Les trajets en métro


J’aimerais être dans la tête d’un touriste japonais ou coréen qui découvre le métro parisien. Il doit avoir la même impression qu’un parisien qui visite les égouts de Paris. Non que les égouts de Paris soient repoussants – ils sont ma foi plutôt bien entretenus – mais c’est pour donner une idée de la largeur du fossé culturel. Dans le métro de Séoul, on peut se restaurer (sur place ou à emporter), acheter du prêt-à-porter, emprunter un livre… Certains ascenseurs d’immeubles donnent directement accès à certaines stations. C’est aussi propre que les Galeries Lafayette. Ah, j’allais oublier, tous les quais sont entièrement protégés du chemin de fer par des parois plus ou moins vitrées. À Séoul, le suicide est passible d’une amende, en particulier si vous vous suicidez dans le fleuve.

Le métro de Séoul

Quoi qu’il en soit, le métro parisien a son charme. Les odeurs d’urine et de Crezyl ont longtemps fait partie de ce charme. La situation s’est bien améliorée. On regrette presque. Le métro est devenu un endroit fréquentable quoique très mal insonorisé. Personnellement j’utilise des bouchons auditifs pour préserver l’appareil éponyme qui se trouve quelque part dans ma boîte crânienne.

Cela dit, contrairement au métro de Séoul, le métro parisien est une formidable source d’inspiration. C’est le seul endroit où l’on peut observer d’aussi près une aussi grande variété de gens, sans s’attirer les foudres du dieu de l’Olympe ou être illico transformé en statue de pierre. Remercions la providence d’avoir à disposition ce moyen de transport hallucinant pour des sommes relativement modiques. L’accès au moindre musée est beaucoup plus onéreux.

Aussi, lors de mes déplacements, je ne manque jamais de prendre des notes que je retravaille ensuite afin de me constituer une réserve de personnages et d’idées sous la forme de croquis. J’en profite pour préciser qu’il faut beaucoup aimer les gens pour pouvoir bien les observer et accepter ce qu’ils nous offrent de cru, de cuit à point, de croustillant, de gourmand…

Par souci de mise en scène, j’ai rafistolé ci-après un déplacement fictif.

Il s’agit d’un texte long mais sans structure, si ce n’est celle de la rapsodie qui se contente de coudre ensemble des morceaux. Bien sûr il y a un thème qui donne au texte son unité. Désolé pour cette orientation, mais la plus belle ville du monde ne peut donner que ce qu’elle a.

Ces descriptions parfois phantasmagoriques n’ont pas l’ambition de dire ou de véhiculer un message, c’est pourquoi le vocabulaire est parfois sophistiqué ou baroque (c’est souvent le signe que le propos est mince).

Techniquement, je positionne les notes après les signes de ponctuation car dans Word, si le signe de ponctuation est séparé du mot par la note, alors il est compté comme un mot (ce qui fausse le calcul du nombre de mots du texte). Nota bene, il faut toutefois déduire de ce calcul le nombre de signes de ponctuation séparés du mot par un espace (; : ? !). Dans d’autres langues on n’a pas ce problème car cet espace n’existe pas. La bonne nouvelle est que si vous créez dans Word des notes de bas de page (reléguées en fin de document), le copier-coller du texte (précédé d’un Ctrl A) de Word dans WordPress récupère le texte et surtout les notes, avec les liens aller et retour ! Ce qui est appréciable. Cependant, les liens créés n’apparaissent pas comme des ancres HTML (je n’ai pas d’explication). On n’a pas comme dans Word une infobulle (de toutes façon sur les smartphones, l’infobulle n’est pas exploitable). Par ailleurs, les tirets des dialogues sont récupérés sous forme de liste et je ne sais pas encore comment transformer les puces des listes en tirets.

Lorsque je crée une expression, je vérifie sur internet qu’elle ne soit pas déjà utilisée. Si elle l’est, je signale dans quelle mesure dans une note. Si elle est trop galvaudée, je l’abandonne.

J’ai aussi noté les références aux auteurs, en particulier à Lolita de NABOKOV.


Guy Môquet – Saint Michel

Changer Place de Clichy pour Gare du Nord, puis RER jusqu’à Saint-Michel pour venir narcoser[1] en terrasse. C’est la belle vie.

