dirai-je de toi, René : tu avais 18 ans quand je t’ai connu et ces 5 années où nous nous sommes aimés ont été traversées de tant d’orages, de déceptions, que les mauvais souvenirs ont submergé les bons. Tu me disais « je t’aime, je ne peux pas me passer de toi »… et tu faisais tout pour me perdre !

J’ai tout fait pour sauver notre amour et il est arrivé que je n’en pouvais plus de me battre, usée par ton incroyable insouciance… C’est là que tu es parti au Maroc pour recommencer une nouvelle vie et où je serais allé te rejoindre ; tes lettres l’espérait tellement et moi je le souhaitais ! Tu étais beau… un charmeur… mais faible devant la tentation ; on aurait dit que tu voulais profiter de la vie très vite ! Peut-être ton subconscient savait-il qu’il n’y avait pas d’avenir pour toi… pour nous… peut-être te poussait il à cueillir toutes les joies de la vie sans te soucier du lendemain, un lendemain qui s’est arrêté à tes 23 ans ! Tu ne t’es pas aperçu de l’accident… et tu es passé de la vie à la mort, très vite, une chanson aux lèvres.

Et moi qui t’aimais toujours malgré tout, je me suis retrouvé anéantie devant ce coup du destin qui mettait fin à une union qui n’était pas heureuse mais où il y avait quand même de l’amour !


Et plus tard j’ai essayé d’oublier c’est tristes années… et de revivre !

Et je me suis marié avec Albert ! Notre union aurait pu être heureuse, l’entente physique existait entre nous… pour lui c’était tout… il n’avait de tendresse que dans ces moments-là !

Mais il y avait la vie de tous les jours où se manifestait un mécontentement… chronique !

Il était resté paysan et se comportait comme tel, toujours trouvant à redire sur des riens… et ne s’adoucissant que lorsqu’il avait envie de faire l’amour ; pour lui, c’était sa seule façon d’aimer sa femme ! Mais dans une union il n’y a pas que cela… il faut aussi aimer avec le cœur, sinon le mariage n’est pas heureux !

En ai-je eu des reproches à propos de tout et de rien, à me donner des complexes ! Et j’interrogeai d’autres femmes, heureuses en ménage ; elles n’en faisaient pas plus que moi, quelquefois moins !… Leurs maris les aimaient tout simplement !

Et notre divorce ! Depuis 5 ans il fréquentait cette femme mais voulait le divorce à son profit… et il m’en voulait de ne pas avoir su avorter de ce troisième enfant… que nous avions pourtant fait ensemble !

Et comme il a bien su me pousser vers un autre, pour me guetter, avoir contre moi des preuves… que moi je n’avais pas cherché à avoir contre lui ; bêtement je me disais « on ne divorce pas… on ne cherche pas à mettre à la porte le père de ses enfants ».

Cet ami que j’avais pris (le prétexte au divorce !) … je croyais l’aimer… mais je ne l’aimais pas car je n’en garde aucun souvenir ! Et j’ai rompu aussitôt avec lui pour être sûr d’avoir mes enfants !

Mais pour en arriver là, pour avoir aussi un divorce à mon profit, pour ne pas partager mes enfants avec l’autre femme… que n’ai-je pas accepté, subi… J’ai menacé aussi… J’ai payé aussi de ma personne… mais j’ai réussi à avoir la garde de mes enfants… à les sauver d’un père pas tendre et d’une femme que je connaissais trop depuis longtemps ! Il n’aurait pas été heureux mes petits… Jamais je n’aurais accepté un partage !

Il s’est comporté lâchement vis-à-vis de moi ; il avait cette femme depuis des années mais voulait tout pour eux : le divorce à son seul profit, le logement ; et pour avoir le logement il fallait naturellement avoir la garde des enfants !

S’il m’avait dit « faisons un divorce d’accord, je veux reprendre ma liberté », j’aurais compris, accepté… et je ne lui en aurais pas voulu… Mais je ne lui pardonnerai jamais son lâche comportement… Il me tenait par cette lettre qu’il m’avait prise et me narguait parce que moi je n’avais jamais rien cherché contre lui !

Il me tenait aussi par les enfants !

J’ai dû ruser… et payer pour en arriver à ce divorce d’accord qui mettait dû !

Et ce divorce m’a délivré !

Je ne sais ce qu’il a raconté à mes enfants, grands, il mentait facilement pour se faire valoir et ne pas assumer ses responsabilités, il était trop lâche pour cela ; il a dû me charger, me donner beaucoup de tort pour se blanchir ! L’ont-ils cru ? je n’ai pas cherché à le savoir et ils ne m’auraient rien dit !

Moi je sais que mes torts étaient bien minces vis-à-vis de lui et que c’est sa conduite qui m’a poussée à chercher un peu de tendresse ailleurs !


Ces enfants, Maguy, ils ont compté plus que tout pour toi, toujours les premiers dans ton cœur, tu leur aurais tout sacrifié !

Mais ton pauvre cœur fou avait aussi besoin de la tendresse d’un homme… mais tu savais le faire taire quand il le fallait… tu savais être forte !

Maintenant c’est de la tendresse de tes fils dont tu as besoin ; Oh tu n’es pas exigeante… un petit peu de tendresse… mais de la vraie !

Maguy, pourquoi ces mauvais souvenirs que tu avais cru pouvoir rayer à jamais de ta vie sont-ils revenus ? Il y a des moments où l’on se sent si lasse que l’on se demande pourquoi : ce sont tous les chagrins, toutes les déceptions passées qui reviennent, une vie de femme qui n’a pas été heureuse, des combats à livrer au-delà de ses forces… c’est tout cela qui t’a usée Maguy.

Il faut parfois faire le point pour comprendre, on revit mieux après… et on enterre à nouveau les mauvais souvenirs, les rancœurs !

Il faut accepter de vivre en marge de tes fils, Maguy puisqu’il n’est pas admis qu’ils te donnent une tendresse particulière à toi leur maman. Mets-toi bien dans la tête, rêveuse incorrigible, que tu n’es plus qu’une « pièce rapportée » dans leur ménage !

Allons, Maguy, reprends-toi, fais taire ton pauvre cœur fou avide davantage de tendresse que d’argent… et pourtant une maman qui vieillit seule a besoin de la tendresse de ses fils !

Bizarre, il faut toujours qu’une petite crise apparaisse de temps en temps !

Maintenant, Maguy, tu seras forte, tu vas continuer à vivre « les pieds sur terre », sans désir impossible, bien sage, toujours souriante… pour que tous aient « bonne conscience »… ta vie matérielle est assurée car tu sais vivre modestement et tu peux même t’offrir des vacances qui ne doivent rien à personne ! Que désirer de plus !


Et si malgré toi, Maguy, les mauvais souvenirs refaisaient surface, tu seras forte pour les chasser… ne pas en parler à tes fils… qui ne veulent pas les connaître… tout en sachant très bien qu’ils sont la cause de ton usure, plus que l’âge !

Et puis, n’as-tu pas de courts et lumineux souvenirs !

