Jingle Bells


Chaque année, il faut se creuser la tête pour inventer une nouvelle façon de souhaiter le nouvel an à ses millions d’amis.

Une solution consiste à chercher sur Internet une animation musicale et bariolée. Un renne plus ou moins inspiré prononcera votre nom d’une voix grave et chaleureuse, suivi de la formule que vous aurez cochée.

Cette année, j’ai choisi de rester dans le thème en partageant avec vous mes doutes concernant Jingle Bells, ce tube planétaire qui hante vos centres commerciaux.

À force de fredonner le refrain dont je trouve la mélodie épatante et le texte bien troussé1, j’ai usé le sens des paroles jusqu’à l’évidence et une signification nouvelle s’est fait jour dans mon esprit.

Jingle bells, jingle bells, jingle all the way!
Tintez clochettes, tintez clochettes, tintez tout du long !
Oh, what fun it is to ride in a one-horse open sleigh.
Ah, quelle joie de se promener dans un traîneau ouvert, à un cheval.

Soyez sensible à l’efficacité élégante de l’anglais « a one-horse open sleigh » (un 1-cheval ouvert traîneau).

Mais la traduction de « ride in » est problématique. Avec se promener, l’on perd l’idée de la conduite (to ride signifie rouler, ou chevaucher) et de la maitrise (qui sera explicite dans le dernier couplet) : on n’est pas ici en simple passager.

Conduire, se dit to drive. Faire un tour se dit to take a ride (to take, prendre). Glisser se dit to slide. Se promener en traîneau se dit to ride a sleigh. To ride in a sleigh signifie monter en traîneau. Faire du traîneau se dit sledding. On n’est pas plus avancé.

On peut envisager :

Ah, quelle joie de chevaucher dans un traîneau ouvert, à un cheval.

Mais l’on n’est pas, à proprement parler, à cheval.

Ou bien, adapter ride (chevaucher, rouler) au contexte :

Ah, quelle joie de glisser dans un traîneau ouvert, à un cheval.

En effet, j’ai trouvé cette traduction sur internet :

Oh, quelle joie de glisser dans un traîneau attelé.

De glissade en chevauchement, la difficulté de cette traduction m’a conduit à imaginer toutes sortes de situations et à multiplier les hypothèses. Notez que je ne connaissais au départ que le refrain.

Mais ne différons pas davantage les révélations que je m’apprête à vous faire.

Vous me voyez venir avec mes hoof grip2, « la lourde machine » de la métaphore s’est imposée telle un Mont-Saint-Michel surgi de la brume et le champ sémantique de la sexualité est apparu comme jus de citron sous la flamme du dragon sorti d’un sommeil millénaire par un chevalier indélicat.

Sous l’ancien régime, il est rare qu’une chanson ne possède pas un double sens paillard. Il court, il court, le furet, est un exemple digne de figurer dans une copie de baccalauréat.

L’on sifflote cette rengaine associée au jeu traditionnel du furet, pour signaler qu’on fait chercher un objet ou une idée à quelqu’un :

Il court, il court, le furet
Le furet du bois, mesdames,
Il court, il court, le furet,
Le furet du bois joli.

Il est passé par ici,
Il repassera par là.

Cette chanson du XVIIIe siècle, explicitement adressée aux « mesdames » (et non aux enfants), raillerait les méthodes de l’abbé Guillaume Dubois, né en 1656 à Brive-la-Gaillarde (ça ne s’invente pas) et qui finit cardinal à Versailles : Il fourre, il fourre, le curé Dubois, mesdames… Une contrepèterie3 sans équivoque pour dénoncer cet apothicaire de l’entregent qui faisait flèche de tout bois !

Notez toutefois que ces explications ne sont peut-être qu’élucubrations d’érudits libidineux du XXe siècle, car ce sont eux qui ont découvert le poteau rose.

Quoi qu’il en soit, l’interprétation de Jingle Bells que je m’apprête à vous livrer n’appartient qu’à moi et n’engage que moi. Je m’aperçois que je vous ai une fois de plus embarqué dans une digression ; aurais-je honte des pensées qui sont les miennes ? Ça serait légitime, compte tenu de ma notoriété. D’autant que je vis dans l’obsession de ne pas décevoir mon prochain4.

Tintez clochettes, tintez clochettes, tintez tout du long !
Ah, quelle joie de glisser dans un traîneau ouvert, à un cheval.

Alors que je furetais dans une allée du centre commercial Beaugrenelle (mes lutins sont parfois débordés), il traversa mon esprit que les clochettes tintinnabulantes pussent être coucougnettes turbulentes au vent mauvais, aspirant à se faire remarquer ; et les joies de la glisse, des sports divers et variés extrêmement sexuels. Ou, moins trivialement, que l’auteur eût voulu exprimer que le désir nous guide notre vie durant (all the way), ou peut-être que la vie doit être guidée par le désir. Je vous laisse démêler causes et conséquences et méditer ces vers d’Anna de Noailles (Le Cœur innombrable, 1901) :

Le vent qui vient mêler ou disjoindre les branches
A de moins brusques bonds
Que le désir qui fait que les êtres se penchent
L’un vers l’autre et s’en vont.