Pour me dégourdir les jambes, je décide de descendre la rue Jean Leclaire et couper par le Square des Epinettes jusqu’à la station Guy Môquet. Ça fleure bon son Michelet.[2]

Sous le trottoir, le goudron éventré raconte une histoire sans queue ni tête où il est question de tout-à-l’égout, de canalisations, d’évacuation, de câbles. Sur le porte-affiche roseau, les seins de la cover-girl sont loin d’être négligeables. L’homme est fait de ces rapiècements et faux-semblants aux coutures fragiles, homme de compromis dont les va et les vient[3] ont des hésitations d’oiseau marcheur. Dans l’obscurité d’un café turc, un grand narguilé trône au milieu des sofas. Des hommes tendent leurs maigres doigts vers la machine à mirages[4]. Leurs dents sont jaunes comme des lanternes de fête. Les femmes n’ont pas leur place ici, ni en Renoir ni en Buffet.[5]

Sans un regard pour les vitrines que je frôle, je prends en filature un homme au visage d’adolescent qui progresse sans hâte dans son imper kaki. L’homme salue au passage la marchande de fleurs qui piétine dans ses mules au milieu du trottoir, un arrosoir à la main. Il ne doit plus être loin d’un domicile où se conjugue[6] en caractères gras la solitude enchantée[7] inscrite sur les pailles à sons[8] de l’amour, dans la police[9] secrète du bonheur : « Welcome to my paradise ».

– Bonsoir chérie, j’ai acheté une barquette de fraises, j’espère qu’elles ne sont pas toutes pourries.

Deuxième caleçon de la journée après la douche de dix-neuf heures, puis lente agitation[10] en peignoir jusqu’au Vingt heures[11], la bite indécise, le cœur ailleurs. La robe de chambre convenait à la lecture des méditations dépressives d’un Lamartine, des contemplations mystiques d’un Chateaubriand, des profanations éméchées d’un Baudelaire, des pleurnicheries métaphysiques[12] d’un Verlaine. En revanche, la télévision exige le peignoir, marqueur d’une civilisation du spectacle à domicile. Les idées se télescopent dans ma tête. Quelle est au juste la différence entre télévision et télescope ? A peu de chose près la même qu’entre carnivore et sarcophage,[13] entre alien et vaisseau spatial.

Je m’engouffre dans la bouche du métro Guy Moquet.

– Attention, des pickpockets sont susceptibles d’agir dans la station.

C’est fou combien ces gens sont susceptibles ! Saint Maclou priez pour nous. L’homme ne paie que ce qu’il emporte[14] mais il ne peut s’offrir que ce qu’il mérite.[15] Allez expliquer ça aux cleptophiles[16] !

De nouveau, quelques minutes plus tard, sur le quai :

– Fermez bien vos sacs, ne tentez pas les pickpockets, surveillez vos effets personnels. La RATP vous souhaite un agréable voyage au pays des voleurs !

La RATP reproche à ses clients de « tenter les pickpockets » sans défense ! Cette opération de culpabilisation rappelle que le client est un roi obéissant : latin Cliere « obéir », indo-européen klew « entendre », dit le Wiktionnaire. Qu’on se le dise. Dans la voiture, les voyageuses compressent leur poitrine avec leur sac à main et les voyageurs s’écrasent les parties génitales avec leur attaché-case. L’attaché-case est un objet pathétique. On dirait un complexe d’infériorité. Ça revient à la mode pourtant. Je n’ai pas d’attaché-case. Je renifle mon sac à dos. Il pue.

J’aime les transports en commun. Au hasard du réseau, dans l’odeur aigre-douce des premières hausses de température, j’entre en contact avec l’humanité, c’est chamanique.

Trois cents degrés d’acier bleu mijotent au fond du creuset des paupières sans fard. La fille au nez puissamment accroché, devant laquelle je suis assis, m’intimide. La lèvre supérieure en forme de chapeau melon coiffe une lèvre inférieure à consommer sur place. Les pommettes sont piquées de taches de rousseur acidulées. L’ondulation naturelle des cheveux est avalée par le mécanisme d’un chignon à banane. Avec grâce, les lignes du cou viennent se briser sans fin sur les clavicules légèrement inclinées. La taille mince est prise au-dessus du nombril dans un gilet aux manches retroussées. Les trois premiers boutons ont été dégrafés sans compter. Moulés dans le lainage souple et affectueux, les seins débordent d’une tendresse est-ouest sur les plis des coudes. À l’épaule et sur le flanc droit, un peu de lumière artificielle est restée piégée dans les grappes de perles des petites broches inoxydables agrippées au mohair. Les jambes sont croisées dans un pantalon à pinces en tergal gris.

Station La Fourche.[17] Les femmes ont ôté leurs collants. Dans la chaleur du chemin de fer métropolitain, leurs jambes ont perdu cet aspect d’arme fatale que les fantasmagories masculines voulaient bien leur prêter. La noirceur bureaucratique des fibres synthétiques a cédé la place à toute une gamme de couleurs, allant de la blancheur bleutée de l’iceberg, à la plastique brune des amazones musclées, en passant par le rose orangé des molles cinquantenaires. La précision anatomique des chairs ainsi exposées trouble mon esprit galvaudeur. Les reliefs des masses musculaires, les grains de beauté, le réseau veineux qui court à fleur de peau, les traces de la dernière épilation, le fourreau graisseux des tendons, les sourires des chairs appesanties, l’adhérence plus ou moins prononcée des épithéliums suants, tout cela est inhabituel et affole ma sagacité.