« Puis redoublez de gentillesse

Lorsque leurs cheveux seront blancs

Pour mieux égayer leur vieillesse

Redevenez petits enfants

Entourez-les de vos tendresses

Soyez câlins, soyez aimant

Ne ménagez pas vos caresses

Ça fait tant plaisir aux mamans »

C’est le dernier refrain d’une chanson intitulée « Les mamans fermaient les guillemets » – rêverie de poètes !!


Ce joyeux dimanche de la fête des mères !

 Une belle journée d’été ensoleillée… mes 3 fils près de moi, plus Yves, un camarade de Vendée… ils m’ont dit « c’est ta fête maman, nous sommes là pour te faire plaisir… où veux-tu que nous allions ? »

J’ai choisi Montmartre… nous sommes partis en taxi… nous étions en fête !

Là devant un étalage de bijoux de fantaisie, ils ont voulu que je choisisse un souvenir ; ils n’étaient pas bien riches mes grands… et j’hésitais… Mais c’était une grande joie pour eux de me fêter ce jour-là !

J’ai choisi une broche… ils sont entrés tous les trois dans la boutique pour l’acheter et me l’ont offerte avec tant de gentillesse !

Sur la place du Tertre, l’ami Yves nous a offert des rafraîchissements puis nous sommes allés au musée de Montmartre…

Nous nous sommes promenés un peu partout, et moi j’étais fière et heureuse avec ces quatre garçons qui ne pensaient qu’à me faire plaisir !

Une journée merveilleuse !

Et quand les enfants étaient petits, avec quelle fierté ils préparaient la « fête des mères » : dessins compliments, petits cadeaux où ils mettaient tout leur cœur ; j’ai tout gardé !


« etc. »


Musique mélancolique des souvenirs qui chante en moi !

Qu’êtes-vous devenu, Pierre, vous qu’on appelait « le canadien », vous qui m’avez embrassée passionnément… et qui m’avez dit : « merci, je n’oublierai jamais la première femme que j’ai tenue dans mes bras depuis mon arrivée en France » !

Cette soirée qui nous réunissait, où nous nous sommes aimés, était irréelle comme un rêve… l’ai-je vécue, l’ai-je rêvée ! Un instant heureux… hors le temps… hors la vie de tous les jours… un très court instant de bonheur !

Et le lendemain matin, de très bonne heure, c’était le départ surprise… des ordres, arrivés la nuit, envoyaient votre Compagnie vers la Belgique… pour se faire, hélas, décimer… je l’ai appris plus tard !

Êtes-vous tombé, vous aussi, sur le champ de bataille… avec, au cœur, le souvenir de la petite Française que vous avez aimée ?

Je me souviens de ces soirées, avant le couvre-feu, où vous veniez spontanément me rendre visite dans ma maison isolée ; nous parlions de tout et de rien avec, souvent, la présence des enfants, Roland bébé sur mes genoux, ou les vôtres, et Jean-Claude, fier de « son copain canadien ».

Mais quand vous pouviez me trouver seul, vous me disiez que mes yeux Bleus vous attiraient, que vous m’aimiez… et moi, touchée mais voulant être raisonnable, je suggérais « il y a des jeunes filles au village, parmi les réfugiés, vous leur plaisez beaucoup… pourquoi n’allez-vous pas vers elle ? »… et vous me répondiez « c’est vous qui m’attirez, c’est avec vous que je me plais ».

Vous deviez écrire… mais aucune nouvelle n’est arrivée au village ! Était-ce le « jamais plus » de la mort ?

Dites, qu’êtes-vous devenus, Pierre, mon beau Canadien, vous, mon roman inachevé ?

Plus on vieillit, plus les souvenirs lointains nous apparaissent… les souvenirs de ceux qui ne sont plus… ou qui ont passé dans notre vie, une fois…


Souvenir de mes bonheurs perdus… j’ai souffert autrefois de vous perdre… le temps a fait son œuvre d’apaisement laissant en moi les joies, effaçant les peines, et je vous évoque avec sérénité, avec tendresse.

Pour le cœur les années ne comptent pas… c’était hier… vous êtes toujours vivants… votre jeunesse me sauve de la vieillesse.

Je puis maintenant vous dire : venez, venez vers moi, aidez-moi à supporter la charge des ans, à revivre après les moments de dépression !

Merveilleux souvenirs… j’ai aimé… j’ai été aimée… j’ai vécu de courts et intenses bonheurs !


Que je les ai aimés mes fils dans leurs jeunes années… années d’enfance… d’adolescence… où ils m’aimaient de tout leur cœur d’enfant.

J’étais pauvre… leur amour a été ma richesse !

J’étais une maman passionnée… mais non possessive… avec intensité j’ai vécu les joies de la maternité malgré une existence difficile. J’ai fait ce que j’ai pu pour eux… mais avec des moyens si limités, tant physiquement que matériellement. Pour eux j’ai lutté pour ne pas sombrer dans la fatigue… la dépression… ils étaient ma force morale.

Je les aime toujours autant mes grands… mais j’ai compris que la page de leur enfance, de leur adolescence, de leur vie avec moi, était tournée à jamais !

Je les aime maintenant avec plus de détachement, avec la compréhension que ce sont des hommes qui ont fondé un foyer auquel ils se doivent d’abord… et que leur maman, c’est le passé dans le présent !

Je n’ai jamais été jalouse de mes belles-filles ! Mais elles !?

Gilberte l’a été au début du mariage, acceptant difficilement l’attachement de Jean-Claude pour sa maman, mais la pauvre Gigi a grandi sans mère, marquée par une enfance d’orpheline… depuis elle a compris… Et surtout compris que je n’aurais jamais cherché à profiter d’eux !

Mireille est trop famille, trop attachée à sa maman pour ne pas comprendre l’amour filial.

Claudine, elle, c’est un cas… une petite égoïste qui ramène tout à elle ! Jalouse des gentillesses, des pensées que Roland pourrait avoir pour moi… sans lui en demander la permission !

Elle n’admet pas que j’aime mes fils d’abord ! C’est pourtant ça, l’amour maternel qui fait que l’on aime, par-dessus tout, les enfants de sa chair !

Je la croyais intelligente cette petite… non, elle n’a pas l’intelligence de la vie !

L’amour filial et l’amour conjugal peuvent très bien marcher sur des voies parallèles sans se nuire… je l’ai prouvé que je n’étais pas une maman possessive ! Elle arrivera peut-être à détacher Roland de moi, mais je puis lui dire (comme je l’avais dit en un temps à Gigi) « personne n’arrivera à enlever de mon cœur l’amour que j’ai pour mes fils… pas même eux ! »


Je les aime beaucoup mes petits-enfants ; ne sont-ils pas à la continuation de mes fils !

Mais je ne veux pas être une mamie passionnée mais lucide ; ils ne sont pas à moi, ils sont d’abord, et c’est normal, à leurs parents. Pour eux je suis à côté de leur vie, une mamie qu’ils aiment bien, mais un peu lointaine puisqu’ils ne me voient pas souvent. La vie m’a appris à aimer les êtres chers avec autant de force, absents comme présents ; les sentiments ne changent pas… mais on n’a pas la joie de la présence. Vous êtes beau mes petits, vivez pleinement votre vie d’enfants, soyez heureux près de vos parents qui vous protègent et vous aiment… vous êtes l’avenir !