Une femme a repéré mon petit manège. Elle voit que je m’en aperçois et remet promptement le nez dans son Dumas, les paupières scellées d’un trait de khôl provisoire, la bouche peinte en orange, comme les serrures haute sécurité du centre de détention de Portland. Sa minijupe trois fois fendue s’accroche désespérément à ses cuisses puissantes et saines. Des ors discrets mais efficaces confirment ce dont personne n’a jamais douté, pour que les hommes jettent sur elle leurs yeux égarés de fauteurs impénitents. Être Alexandre Dumas, Alexandre Dumas un instant seulement,[18] et poser la joue sur sa musculature, s’enivrer de l’odeur de sa reliure, et avoir le privilège d’être par la grâce de sa plume effleuré. Ses longs cheveux de sainte en disent long sur les possibilités d’un cœur solitaire auquel se cramponnent deux seins classiques sous le débardeur amphibie qui se résume au vert de ses yeux verts.

– Dis maman, Mamie elle est gentille ou elle est méchante, demande un petit garçon ?

Sur la droite, généreuse couche de chantilly sur sa fine semelle de biscuit, un pied au citron d’une blancheur aveuglante flotte, incertain fanal, dans les nuées de ma vision latérale. Je tourne la tête vers le membre à la dérive pour le mettre à une place de choix dans le salon Art déco de mon champ oculaire. Cinq champignons de Paris en rang d’oignon, les lunules joliment dessinées sous deux couches de vernis transparent. Après avoir longtemps dodiné[19] le berceau du désœuvrement,[20] le membre entre plusieurs fois en érection avec l’erratisme[21] d’un sismographe[22] à la merci des laves profondes, le gros orteil pointé en direction du genou. Le tendon d’Achille tire délicieusement sur le mollet dans lequel se diffuse l’agréable sensation qu’elle éprouve lorsqu’elle se penche en avant pour ranger les courgettes dans le bas de son réfrigérateur.

En face d’elle, la cinquantaine gravée sur un visage curieusement plat, bottes à lacets, bracelet-montre sang de bœuf, sac en peau de fennec, pourpoint sombre à double rangée de boutons dorés, brosse à cheveux abricot, écouteurs high-techs en alu brossé, pantacuirs moulant les cuisses à angle droit, iphone coincé entre le siège de skaï bonnet bleu et ses formes sculptées, la femme extrait l’appareil de son étui plat, comme le scolex escamotable[23] d’un cestode. Etrange et plus si affinité.

– Le Torculus[24] conserve son nom même quand il est liquescent,[25] pontifie avec un sourire de carnivore compétent, un homme qui ressemble à Jack Lang.

Sur la banquette de gauche, deux jeunes gens qui se font face jouent avec leurs genoux. Elle sort son téléphone mobile et consulte son compte sur un site de rencontre. Résigné, il sort son appareil pour se donner quelques centilitres de contenance. Bientôt, un sourire bananiais[26] s’imprime sur le visage de la fille en vadrouille. Elle a reçu un nouveau message de Zozo, le mystérieux interlocuteur qui depuis plusieurs jours déverse son trop-plein d’esprit dans sa boîte aux lettres électronique. En face d’elle, le gars joue fiévreusement de la kalimba[27] sur son téléphone intelligent. Elle ne sait pas qu’hier soir elle a eu un rapport sexuel avec Zozo. Son petit ami a trouvé ce moyen pour mettre un peu de coriandre dans le rouleau de printemps de leur intimité. Comment réagira-t-elle le jour où elle découvrira le poteau rose[28] ? Jusqu’où va-t-il pouvoir la chauffer indéfiniment[29] ? Saura-t-il s’arrêter avant qu’elle tombe follement amoureuse de l’avatar et congédie la larve qui soupire le soir entre ses cuisses ? Leurs genoux continuent de jouer ensemble sans se douter de rien.

Station Blanche, un homme courbe et maigre, barbe noire hirsute, vêtements trop grands. Cœurs sensibles ne pas s’abstenir,[30] compassion correcte exigée.

– Bonjour monsieur, manger madame, monsieur bonjour, manger monsieur, s’il vous plaît madame, s’il vous plaît monsieur, madame bonjour, manger madame…

Sa voix qui traine et supplie ramollie les âmes avec des nasalités de fin de vie.

Il se fait rembarrer par une dame à la chair abondante, cinq fois plus grosse que lui, en pleine communication téléphonique. Emballée de pied en cap dans un boubou aux motifs néo-ethniques, les épaules luisantes d’huile de coco, elle est tendue comme un djembé.