Que la vie vous donne à tous… les parents, les enfants… santé et réussite… c’est mon souhait le plus cher !

Que je vous sente heureux… et je suis heureuse !


« S’établir dans la vérité de la vie »

« La vie ne s’apprend pas, elle se subit » !

« Il faut tendre la voile selon le vent »

« La vie ressemble à un confinement nous ne pouvons pas comprendre, dans notre état actuel, à quel point notre corps est pour nous une prison. La mort procure une telle délivrance c’est comme si on s’évadait ; je ne trouve pas de meilleure comparaison. »

J’ai eu cette sensation à l’hôpital après mon opération : plusieurs nuits de suite je me suis sentie dédoublée, flottant hors de mon corps que je voyais sur le lit, immobile, sans souffrance.

Je me sentais transparente et je ressentais un bien-être infini, j’étais heureuse au-delà de tout !

Et puis j’ai eu ce commandement de retourner dans mon corps, ce que j’acceptai de mauvaise grâce !

Et avec mon corps retrouvé, j’ai senti à nouveau la souffrance. Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir rêvé, mais que cette sensation avait existé réellement. Je rêve assez chaque nuit pour pouvoir comparer. J’avais 72 ans.

26 août 1973 : un an de plus… c’est tout ! (69 ans)

Pour moi, les dates n’ont jamais beaucoup compté ; il y a la vie qui continue, qui se déroule normalement avec ses joies, ses peines, ses changements…

Il fut un moment où l’on n’existait pas… il en sera un autre où l’on n’existera plus ; elle est vieille comme l’humanité cette formule !

Comment n’envisagerais-je pas ma fin avec philosophie ! Je la connais la mort… elle a passé trop de fois dans ma vie… Parfois si douloureusement ! Sans discernement elle a fauché des vies jeunes ou des vies finissantes… un destin sans appel qui ne répond pas à nos angoissants « pourquoi » !

Et pourtant, je le sens, si notre corps disparaît, il reste quelque chose de nous près des vivants, quelque chose d’invisible comme l’air que certains appellent l’âme… l’esprit… et que moi je nomme le fluide, ce magnétisme que tout être vivant émane ; ce rayonnement, pourquoi ne resterait-il pas sur la terre quand le corps n’a plus de vie !

Maintenant, plus que jamais, je sens ceux que j’ai aimé, qui m’ont aimé et qui ont quitté notre vie, présents près de moi.

Ce n’est pas un rêve chimérique… ces disparus font partie de ma jeunesse et me gardent celle du cœur et de l’esprit ; ils me disent « ne te laisse pas mal vieillir, Maguy ; reste un peu celle que nous avons connue, aimée… Que notre pensée te soutienne » !


« Ceux qu’on aime toujours, on ne les perd jamais »

« Rien n’est tout à fait mort, ni tout à fait vivant »

« Il faut vivre sa vie et non celle d’autrui »

« La mémoire est toujours aux ordres du cœur »


« Tes dons d’écrivain » me disait René qui, au régiment, réclamait « une lettre chaque jour » !

« Tes dons d’écrivain » me disait Milou qui me demandait des lettres « officielles » pour le distraire pendant son séjour dans les hôpitaux… et d’autres plus tendres !

J’écrivais avec facilité des lettres dont le style avait le don de charmer ceux qui les recevaient ; on me l’a dit tant de fois !

N’est-ce pas René, toi qui, avec fierté, faisait parfois lire mes lettres à tes camarades qui t’enviaient et, l’un d’eux n’a pas résisté au désir de m’écrire « pour avoir une réponse » !

Et toi, mon mien, tu as été « sous le charme » de la première lettre reçue à laquelle tu as répondu par une missive si tendre, si spirituelle… En avons-nous échangé de ces lettres charmantes qui nous ravissaient l’un et l’autre… et dont il ne reste plus rien… qu’un doux souvenir dans mon cœur !


Toi, Roland, j’ai su que tu avais conservé les lettres que je t’avais écrites pendant ton régiment ; j’avais 16 ans, 17 ans, mais l’enfant que j’étais restée ne voulait voir qu’une camaraderie un peu tendre, là où était l’amour !

Cette retenue qui était en moi et qui te décontenançait, a bien été la cause première de nos malentendus… timidité devant la vie… manque de confiance en moi… crainte de laisser deviner mes sentiments… tu t’es lassé, tu as cru que je ne tenais pas à toi… comme moi je croyais n’être pour toi qu’un simple flirt… et tu as fait ta vie ailleurs ! Et quand il était « trop tard » nous avons compris que l’attirance l’un vers l’autre ne cesserait pas… que c’était l’amour !

Mes lettres, tu n’as pas voulu les détruire en te mariant et tu les as confiées à ta maman qui m’en a parlé plus tard en évoquant pour moi son fils disparu !


Albert aussi me réclamait des lettres « une chaque jour » à la guerre ; il me disait qu’elles lui remontaient le moral et me demandait pardon « pour son mauvais caractère », me disant « qu’il saurait m’aimer et me rendre heureuse à son retour… hélas, « changez le naturel… »


J’ai aussi écrit des lettres d’amour « à celui qui a été le prétexte au divorce » ; j’ai voulu croire que je l’aimais, avoir encore l’illusion d’un peu de bonheur, mettre un peu de rêve dans ma vie de femme qui croyait que sa jeunesse finissait… j’ai voulu me leurrer… ah pauvre cœur fou… !

Je ne regrette pas, cela m’a forcé à accepter un divorce qui m’a délivrée !


Et toi, Tiennot, tu n’as pas eu à te réjouir de la seule lettre que je t’ai envoyée ; tu as dû la froisser avec colère en pensant « elle n’a rien compris… »

Elle répondait à un joli poème que tu avais fait pour moi, qui parlait d’amour, qui chantait les yeux Bleus… « ces yeux bleus si durs qui ne voulaient pas comprendre… »

Assurément je n’ai pas compris, je t’ai répondu une lettre bien banale où je te complimentais sur ton don de poésie !

… 20 ans nous séparaient… tu avais beau paraître plus âgé que tes 18 ans (tu étais un beau et grand garçon) … et moi plus jeune que mes 38 ans… Trop modeste je ne pouvais penser un instant que tu étais attiré par moi !

Charmant Tiennot, pendant ton séjour au Champs, tu as mis de la fantaisie dans ma vie, de la gentillesse ; tu venais tous les jours me voir dans ma petite maison, t’ingéniant à me rendre service… sciant du bois, allant chercher de l’eau.

Je t’aimais bien mais te peinais parfois en te traitant en gosse ; non, tu n’étais plus un enfant, tu paraissais facilement 20 à 22 ans… et tu avais un flirt dans le pays, une fille de ton âge, que je connaissais ; je voulais que tu me l’amènes… tu te fâchais, me disant que tu ne voulais pas la voir entre nous, « que tu aimais mieux passer un quart d’heure avec moi, qu’une heure avec elle » !

Un jour que je te taquinais, pour me tenter, tu m’as dit « vous ne pouvez pas savoir comme j’embrasse bien », alors j’ai tendu ma joue et j’ai dit « embrasse-moi ». Il m’a fait remarquer « c’est meilleur sur la bouche »… alors là, je l’avoue, je n’ai pas voulu comprendre !


Et vous, Jean Prat, avec lequel j’ai un peu flirté lors de votre passage à Paris (sans aller bien loin) et qui m’avez écrit, par la suite, une jolie lettre si pleine d’amour… que j’en ai été quelque peu effrayée ! J’avais de l’amitié pour vous mais je ne vous aimais pas… et vous aviez une femme si sympathique ! Je vous ai répondu une lettre gentiment raisonnable, sans vouloir vous faire de peine, mais vous disant d’oublier « votre joli rêve parisien » qui ne pouvait durer !

J’ai reçu de vous une lettre bien triste où vous me disiez « être tombé de bien haut en lisant ma lettre » … mais fièrement vous acceptiez ma décision !


« Une chère écriture est un portrait vivant »

« Des mots qu’on a tracés avec des doigts fiévreux

Des mots où l’on a mis des bribes de son être

Et qui garde encore des reflets de nos yeux »

« Et les regards longtemps caressent une page

Où l’âme est accourue au rendez-vous des yeux »

« J’ai perdu la mémoire mais j’ai gardé mes souvenirs »


Tant de lettres envoyées, reçues… dont il ne reste presque rien ! Je regrette maintenant leur destruction.

J’ai déchiré les lettres de Roland, avec rage, sans comprendre que j’étais l’artisan de notre désaccord.

J’ai brûlé ma correspondance avec René… pour rayer, oublier le passé.

Une trop grande prudence m’a fait détruire les chères lettres de Milou qui signaient « ton tien » … et qui m’ont fait croire à nouveau à l’amour.

Et j’ai détruit aussi le joli poème de Tiennot « dédié aux yeux bleus » !

Avec attendrissement je pense à vous tous, disparus de ma vie, ni tout à fait mort, ni tout à fait vivant » !


« etc. »

« La chaleur qui se dégage des souvenirs de jeunesse…

C’est à cette flamme que les cœurs fatigués se réchauffent ! »

« Etc. »

Cela on le comprend lorsque l’on a vécu un grand nombre d’années, lorsque la sagesse sereine est venue !

« etc. »

J’aime écrire… rassembler des mots… des phrases, qui rendent plus tangibles mes pensées… mes rêves, mes souvenirs… en un style vivant que je me plais à relire !

« Écris un roman » me suggérait René… qui ne doutait de rien. Je comprends la joie de l’écrivain qui, peu à peu, concrétise ses pensées et ses rêveries : « Et les regards longtemps caressant une page, où l’âme est accourue au rendez-vous des yeux ».

J’ai perdu, avec l’âge et la maladie, une partie de ma vivacité d’esprit, de mon originalité : « mon cerveau fait de la chaise longue » … mais quand même je prends plaisir à noter dans ce « pêle-mêle » des souvenirs, des réflexions sur la vie… et aussi des vers, des pensées, glanés par-ci par-là, que je note entre guillemets… tout cela sans ordre, selon ma fantaisie, ma rêverie du moment.


« etc. »

Laisse-moi écouter mes souvenirs

De ma vieillesse ils en sont l’enchantement.

Laisse-moi me rappeler à loisir

Ce qui fut autrefois mon tourment.

Il me garde une jeunesse qui n’est plus

Et qui reste en moi malgré les ans

Cette jeunesse ou le destin s’est plu

À souffler sur mes joies du moment.

« etc. »


J’ai retrouvé ma liberté d’esprit ; les soucis de ma vie d’adulte ne se sont effacés et j’ai acquis assez de sagesse pour ne pas m’en créer d’autres, inutilement.

J’ai pris mon parti d’un nouvel état de choses, après quelques soubresauts pour m’adapter : mes enfants et mes petits-enfants m’aiment bien, et je les aime de tout mon cœur… mais ils n’ont pas besoin de mon affection… ils ont leur vie propre à réussir, leurs soucis et leurs espérances… et vont vers l’avenir.

Avec l’âge, je suis devenue « une autre », avec une personnalité nouvelle qui, ayant d’abord vécu pour les autres, doit maintenant vivre pour elle, en trouvant en elle la joie de vivre !


« etc. »


Tout en gardant le contact de la vie présente, je vis aussi dans le cercle enchanté de mes rêves, de mes souvenirs… de la musique… des chansons jolies de ma jeunesse si bien interprétées par mon chanteur préféré dont j’aime la voix… l’image… sans aller plus loin… mon bon sens me l’interdit !

Mais j’ai fredonné une fois, avec humour, « que ne t’ai-je connu au temps de ma jeunesse » … en recevant une jolie photo de lui ! J’aime surtout sa voix, chaude et tendre… que l’on croit « y être » … et qui fait revivre, avec la mélodie, le charme des bonheurs perdus… et toujours présents.

Frank Michael ? Frédéric François ?


« etc. »

Amour, toi qui fus mon émerveillement et mon tourment, tu es maintenant mon doux souvenir.

Alors on rêve… on se souvient… et c’est beaucoup !

« etc. »


Les souvenirs n’ont pas d’âge !

On écrit ses souvenirs pour se retrouver et revivre les moments heureux de son existence, ou parfois tristes !

Mais refuser les mauvais souvenirs, ceux qui nous viennent des autres… et aussi de nous-même ; on n’est pas fier de certaines bêtises, de certains comportements… mais on n’y peut plus rien – alors rejetons les dans l’oubli ; que notre présent soit serein !

« Les raisonnables auront duré, les passionnés auront vécu »

Souvenir de ce qui a été… et qui n’est plus !

« etc. »

« Il m’a aimé tel que j’étais, avec mes gaucheries, mes silences intimidés, ma retenue peut-être excessive ; ses baisers me le faisaient comprendre… pourquoi si longtemps ai-je douté de moi ! »

Cette timidité refoulée depuis l’enfance, qui refaisait surface, des airs agressifs faussant ma personnalité réelle… Il est bien tard maintenant pour dire « je n’ai plus de complexes »… complexes perdus au fil de la vie, heureusement !

« Cette peine qu’on ne veut pas dire, par reconnaître ! »

« etc. »

Juin 1974 – Sancerre (70 ans)

Le passé renaît dans l’esprit et le cœur de celui qui revient sur les lieux de sa jeunesse ; on y retrouve les paysages et les êtres, témoins émouvants de ce qui a été, de nos amours, de nos joies et de nos peines ; il revient, envoûtant, presque réel, se fondre dans le présent.


(etc.)


« Les meilleurs paradis sont les paradis perdus »


« J’ai de ton souvenir plein les yeux, plein le cœur »

Le temps est aboli… c’était hier… Rêve Guitto (c’est ainsi qu’il m’appelait) … Revis tes souvenirs… exaltants ou décevants… et la vieillesse n’est plus !

50 ans après, je suis venue au rendez-vous de l’été, au rendez-vous des souvenirs. Comme c’est loin, et pourtant si proche !

C’est comme si tu étais près de moi, avec ton regard intense qui me fascinait, qui me donnait l’illusion d’être la seule qui existât pour toi.

Je te revois jeune et beau… tu n’as pas vieilli… la mort t’a pris en pleine jeunesse ! Et moi je n’ai plus mon âge, c’est avec la jeunesse de mon cœur, de mon esprit, que j’évoque nos amours, le temps où tu étais !