– Dégage ! Mignou mignou Bénice palou glabi, laisse tomber, ya ma gnéné majoumali, chépaquoi, loumagnachou ya ma tani, tu vois, balacrazi percoum balé, voilà, cépalassi saloum kadi, c’est ça, magamagna kassoudi, c’est tout, bignoufaloum perclamachi, franchement, septabréché qualouflapi, quoi, simagroubi palomassec simagrée sacourlachon, à part ça, férumpercé kassonravi serpillasson priza garcé, y sont là, pacha quissessonnia perficulé, c’est pourquoi, machou machou… Allez.

– Je vous remercie, Madame, Monsieur, infiniment à tout le monde. Bonjour Monsieur Madame, bonjour Madame…

Station Pigalle, des hommes encagoulés montent dans la voiture et laissent des bristols[31] roses sur chaque banquette : « Merci de déposer ici vos téléphones, bijoux, montres, cartes d’identité, moyens de paiement ». Les voyageurs s’exécutent machinalement sans lever les yeux vers les hommes masqués qui repartent avec leur butin sans avoir eu besoin de prononcer un mot.

À la station Anvers, le métro fait une halte.

– Le trafic est momentanément interrompu pour régulation, annonce le conducteur ; profitez-en pour prendre connaissance des annonces publicitaires présentes sur les murs de la station ; interrogation écrite dans cinq minutes.

Sur le mur d’en face, j’ai repéré Nancy. Qui est-elle ? Une ville de rêve ? Une marque de vêtement ? Un festival du rire ? Une addiction chocolatée ?

Nancy est rousse. Encore un peu perchée, elle tourne vers moi son visage rieur de lendemain de grosse teuf. Comme ceux de certains oiseaux, ses yeux cerclés de rouge ne semblent pas se souvenir de la dernière nuit. Conjonctivite ? Chagrin d’amour ? Vampirisme ? Délais serrés ? On imagine assez mal la jeune femme penchée sur des dossiers passé minuit. D’autant moins que les dossiers de minuit n’existent pas (ils sont une fusion abusive des dossiers de l’écran et du cinéma de minuit). Cela dit, elle est accroupie avec distinction, de profil, genoux serrés. Le parcours du combattant qu’elle propose part d’un pouce en contact avec la dernière incisive supérieure droite. La tête ne s’appuie pas sur le doigt qui supine,[32] elle semble suspendue, en attente de quelque approbation. Ourlé de lèvres roses, l’œil réjoui répond à la bouche triomphale qui s’esclaffe en silence.[33] Jamais pouce retourné ne fit davantage penser au gland manucuré de l’homme invisible qui a hanté les publicités du XXe siècle. Depuis l’absence encombrante[34] de ce cinquième élément,[35] l’on suit le sillon creusé dans le poignet dont la finesse tendineuse structure la proue victorieuse du navire à l’amarre de nos phantasmes. Le coude qui repose en deçà du genou invite à descendre la pente douce de la cuisse gainée dans un tissu dont la légèreté souligne le relief de la longue musculature. Surfant sur les motifs transparents qui décorent la chair tendue, mon regard n’en finit pas de dévaler, Durandal[36] au clair, le pays de la carolingerie.[37] La randonnée est interrompue par la large besace qui protège la hanche. Décontenancé, je questionne le regard cramoisi de la belle captive[38] qui me renseigne tôt. Rassuré, je poursuis ma descente. Passé le guet, la courbure du dos est une formalité. L’œil remonte, tel un funiculaire, le long de la crémaillère des vertèbres,[39] jusqu’à la chevelure négligée avec science[40] qui semble flotter dans un désordre permanent, comme si le bel oiseau suspendu pouvait d’un moment à l’autre, d’un simple basculement dans le vide, prendre son vol pour aller se poser sur la voute du quai d’en face.

Le trafic reprend dans le crépitement vibromassant[41] des transports en commun, responsable chaque année de millions de décollements de rétine, de millions de décibels de déficit d’acuité auditive, de millions de descentes d’organes – ce n’est pas faute d’être mis en garde par la RATP : « les organes des voyageuses sont invités à descendre » – et accessoirement de la déstructuration du sperme de millions d’abonnés.

– Quand y en a plus, ça n’existe plus, demande une petite fille à son papa ?

Je me rappelle avec nostalgie les rapsodes[42] pas toujours très soignés qui venaient, l’espace d’une ou deux stations, égailler de leur voix triste[43] le trajet des voyageurs. Les esprits farceurs farfouillaient ostensiblement[44] dans leur sac pendant la prestation et replongeaient dans leur bouquin sans rien donner lorsque l’artiste passait dans la travée avec son godet ; à la manière de ces automobilistes qui attendaient que l’autostoppeur fût arrivé à leur hauteur avec son barda, pour repartir de plus belle dans un vrombissement facétieux. Je me souviens en particulier de ce pince-guitare[45] italien qui réapparaissait aux beaux jours pour déclamer avec une suavité inusable ses pots-pourris de standards éternels[46]. Pourquoi ont-ils disparu de nos rames, comme les passereaux de nos jardins publics ? Tolérance zéro ? Même les artistes munis d’un badge de la RATP ont disparu. O bella, ciao ! 