Me voici à Sancerre, Roland, là où je t’ai connu, où est né dans mon cœur un amour si fort qu’il est resté en moi pour toujours – oh cette partie de ma jeunesse où tu étais présent, je la revis intensément ; dans ma mémoire je revois si nettement ton visage, ton allure… le temps passé n’existe plus… tu es revenu vers moi… comme la nuit tu venais dans mes rêves… et c’est toi qui m’a donné cette envie irrésistible de revenir ici !… pour te retrouver !

Je suis dans cette maison où je te vis pour la première fois… tu avais 20 ans… moi 16… le coup de foudre ! Je suis fascinée par tes yeux clairs dans ton visage halé… et tu t’appelais Roland, un prénom fait pour toi !

J’étais sous le charme, mais la naïve enfant que j’étais encore n’avait pas compris que c’était l’amour, même après l’émoi du premier baiser.

Tu étais en permission, tu es retourné au régiment et moi à Paris ; nous correspondions en camarades, sans oser des mots d’amour.

J’avais 17 ans quand je te revis à paris ; tu es venu avec Jeanne dans notre « glacier », faubourg Saint-Antoine où, devant les autres, je t’accueillis timidement, te tendant la main, n’osant pas t’embrasser.

C’était un soir et je pus vous reconduire un bout de chemin chez vos cousins du boulevard Voltaire ; dans ces rues presque désertes, nous avons osé, tu me pris par les épaules pour m’embrasser tendrement.

Un peu plus tard tu pris une chambre et du travail à Paris et tu venais me voir certains soirs ou le dimanche dans notre « glacier » où, toujours réservée devant les autres, je t’accueillais en camarade ; j’avais la permission de te reconduire au métro… nous ne pouvions nous quitter ; tes baisers me bouleversaient… mais je ne savais pas les rendre, ni te montrer combien je t’aimais.

Je me rends compte qu’à 18 ans j’étais restée une enfant ayant la pudeur de ses sentiments, une enfant qui ne s’inquiétait pas de la façon dont tu pouvais vivre, une enfant qui ne savait pas que tu étais un homme à qui un amour platonique ne suffisait pas.

Ma pureté t’attirait, c’est cela que tu aimais en moi… mais tu aurais voulu m’amener à une plus grande compréhension de l’amour… ma réserve de déconcertait et, malgré mon amour pour toi, j’étais restée une adolescente qui avait peur de vivre et d’aimer !

Et tu t’es lassé de cette situation qui suffisait à ta romantique petite amie !

Je suis restée un certain temps sans te voir et un jour je reçus une lettre de toi ; tu étais malade, à l’hôpital, tu m’appelais… j’accourus vers toi, t’apportant des violettes et des cigarettes.

Hé là aussi, je n’ai su te retenir ; n’ayant aucun sens des réalités je ne me posais pas de questions sur les ennuis que tu pouvais avoir.

Guéri, pour ta convalescence, tu partis à Sancerre et tu y es resté, en plein désarroi, je l’ai su plus tard ; et tu t’es laissé fiancer ; une fille qui, elle, ayant le sens des réalités, a su te prendre ; mariage non réussi, conclu absurdement, m’a t-on dit !

Comment aurais-je pu te garder ; j’étais loin de toi, une fille qui t’aimait de tout son être mais trop fière pour s’imposer, trop timide pour dissiper l’incompréhension qui s’était établie entre nous, et qui ne savait pas qu’un amour se défend et se conquiert !

Drôle de fille trop sensible, manquant de hardiesse, ayant tellement la pudeur de ses sentiments qu’elle ne les laissait deviner à personne… pas même à toi ! Comment n’aurais-tu pas cru que je ne voyais entre nous qu’une camaraderie un peu tendre !

Quand Hélène m’apprit tes fiançailles, j’accueillis la nouvelle avec désinvolture, assurant que tu n’étais pour moi qu’un camarade. Elle s’y est laissé prendre et tes cousin du boulevard Voltaire aussi et je m’enfermais dans ma fierté, je ne voulais pas être une fille qui pleure un amour perdu.

À mes vacances, j’avais 19 ans, je t’ai retrouvé à Sancerre ; je t’aimais toujours mais je jouais l’indifférence… tu étais fiancé avec une autre ! Pourtant toi tu es revenu vers moi, mais de toute ma fierté blessée je te renvoyais à ta fiancée… et pour te faire croire que je ne t’aimais plus, je flirtais sous tes yeux avec Tony.

Mais un soir où nous nous promenions en bande, tu réussis à m’isoler, à me prendre dans tes bras et à m’embrasser passionnément… ma belle assurance a craqué brusquement et c’est une fille pleurant à gros sanglots que tu tins dans les bras… au grand étonnement des amis !

Nous n’étions pas assez audacieux pour braver le scandale, tu étais fiancé… et peut-être avons-nous pensé que nous oublierions bien vite ce renouveau de passion !

Je retournai à Paris, bien décidée à me guérir de cet amour et, l’année d’après (tu étais marié), le cœur serein je revins en vacances à Sancerre.

Tu as appris ma venue, et le soir même, tu viens me retrouver chez Guitte ; je t’apparus les cheveux épars sur les épaules, ces beaux cheveux que tu admirais… et l’attirance l’un vers l’autre a repris très fort… nous nous sommes embrassés passionnément et tu revins me voir chaque fois que tu le pouvais…

Mais c’est ce dernier jour où nous nous sommes retrouvés, dans ce chemin qui nous ramenait vers Sancerre, que nous avons vraiment compris que nous avions mésestimé l’amour qui était en nous et que nous avions joué avec nos cœurs !

J’avais 20 ans, toi 24… c’était notre dernière rencontre et nous ne le savions pas encore. J’habitais Paris, toi Sancerre… la destinée nous séparait et la mort t’a pris 6 ans après !

Je suis retournée, avec émotion, dans ce joli petit chemin qui, par miracle, n’a pas changé, et j’y ai retrouvé l’enchantement des souvenirs ; je me suis arrêté près du buisson ou tu m’as prise dans tes bras, où nous avons échangé de si ardents baisers que nos bouches ne pouvaient plus se quitter ; j’ai vécu là des instants d’une telle intensité qu’ils sont restés en moi pour toujours ; nous avons oublié tout ce qui nous séparaient et, comme en un rêve, enlacés, nous embrassant sans cesse, nous sommes remontés vers la Porte César où il fallut nous séparer en nous promettant « à demain »… mais par suite de certains événements il n’y a pas eu de « demain  »… la vie réelle avait repris ses droits… le rêve était effacé !

D’autres amours, que je n’ai pas oubliés, ont traversé ma vie, mais c’est l’amour de mes 16 ans, de mes 20 ans qui, ici, revit en moi profondément, c’est toi, Roland, que je revois dans ta jeunesse, dans notre jeunesse.

Nous n’avons jamais été amants, mais tes baisers m’ont fait tienne pour toujours.

C’est ce Roland qui reste dans mon souvenir, celui que j’aimais et qui m’a aimée… un amour que nous avons perdu par notre faute et nous l’avons compris trop tard ! Tu étais devenu un homme quand moi je m’attardais dans une adolescence romantique… et notre orgueil n’arrangeait rien, chacun se refusant à céder devant l’autre !