Gare du Nord. Une fille marche devant moi sur le tapi roulant. La chatière de sa casquette rose fuchsia maintient l’or massif de sa queue de cheval. Ses fessiers tendent un short vert métallisé duquel descendent jusqu’aux tongs, une paire de jambes bronzées au troisième degré.[47]

Nous croisons une grande femme qui marche en canard à contrecourant, complètement nue, exception faite du chouchou qui retient ses cheveux relevés en choucroute sur le sommet de son crâne, et de son tailleur très Chanel. Ses cuisses massives[48] jouent avec la clarté valétudinaire[49] des néons crasseux. Elle sent la nuit fauve et le parfum sans numéro. Je me demande si l’odeur d’œuf pourri qui rend les stations du réseau express régional[50] infréquentables est hallucinogène. Les émanations sont dues, paraît-il, à des bactéries sulfatoréductrices anaérobies que l’ouverture de nouveaux tunnels a tirées d’un sommeil millénaire.

L’esprit désossé par la lumière chlorotique[51] du RER[52] B, je ne pense à rien. Comme dans un roman de Brautigan,[53] ce qui se passe n’est pas le plus important. En face de moi, grande amateur de cuticules,[54] une ado se bouffe une envie[55] en grimaçant. Elle écoute distraitement le boniment d’un jeune homme vouté qui, pour se faire entendre d’un maximum de gens, parle en tournant la tête par à-coups, comme ces systèmes d’arrosage automatique qui imitent le bruit des cigales certains soirs d’été. Incapables de se concentrer davantage, quelques personnes font semblant de lire ; d’autres, qui n’ont besoin de personne avec leur smartphone[56], continuent de caresser leurs écrans. Une fille assise près de la porte a les yeux dans le vide. Je me demande pourquoi les filles assises près de la porte ont toujours les yeux dans le vide.

– Bonjour, bonsoir à tous, bon, moi je suis actuellement parmi vous pour essayer de vous présenter le guide des restaurants itinérants. Bon alors, nous, vendeurs, nous le vendons deux euros ou un ticket restaurant, alors je vais passer parmi vous pour vous le proposer. Bonsoir à tous et merci d’avoir écouté, au moins pour ceux qui ont pu entendre, merci à tous et Bonsoir, je vous souhaite une très bonne soirée et un excellent weekend. Encore merci, bonsoir à tous et à bientôt !

Le jeune vendeur me frôle. Je n’achète pas la revue, même si je me demande à quoi peut bien ressembler un « restaurant itinérant ». Une baraque à frites ? Un camion à pizza ? Quelle sorte de « guide » est-ce là ? À quel royaume d’essieux[57] veut-on m’acoquiner ? Sous le blouson douteux du vendeur, il y a le cœur SDF[58] du guide qui bat, un cœur qui demande qu’on le suive dans son retour à l’artère[59] et qui laisse entendre que nous sommes tous des itinérants dès lors où nous posons le pied sous la table du seigneur. Les animaux sages quêtant des sous sur leur passage[60] savent que l’argent est l’Apollinaire[61] d’une guerre étoilée.[62] Je sais à quel point il est difficile de se connecter au monde, à l’appareil maussade des ciels.

À Chatelet, un nouveau bonimenteur monte dans la rame de métro pour faire la manche. Les cadres profitent de sa présence pour se plaindre de subir trop de pressions. Quinze heures par jour à s’épiler le burnous,[63] à tisonner le burnout, à s’astiquer l’AVC,[64] à souffrir de divers symptômes horriblement bien décrits dans le Larousse médical. Las de se heurter aux lamentations de la gent tertiaire, le SDF légèrement effaré[65] quitte la rame les oreilles en julienne[66] pour aller s’asseoir contre la voute carrelée de la station Saint Michel, dans l’odeur d’urine de dragon[67] qui embrase les muqueuses.

Sortie 6, l’ascenseur de la rue Xavier Privas est rempli d’indiens des banlieues nord au cheveux ras qui viennent en souriant travailler dans les restos grecs du quartier. Quelques touristes aussi, en provenance de la Gare du Nord ou de Roissy. Une tête au-dessus, la chevelure blanche d’un résident privilégié ondule comme une rhapsodie[68] ; c’est l’apanage des maîtres du monde (l’apanage blanc bien sûr). L’élévateur vous fait passer directement du quai du RER B au quai Saint-Michel. De l’autre côté de la Seine, sur la droite, les incisives du bonheur de Notre Dame de Paris et le cure-dents[69] d’Eugène[70] qui paraît si fragile[71] ; sur la gauche, le marché aux poulets du 36, quai des Orfèvres.