Avec vous mes amis, le passé et le présent se sont rejoints ; nous avons fait revivre ce Roland charmeur et léger qui savait si bien se faire aimer de tous ; nous avons parlé à cœur ouvert de tant de choses que vous connaissiez mal… et d’autres que j’ignorais !

Vous avez regretté ce malentendu entre Roland, votre neveu, et moi ! Celle qui me l’a pris (de 6 ans plus âgée que moi) ne serait pas devenue cette nièce que vous n’aimez pas, qui voulait détourner Roland de sa famille et qui, devenue bien vieille d’apparence, me garde encore rancune d’avoir été aimée par lui !

Et j’ai fait connaissance de Régine, la fille de Roland à qui elle ressemble si fort ; malgré sa mère, une sympathie spontanée est née entre nous. Régine, je retrouve en vous cette passion du bonheur, de l’amour, qui était en moi. Vous pourriez être ma fille !


Et mon séjour à Sancerre touche à sa fin ; il a été unique… J’ai oublié mon âge dans cette évasion de tout mon être vers le passé, qui a redonné vie à un être cher… invisible et toujours présent ! un rêve merveilleux que je ne revivrai jamais avec la même intensité… les miracles n’ont lieu qu’une fois !

Et je suis allée sur la tombe de Roland où j’ai dit « adieu » à mon rêve ; je l’ai fleuri d’un joli bouquet de violettes et de petites marguerites… j’espère qu’il y restera jusqu’à Toussaint !

Et pourtant je n’étais pas triste… ce n’est pas le cimetière, ce n’est pas à la mort… c’est le souvenir vivant en moi de notre jeunesse !

26 août 1974 : 70 ans… à l’état civil ! et après ! ! !

Et vous mes amies, plus âgées que moi de 9 et 11 ans, j’ai apporté une bouffée de jeunesse dans votre présent, vous faisant parler d’un passé que vous disiez lointain… et devenu très proche par la magie des souvenirs évoqués !

La chanson de l’été, même quand elle est finie on ne l’oublie pas ! Je me suis promenée au soleil qui m’a donné chaleur et santé, dans une campagne verdoyante, dans des chemins où le passé ressuscitait, où il était mon compagnon invisible et toujours présent.

Je le sais, c’était un rêve, un beau rêve que j’ai voulu vivre, un retour dans ma jeunesse qui m’aide dans le présent à supporter sereinement une vieillesse qui vient… et que je refuse encore.


Ma destinée était de vivre des amours sans durée… avec toi Roland, avec toi René… disparus en pleine jeunesse, tous deux victimes d’accidents… Plus tard avec toi Milou dont l’amour a embelli ma vie, m’a rendu ma jeunesse ; la maladie, la mort t’ont pris à 38 ans, j’en avais 42.


Et de ses amours, au soir de ma vie, il ne me reste que l’enchantement d’avoir aimé, d’avoir été aimée ; de très courts instants de bonheur qui sont restés en moi parce que je les ai vécus passionnément.


« Pensez santé… et vous ne serez plus malade ».

« etc. »

Se révolter contre la maladie, ne pas l’accepter, mettre tout en œuvre pour s’en sortir… j’ai réussi.

« etc. »

Ce qui est émouvant dans une chanson, c’est qu’elle nous permet de faire revivre des faits, des souvenirs que l’on croyait oubliés mais toujours présents en nous-mêmes !

« etc. »

Sancerre : juin 1975 – Souvenirs

Au rendez-vous du souvenir, de l’été,

Deux êtres séparés se sont retrouvés

Près d’un Buisson fleuri dans ce chemin

Pour y vivre un bonheur sans lendemain.

Il l’a prise dans ses bras pour un long baiser ;

Serrés l’un contre l’autre ils ont tout oublié

Et heureux, se sont aimés passionnément.

Ce bonheur ne dura que l’espace d’un instant,

Instant inoubliable valant éternité

Vécu intensément et jamais oublié !


On ne perd jamais ceux qu’on aime

Malgré la mort tu es toujours vivant

Et tu restes le Roland de mes 20 ans

Pour toi mon amour est le même


« La tombe recèle un mystère que nul ne peut expliquer. »


À toi mon amie Marguerite :

Ma merveilleuse amie, toi qui arrives

Allègre au seuil de tes quatre-vingts ans,

Reste avec nous longtemps sur cette rive.

Gaîment évoque le souvenir des ans

Uniques où tu vivais un grand amour

En pensant qu’il durerait toujours.

Revis de ta jeunesse les belles heures

Il n’y faut trouver que le bonheur.

Tu as souffert mais tu as vécu

Enivrée d’un amour qui n’est plus.

26 août 1975 – un an de plus, ça n’y paraît pas !

Mon séjour s’achève bientôt… J’ai tellement senti ta présence près de moi, Roland, toi que j’ai tiré du tombeau en évoquant de chers souvenirs, toi qui as gardé ta jeunesse et m’a rendu mes 20 ans.

Je t’évoque chez Jeanne, dans cette salle à manger qui fut une chambre, la mienne, où tu m’y suivie certains soirs. J’ai retrouvé la cheminée où je m’appuyais en te suppliant de partir… comment ai-je pu résister à ton désir, toi qui me disais « je suis fou de toi ! »

J’étais une fille de 18 ans qui t’aimait, mais qui craignait les réalités de la vie. J’acceptais tes baisers (ah comme je les aimais !) mais aller au-delà me semblait être un acte si grave… et je ne savais pas m’expliquer sur cet amour que j’avais pour toi… tu m’intimidais ! Et toi, frappé dans ton orgueil par mon refus, tu n’as pas su me mettre en confiance ; tu voulais que j’aille à toi sans condition et mon orgueil à moi s’y refusait. Deux caractères qui préféraient perdre un amour plutôt que de céder ; comme nous l’avons regretté plus tard… trop tard !

Et je te revois aussi un soir, sur la place devant la maison, m’appelant pour faire une promenade nocturne loin des autres. Que de baisers échangés, mais toujours de ma part le refus d’être à toi.

Tu étais trop fier pour me supplier longtemps, et peu à peu l’incompréhension s’est glissée entre nous, incompréhension qui s’est aggravée à Paris.

Fous que nous étions de n’avoir pas compris que notre amour était fort ! Il était grand temps de nous en apercevoir quand je t’ai retrouvé marié avec une autre, cette autre qui ne craignait pas la réalité et s’était trouvée là pour te satisfaire.

On m’a dit que tu t’étais marié presque sans amour, sur un coup de tête.

Ma revanche a été que tu n’as pas trouvé le bonheur dans ce mariage… et que tu es revenu vers moi lors de mon retour à Sancerre… J’avais 20 ans et j’étais devenu adulte ; notre dernière rencontre dans ce chemin m’avait enfin révélée à moi-même ; nous ressentions si fort cette attirance l’un vers l’autre, ce bonheur d’être ensemble ! Nos baisers étaient fous et le désir naissait… instant merveilleux, hors le temps, hors la vie réelle, vécu passionnément…


« Sortilège Roland »

J’ai à nouveau entendu la chanson de l’été, vécu merveilleusement avec le souvenir d’un amour jamais oublié.

Oui les morts reviennent vers les vivants : ce désir aigu de revenir à Sancerre, de renouer avec des amies après un très long silence, de revivre dans cette maison où je t’ai connu, ne pouvait qu’être inspiré par toi, Roland.

Pourtant entre ce passé et ce présent qui ne font plus qu’un, j’ai vécu toute une vie remplie d’événements, j’ai aimé, j’ai pleuré la mort de René, je me suis remarié et mis au monde trois enfants que j’ai adorés ; mon dernier amour a été Milou et sa mort m’a rempli de tristesse ; j’ai divorcé… travaillé pour vivre et faire vivre ces enfants qui accaparaient mon cœur.

Oui j’ai vécu et le passé était bien enfoui au front de moi-même ; je n’ai pas ressenti ta présence lorsqu’un an après ta mort je suis allé sur ta tombe, ni 15 ans après en parlant de toi avec ta maman… simplement j’étais très émue !

L’année dernière en venant ici après une si longue absence, je t’ai tellement retrouvé… comme si tu étais vivant, et cette année je te retrouve avec la même sensation de vivre avec un être invisible et présent.

Toute une vie a passé et tu m’as fait revenir ici pour revivre notre jeunesse, vivre un nouvel amour.

Je vis physiquement d’une manière très concrète, mais ma vie serait bien insipide sans le rêve, la musique, les chansons qui me charment. Ainsi la solitude ne m’effraie pas ; j’ai une vie intérieure exaltante et elle agit sur mon physique, me fait garder une persistante jeunesse dans le regard qui étonne les gens.

Ma raison me dit que c’est de l’imagination, mais en dehors de la raison il y a le mystère de la mort jamais élucidé, il y a que je sens près de moi les disparus qui m’ont aimé. Je suis un peu médium par ce que je ressens – pourquoi dans mon enfance ai-je vu cette grand-mère qui m’appelait de son lit de mort, en Suisse, moi étant à Paris et ne la connaissant pas !

Pour les esprits concrets ce n’est qu’un rêve né de moi-même !

«  Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde »… hé ce point d’appui je l’ai trouvé… Ah ne détruisez jamais mon rêve, il m’aide à vivre, me garde la jeunesse du cœur et de l’esprit, m’empêche de mal vieillir !


Il arrive un moment dans l’existence où l’on doit exister pour soi-même… pour ne pas sombrer dans la mélancolie !


« etc. »

« Les morts vivent tant qu’il y a des vivants pour penser à eux »

« etc. »

Mon extrême sensibilité s’est bien amenuisée ! Peut-être est-ce l’effet de l’âge ! ou bien, à force d’en « avoir vu » de toutes sortes, souffrances physiques, morales, ai-je fini d’être sensibilisée aux petites choses !


Souvenirs tendres

Je pense à toi, disparu de ma vie, me laissant le souvenir émerveillé… d’un soir… d’un jour… où tu m’as donné l’illusion d’une jeunesse retrouvée.

Ce soir-là où tu étais venu dîner, j’étais attrayante dans une jolie robe, avec mes cheveux blonds et mes yeux bleus ; tu m’as prise gentiment dans tes bras, me serrant contre toi ; je mis naturellement ma tête sur ton épaule et nous nous sommes regardés avec tendresse. Tout le long de la soirée, tu eus mille attentions gentilles, tes yeux cherchant mes yeux, et en moi revivait une fugitive jeunesse, un beau garçon me faisait comprendre délicatement que je lui plaisais.

Et ce jour-là… où tu me fis la surprise de venir me retrouver à S… avec H…, tu m’as reprise dans tes bras en me regardant tendrement ; attirés l’un vers l’autre, un charme subtil nous enveloppait !

Puis tu nous pris chacune par la taille et nous sommes allés gaiement dîner au restaurant.

Le lendemain vous êtes venus me chercher pour faire une virée dans le pays, puis nous sommes allés déjeuner sur l’eau et toujours, de ta part, les mêmes attentions tendres, ta main frôlant mon épaule, semblant me dire «  je suis heureux d’être avec toi ! »

Une dernière étreinte, un dernier baiser, et vous êtes retournés à Paris.

Toi, tu étais bien plus jeune que moi et tu me traitais en jeune femme.

Un soir… un jour… pas comme les autres, que j’ai vécu intensément dans ce rêve fugitif de jeunesse dont tu me fis l’offrande. Nos destins se sont séparés, c’est préférable, je préfère que tu ne me vois pas vieillir !

Et maintenant, de Sancerre, je reçois des lettres charmantes qui me parlent d’amour, de baisers, de tendresse, lettres qui m’ont un peu surprise mais qui me charment. On peut encore m’aimer d’amour à mon âge ! « Le cœur cherche sans cesse l’écho de sa jeunesse » …

Non le cœur ne vieillit pas et rêve, et ce rêve, mon ami je l’ai mis dans ta vie monotone qui s’en trouve illuminée ; c’est le plus beau cadeau que je puisse te faire.

Tu as gardé dans ta mémoire le souvenir d’une Marguerite pleine d’entrain à l’allure jeune, tu m’as écrit « tu seras toujours belle pour moi ».

Aime-moi de loin, c’est mieux, car moi je ne t’aime pas d’amour… mais je ne te le dirai pas… je ne veux pas souffler sur ta joie… car je t’aime bien !

Et puis, pourquoi ne pas rêver moi-même, pourquoi ne pas imaginer un Roland retrouvé après une longue séparation… et que l’amour est revenu !

Ces lettres si tendres que je reçois, pourquoi ne seraient-elles pas l’écho de notre jeunesse, pourquoi ne pas rêver qu’elles sont signées « Roland » !

Je ne prends pas mes rêves pour la réalité mais j’ai besoin de rêves pour supporter cette vieillesse qui vient ou plutôt qui est venue et que je dois bien accepter !

Et pourtant comme je me sens encore l’esprit jeune, soignant mon apparence pour ne pas ressembler à « une vieille » malgré mes prochains 75 ans !!

Mardi 25 août 1980 : 76 ans. La vieillesse est bien là !

Surtout vieillesse du corps qui a bien changé depuis 2 ans, les forces diminuant chaque année et aussi un peu vieillesse cérébrale, je me fais l’effet parfois d’avoir le cerveau vide, ne pensant plus à rien, m’habituant à cette diminution de mes forces vives, m’adaptant à cette vie monotone, les jours succédant aux jours, tous pareils… et je ne m’ennuie pas, il en faut si peu pour m’occuper sans être de suite fatiguée. Un restant de jeunesse reste quand même un peu en moi, refusant de faire « grand-mère » et ayant le raisonnement moderne ! Mais hélas je n’ai plus ma démarche aisée d’il y a quelques années, et je suis devenu très lucide pour juger les gens et les faits, ma sensibilité étant assez émoussée.

J’ai pourtant la vie qui me convient, adaptée à mon tempérament fatigué, j’ai la chance d’être bien logée, dans mes meubles ; j’ai voulu cette chambre gaie, colorée, avec des paysages, des portraits, des glaces aux murs et mes bibelots préférés ; je m’y plais, loin des autres avec lesquels je bavarde un peu mais je n’ai pu m’habituer totalement à leur compagnie ; je suis trop jeune, ou pas assez vieille pour vivre ainsi parmi ces vieux, handicapés pour la plupart ; mais enfin je me fais une raison, il le faut bien !