Tournant le dos à la Seine, je m’enfonce dans la rue du goguettier Privas, prends à droite rue de la Huchette jusqu’à la terrasse du Saint Séverin. Face à la Fontaine où, sous l’œil nazi de deux chimères aux dents gâtées, Saint-Michel piétine un démon au visage d’aviateur dégoûté qui considère son genou fienté en se demandant comment il va bien pouvoir réparer cette panne de moteur en plein Quartier latin, je m’attable afin de m’adonner à la vie pétillante[72] et contemplative[73] des buveurs de bière du vendredi soir (vendredis vespéraux[74], vendredis apéro),[75] amateurs de roses en chaleur – amis rhodologues,[76] bonjour –, de celles qui ouvrent leur robe dès potron-minet[77] sans avoir perdu, le soir venu, les plis de leur fente pourprée.[78] Vénus,[79] si tu nous entends cette vesprée…[80] Santé ! L’archange a un visage de femme ; ses yeux clos se souviennent d’un plaisir archaïque tandis que son glaive levé de milicien céleste attend les ordres d’un dieu indécis.

Le boulevard Saint-Michel est toujours aussi bruyant. De grands bus à tête de scarabée frôlent les touristes qui n’en finissent pas d’attendre un guide, le regard égaré dans les perspectives de la ville la plus romantique du monde, tâchant de rafistolé un rêve construit à partir de fables diverses issues d’ouvrages littéraires, de sites internet, de prospectus, de récits de proches, d’amis ou de collègues, de films césarisés, de tout le soft power déployé par la France et l’Europe, remasterisé par l’agence de voyage qui leur a garanti une prestation all included avec une qualité aux normes internationales : Paris sans les odeurs d’urine, l’Afrique sans les piqures de moustiques, la place Saint-Marc sans les crottes de pigeons. Bientôt, on va mettre au point des pigeons génétiquement modifiés à la fiente non corrosive, pulvérulente,[81] indétectable. Il suffirait de leur greffer quelques gènes d’acarien et le tour serait joué. Il paraît que le système digestif de ces petites bêtes est tellement performant qu’ils n’ont pas d’anus, il leur suffit de roter ! Je l’ai lu à la télé. J’aime les documentaires. Ça me permet de briller devant les machines à café.

Sur la place Saint-Michel, au ras du sol, quelques gars de l’hémisphère sud font chacun leur tour une démonstration de epop sur une bande-son déchiquetée par une boombox qui sature. Les touristes et les amoureux qui se sont donné rendez-vous à la fontaine font un grand cercle autour des acrobates qui se disloquent en rythme. Une gosse de riche au look néoracaille passe parmi ces bâtards de bolos avec une grande casquette molle et crasseuse pour récolter des fonds. Patogazes compensées avec une touffe de poils fluos sur le dessus, pantalons cigarette sans filtres, veste simili ornée de plumes teintées, rouge à lèvres bleu à la Bilal,[82] yeux en amandes de chez Fauchon, nez en trompette Selmer. Le pavillon de l’oreille droite est lesté d’un double écrou, quelques grammes de folie dans ce monde de tarés.[83]

Les gros bouillons de la fontaine diffusent une odeur de Javel rassurante qui rappelle le parfum des piscines municipales où, comme des hippopotames enfermés dans la laideur humide de leur quête de bien-être, les gens décomplexés (excessivement malgracieux)[84] se déplacent en faisant des angles droits sans que leurs regards jamais ne se croisent. Au pied du grand platane qui desquame,[85] à quelques pas de la bouche fétide du métro, une femme du voyage, environnée de sacs et de couvertures, porte sur elle sa garde-robe en couches superposées, assise depuis le jurassique sur un tapi de sol en carton où elle fait la mendicité en compagnie d’un chiot sans queue ni tête nommé Ballotin.

Je me demande ce que devient à l’âge adulte l’animal attendrissant. Probablement barbecueté[86] sous un pont ou entre deux caravanes. Je ne juge pas, j’envisage. Peut-être que c’est bon le chien, bien préparé avec une sauce caramélisée.

Prisonnière d’une robe en matière plastique jaune Panhard dont la fermeture éclair lui lacère le dos, une jeune femme traverse la place Saint-Michel à la vitesse d’un bulot au galop.[87] Ses jambes s’élégissent[88] jusqu’à la cheville haut perchée où scintille un or discret. L’été ruisselle sur les terrasses, elle ne porte pas de collants. Accrochée à la malléole externe,[89] une petite veine esquisse un sourire bleu roi. La course d’un sac à main en peau de reptile[90] met en valeur le déhanchement ambulatoire[91] de sa progression. Ses cheveux coupés courts laissent voir sa nuque d’un blanc duveteux. Elle n’est pas encore partie en vacances.

Je me fais la réflexion que la seule position naturelle autorisée par des talons aussi hauts est celle de La Pisseuse de Picasso. À cet endroit, les pavés de la rue de la Huchette ne sont pas tendres avec les chevilles des Parisiennes. La fine lanière du sac à main a glissé le long du bras nu et s’est accrochée in extremis au bracelet-montre. Avec des cambrures de surfeuse de Samothrace,[92] la jeune proue à l’ensellure[93] ensorcelante[94] écarte les bras et, dévoilant son aisselle grenée[95], rattrape l’accessoire comme le boomerang des jours passés[96]. L’exercice a remonté la jupe sur la cuisse musclée dont la blancheur a quelque chose de camusien.[97]


Notes

[1] Narcoser : néologisme. Narcose : perte de conscience sous l’effet d’un narcotique. Anesthésie. Ivresse des profondeurs.

[2] Michelet : historien.

[3] « les va et les vient » : 2 pages de résultats sur internet.

[4] « machine à mirages » : 2 pages de résultats sur internet.

[5] « ni en Renoir ni en Buffet » : ni en chair ni en os (référence aux styles des deux peintres).

[6] « se conjugue » : référence à conjugale.

[7] « solitude enchantée » : oxymore. Référence à La Flûte enchantée de Mozart.

[8] « Paille à sons » :  flûte. Jeu de mots avec paillasson.

[9] Police : terme typographique. Jeu de mots avec la police des mœurs.

[10] « lente agitation » : oxymore.

[11] Vingt heures : journal télévisé.

[12] « pleurnicheries métaphysiques » : oxymore.

[13] sarcophage : du gr. sarco « chair » et phágos (« mangeur »). Comme carnivore en latin !

[14] « que ce qu’il emporte » : référence à la publicité des moquettes Saint Maclou. Jeux de mots avec Moquet.

[15] « que ce qu’il mérite » : Saint Maclou aurait eu des différents fonciers avec ses ouailles. De la à dire que c’était un arnaqueur…

[16] cleptophile : néologisme. Amoureux du vol et non les maniaques du vol (cleptomane).

[17] La Fourche : allusion possible aux jambes.

[18] « un instant seulement » : référence à Ces Gens-Là de Brel.

[19] Dodiner : balancer, bercer.

[20] « Après avoir longtemps dodiné le berceau du désœuvrement » : référence à Lolita (page 464) « son pied ne dodinait plus le berceau rosé de l’anticipation »

[21] erratisme :vagabondage.

[22] sismographe : appareil enregistreur qui marque l’heure, la durée et l’amplitude des mouvements d’un point de l’écorce terrestre pendant un tremblement de terre.

[23] escamotable : que l’on peut escamoter, cacher.

[24] Torculus : neume de trois notes, utilisé dans le chant grégorien, où celle du milieu est plus élevée que les deux autres. Neume : signe de la notation musicale en usage du 9 au 15e siècle.

[25] liquescent : qui se fond, qui se dilue. Dans le chant grégorien, les notes liquescentes apparaissent quand l’articulation d’une syllabe avec la suivante se fait par une consonne liquide. Lolita 217

[26] bananiais : néologisme construit avec banania et niais.

[27] kalimba : instrument africain qui se joue avec les pouces.

[28] « poteau rose » : jeux de mot avec pot aux roses, poto rose, et poteau rose (allusion phallique); rose car la messagerie est rose.

[29] « Jusqu’où va-t-il pouvoir la chauffer indéfiniment » : paradoxismes entre jusqu’où et indéfiniment.

[30] « Cœurs sensibles ne pas s’abstenir » : 3 pages de résultats sur internet.

[31] bristol : sorte de papier assez fort employé pour le dessin, les cartes de visite, les cartons d’invitation.

[32] supiner : néologisme construit sur supination (des deux positions classiques des mains – supination et pronation – la supination est la position paumes ouvertes vers le ciel, doigts joints et tendus à plats.). Jeux de mot avec pine.

[33] « s’esclaffe en silence » : 6 résultats sur internet pour cet oxymore.

[34] « absence encombrante » : oxymore.

[35] Le cinquième élément : film de Luc Besson.

[36] Durandal : épée mythique du chevalier Roland. Jeux de mot phallique avec dur.

[37] carolingerie : marque de lingerie. Jeux de mot avec lingerie et filage de la métaphore médiévale carolingienne (Chanson de Roland).

[38]La belle captive : récit et film d’Alain ROBBE-GRILLET

[39] « crémaillère des vertèbres » : 6 résultats sur internet.

[40] « négligée avec science » : oxymore.

[41] vibromassant : néologisme.

[42] rapsode : nom que l’on donnait à ceux qui allaient de ville en ville chanter des morceaux détachés de l’Iliade et de l’Odyssée.

[43] « égailler de leur voix triste » : paradoxisme.

[44] ostensiblement : de manière à ce que tout le monde puisse constater, voir.

[45] pince-guitare : référence à Lolita (page 407)

[46] « pots-pourris de standards éternels » : paradoxisme avec pourris et éternel.

[47] « bronzées au troisième degré » : 1 résultat sur internet.