J’ai surtout la chance de pouvoir aller me promener dans la forêt tout près d’ici ; je vais aussi à Fontainebleau faire des courses, m’asseoir à la terrasse d’un café ou au très beau jardin de Diane, et là parmi le monde j’oublie un moment que je suis une pensionnaire de la maison de retraite, encore bien heureuse que je puisse le faire ! (mais c’est assez fatiguant).

Et mes fils me téléphonent, viennent me voir, Jean-Claude plus souvent puisqu’il n’est pas loin d’ici.

Et Alain vient me chercher, pas très souvent vu ces occupations, pour m’emmener à Paris où je passe deux jours chez eux ; là, alors, c’est la fête car je retrouve mon Paris… Et ils sont si gentils avec moi.

À bien réfléchir, je n’ai pas à me plaindre de mon sort ; je n’ai pas de souci d’argent (j’en ai tellement connu dans le passé que cela me semble bon). Je sais bien que je ne pourrais reprendre ma vie d’avant, je n’en ai pas la force.

Alors regardons en face cette vieillesse venue brutalement.

Et vis avec tes souvenirs, Maguy ; les enchantements de la mémoire font oublier la réalité.

Et les morts qui m’ont aimée me disent Hé : ne te laisse pas aller, pense à celle que tu étais dans ta jeunesse, continue à être coquette, à t’habiller, à te coiffer gentiment !

Et accepte, Maguy, cette vieillesse et cette nouvelle silhouette qui te déplait ; tu peux encore en faire quelque chose de bien !

Et pour m’enchanter l’esprit, j’ai la musique, les chansons, mes disques préférés, et mes livres et la télé qui me tiens au courant de la vie moderne, qui me fait connaître tant de choses ignorées dans ma jeunesse !

25 août 1981 : 77 ans !!

C’est la vie !

25 août 1982 : 78 ans ! C’est la vieillesse !

L’esprit résiste… mais le corps commande et, aussi, le cerveau « fait de la chaise longue » !

25 août 1984 : quatre-vingts ans !

… 80 ans pour toujours !

Repères

Age de MargueriteAnnéeEvénementAge de RolandAge de RenéAge d’AlbertAge de Milou
 1900Naissance de Roland FavarT : Marguerite note le nom (FavarT) une seule fois dans ses mémoires avec un T. Il est probable que ça s’écrive avec un D car on a retrouvé une Régine Marie Germaine FavarD née en 1925 à Cosne-Cours-sur-Loire, un an après le mariage de Roland. Or il a eu une fille nommée Régine.0   
 1901 1   
 1902 2   
 1903 3   
0190426/08/1904 : naissance de Marguerite à Paris 144   
11905 5   
21906 6   
31907 7   
419081907 : naissance de René Joncour
1908 : naissance de Milou (« mon mien »)
80 0
5190910/06/1909 : naissance d’Albert à Evron dans la Mayenne9101
61910 10212
71911 11323
81912 12434
91913 13545
101914 14656
111915 15767
121916 16878
131917 17989
141918 1810910
151919 19111011
1619201ère rencontre de Margueritte (16 ans) avec Roland Favard (20 ans) son grand amour :  ?? Chez les 2 tantes de Roland, plus âgées de 9 et 11 ans que Marguerite ??20121112
171921Roland Favard passe à Paris avec Jeanne (l’une des 2 tantes ?)21131213
181922Roland Favard trouve un travail à Paris : 1er baiser
Roland Favard hospitalisé.
Roland Favard se laisse fiancer.
22141314
191923Vacances à Sancerre, flirt avec Tony devant Roland.23151415
201924Vacances à Sancerre chez Guitte (l’une des 2 tantes ?), Roland (24 ans) est marié. Retrouvailles passionnées avec Roland (dernier baiser)24161516
211925Naissance de Régine Marie Germaine FavarD à Cosne-Cours-sur-Loire (acte de naissance 192)25171617
221926 26181718
2319271ère rencontre avec René (ils se sont connus pendant 5 ans : houleux)27191819
241928 28201920
25192930/07/1929 : mariage avec René Joncour à Antony29212021
261930Mort de Roland Favard (30 ans) dans un accident de voiture a priori à l’étranger (6 ans après le dernier baiser) : il laisse sa veuve et sa fille Régine30222122
271931Marguerite va sur sa tombe 232223
281932Mort de René (23 ans) au Maroc dans un accident de voiture (18 mois après Roland) 242324
291933   2425
30193421/07/1934 : mariage avec Albert (25 ans) à Paris 7. Elle va bientôt avoir 30 ans. Entente physique mais pas de tendresse.  2526
31193527/07/1935 : naissance de Jean-Claude à Paris 12 (1er enfant)  2627
321936   2728
331937   2829
341938   2930
351939   3031
361940   3132
37194111/07/1941 : naissance de Roland à Paris 6 (2e enfant)  3233
381942Tiennot (18 ans) amoureux d’elle : elle ne veut pas comprendre (elle a 38 ans)  3334
391943?? Pierre le « Canadien » merveilleux soldat de passage (le 2e enfant est très petit)
?? Mort de Pierre en Belgique
  3435
401944Rencontre merveilleuse avec Milou « mon mien », aux Champs, 20 ans après le dernier baiser de Roland. Milou était soldat de la Résistance.  3536
411945Milou et Marguerite se voient à Paris.
Milou est hospitalisé
(a priori tuberculose car contagieux).
  3637
421946« 16 ans après la mort de Roland, j’ai revu sa maman… »
Mort de Milou (38 ans) : Marguerite a 42 ans
Milou savait que Marguerite était enceinte de son 3e enfant (il était dépité).
  3738
43194706/09/1947 : naissance d’Alain à Paris 15 (3e enfant)  38 
441948   39 
451949   40 
461950   41 
471951   42 
48195203/07/1952 : divorce prononcé avec Albert (transmis le 14/03/1953)  43 
49195325/04/1953 : remariage d’Albert avec Rosa Albertine Marie Valière  44 
501954   45 
511955   46 
521956??/??/?? : fait la connaissance de Régine, la fille de Roland, et sympathise avec elle malgrés la mère de celle-ci : aucune info sur l’année de la rencontre.  47 
531957   48 
541958   49 
551959   50 
561960   51 
571961  52 
581962   53 
591963   54 
601964   55 
611965   56 
621966   57 
631967   58 
641968   59 
651969   60 
661970   61 
671971   62 
68197226/08/1972 : anniversaire 68 ans : début de l’écriture des mémoires  63 
691973   64 
701974   65 
711975??/06/1975 : Dernier (?) voyage à Sancerre  66 
721976   67 
731977   68 
741978   69 
751979   70 
761980   71 
771981   72 
781982   73 
791983   74 
80198401/03/1984 : mort d’Albert à Naussac dans l’Aveyron  75 
 198527/04/1985 : mort de Marguerite à Fontainebleau (80 ans)    
       
 201617/08/2016 : mort de Régine Marie Germaine FavarD à Cosne-Cours-sur-Loire    
 202314/10/2023 : mort de Jean-Claude à 88 ans (1er fils)    

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