[48] « cuisses massives » : référence à Lolita (page 123) « Charlotte à la noble mamelle et à la cuisse massive ».

[49] valétudinaire : maladive. Utilisé dans Lolita page 435.

[50] Réseau Express Régional : RER

[51] chlorotique : affecté de chlorose, ou qui a rapport à la chlorose (maladie qui a pour principal symptôme la décoloration de la peau).

[52] RER : Réseau express régional.

[53] « Comme dans un roman de Brautigan » : référence à Lolita (page 459) « Comme dans une nouvelle de Tourgueniev, un torrent de musique italienne déferlait d’une fenêtre ouverte. »

[54] cuticule : petite peau. Référence à Lolita (page 405) « ces gens qui sarclent leurs cuticules »

[55] envie : petite peau au bord des ongles. Référence à Lolita (page 325) « se mordillant une envie »

[56] « besoin de personne avec leur smartphone » : référence à la chanson de Gainsbourg.

[57] essieux : jeu de mots avec des cieux.

[58] SDF : Sans Domicile Fixe.

[59] « retour à l’artère » : jeu de mots avec retour à la terre et référence à la crosse aortique qui rappelle celle des évêques.

[60] « quêtant des sous sur leur passage » : référence aux Saltimbanques d’Apollinaire.

[61] Apollinaire : jeux de mot avec nerf.

[62] « guerre étoilée » : référence aux étoiles des restaurants, à La tête étoilée d’Apollinaire et à la guerre des étoiles.

[63] burnous : grand manteau de laine sans manche et à capuchon d’origine berbère.

[64] AVC : Accident Vasculaire Cérébrale. Jeu de mots avec astiquer les WC.

[65] « légèrement effaré » : oxymore.

[66] julienne : technique de découpe des légumes en filaments plus ou moins gros. Aliment préparé selon cette technique.

[67] « urine de dragon » : référence à Saint Michel qui terrasse le dragon.

[68] rhapsodie : chez les Grecs, morceaux détachés de l’Iliade et de l’Odyssée, que chantaient les rhapsodes. Œuvre musicale composée de plusieurs motifs présentés les uns après les autres (un peu à la manière de ce texte). Du grec ancien « coudre », et « chant », littéralement couture de chants.

[69] « incisives du bonheur de Notre Dame de Paris et le cure-dents » : les deux tours sont écartées comme deux dents et la flèche tient lieu de cure-dents.

[70] Eugène : Eugène Viollet-le-Duc.

[71] « paraît si fragile » : référence à Femme libérée, la chanson de Cookie Dingler. C’était avant l’incendie.

[72] « vie pétillante » : allusion aux bulles de la bière.

[73] « vie pétillante et contemplative » : paradoxisme.

[74] vespéral : relatif au soir.

[75] « vendredis vespéraux, vendredis apéro » : référence à Camping le film de Dubosque.

[76] rhodologue : spécialiste des roses. Référence à Lolita (page 196) « Deux duègnes fanées, expertes en rhodologie ».

[77] « dès potron-minet» : de bon matin.

[78] pourprée : rouge foncé. « Mignonne, allons voir si la rose qui se matin avoit déclose sa robe de pourpre au soleil, a point perdu, ceste vesprée, les plis de sa robe pourprée et son teint au vostre pareil. » (Ronsard)

[79] Vénus : vendredi est le jour de Vénus.

[80] vesprée : soir. Cette vesprée : ce soir.

[81] pulvérulent : qui se réduit facilement en poudre ; qui est sous forme de poudre.

[82] « rouge à lèvres bleu » : oxymore.

[83] taré : polysémie, fou ou lesté.

[84] « excessivement malgracieux » : référence à Lolita (page 137) « les lèvres pincées, infiniment disgracieuse avec son bonnet de caoutchouc noir ».

[85] desquamer : en parlant de la peau, se détacher en lamelles cornées appelées squames.

[86] barbecueter : néologisme.

[87] « un bulot au galop » : paradoxisme.

[88] élégir : alléger, amincir une plaque ou une poutre de bois en réduisant son épaisseur. Réduire, amoindrir.

[89] malléole externe : partie saillante du bas des os de la cheville ou du jarret. Référence à Lolita (page 67) « ce petit os frémissant sur sa cheville velouteuse de poussière ».

[90] « sac à main en peau de reptile » : 2 pages de résultats sur internet.

[91] ambulatoire : propre au fait que quelqu’un se déplace.

[92] Samothrace : la victoire ornait la proue du navire, d’où le surf.

[93] ensellure : cambrure.

[94] « à l’ensellure ensorcelante » : référence à Lolita (page 410) « à l’ensellure fascinante ».

[95] grenée : criblée de petits points.

[96] « le boomerang des jours passés » : référence à Comme un boomerang de Serge Gainsbourg.

[97] « dont la blancheur a quelque chose de camusien » : référence à l’éclair aveuglant du couteau dans L’étranger de Camus.


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