Après avoir vérifié que je n’avais pas le jambon qui dépassait de la baguette5, voulant croire que cette interprétation était le fruit d’un cerveau déréglé, je récupérai sur Internet l’entièreté de la chanson de James Pierpont6.

Cette chanson a été publiée en 1857, date du second mariage du compositeur qui a alors 35 ans. Un démon de midi bien orchestré (James meurt à 71 ans).

Le premier couplet est une célébration enjouée de la jeunesse :

[…]

Par les champs nous allons
Riant tout du long
Les clochettes sur la queue courte tintent
Échauffant les esprits
Quel sport de chevaucher et de chanter
Une chanson de traîneau ce soir !

Nous sommes certains qu’ils sont au moins deux dans le traîneau.

« Échauffant les esprits » est une traduction de « Making spirit bright » . Bright signifie brillant, vif. Internet propose « Rendant les esprits radieux » (« Rendant les esprits brillants » n’est pas approprié ici). Mais je ne trouve pas cette proposition raccord avec Fanny Bright, la rime qui a lieu au couplet suivant.

Croyez-moi si vous voulez, je ne connais pas les chansons de traîneau. J’imagine que les rugbymans chantent les mêmes, au fond du car qui les ramène au bercail à la fin de la troisième mi-temps.

Contrairement au renne, le cheval est volontiers associé aux jeux sexuels, quand il n’est pas lui-même un symbole phallique. Je vous laisse suputer sur la queue courte ornée de grelots.

Plus sérieusement, les chevaux attelés ont la queue courte ou tressée afin d’éviter que les crins ne se prennent entre la neige et le patin. Le renne, dont la queue ne dépasse pas vingt centimètres, ne présente pas cet inconvénient. Le renne est aussi beaucoup plus rustique7 et endurant8 que le cheval. Ses sabots adaptables9, sa vitesse et son insensibilité au décalage horaire10 font de lui le partenaire idéal pour livrer des cadeaux à travers le monde11.

Notez enfin cette épatante coïncidence : Madame Bovary, de Flaubert, a été publié pour la première fois, la même année que cette chanson ! Cet alignement de planètes est l’occasion de rappeler aux amateurs d’attelages, les pages délicieuses du roman relatant, au premier chapitre de la troisième partie, la promenade en fiacre d’Emma et du clerc Léon. Ce passage fut censuré par La Revue de Paris, lors de la prépublication de l’année précédente, avant que Flaubert ne gagnât son procès12. Les allées-et-venues et les cahotements de la calèche conduite par un cocher essoufflé rossant des croupes en sueur n’avait trompé personne (à part ce pauvre Charles).

Déjà, au chapitre 2 de la deuxième partie, il est question de moyens de transport ; précisément lorsqu’Emma fait la connaissance de Léon, dans l’auberge à laquelle l’Hirondelle l’a déposée avec son mari, Charles :

— Madame, sans doute, est un peu lasse ? on est si épouvantablement cahoté dans notre Hirondelle !
— Il est vrai, répondit Emma ; mais le dérangement m’amuse toujours ; j’aime à changer de place.
— C’est une chose si maussade, soupira le clerc, que de vivre cloué aux mêmes endroits !

Avec les soubresauts de l’Hirondelle évoqués au moment où ils se rencontrent, Flaubert plante avec un sens de la préparation chirurgical, l’improbable équipée des futurs amants. Qui plus est avec une espièglerie qui ne vous a pas laissé indifférent : « j’aime à changer de place » ; « cloué aux mêmes endroits » .

Au premier chapitre de la troisième partie, les sentiments ont muri et les frustrations sont exacerbés :

— Où Monsieur va-t-il ? demanda le cocher.
— Où vous voudrez ! dit Léon poussant Emma dans la voiture.
Et la lourde machine se mit en route.
Elle descendit la rue Grand-Pont, traversa la place des Arts, le quai Napoléon, le pont Neuf et s’arrêta court devant la statue de Pierre Corneille.

Les noms des sites visités sont choisis avec soin : passé le grand pont des jambes, vient la place où convergent les artistes, le quai Napoléon évoque une humide conquête et le pont Neuf un nouveau pont de chair entre l’amante et l’amant. Une pensée enfin pour le cornard, devant la statue de Pierre Corneille.

Les injonctions criées au cocher fouettent l’imagination :

— Continuez ! fit une voix qui sortait de l’intérieur.

— Non, tout droit ! cria la même voix.

— Marchez donc ! s’écria la voix plus furieusement.

À la perte de moral du cocher fait écho l’amoralité des amants :

[…] De temps à autre, le cocher sur son siège jetait aux cabarets des regards désespérés. Il ne comprenait pas quelle fureur de la locomotion poussait ces individus à ne vouloir point s’arrêter. Il essayait quelquefois, et aussitôt il entendait derrière lui partir des exclamations de colère. Alors il cinglait de plus belle ses deux rosses tout en sueur, mais sans prendre garde aux cahots, accrochant par-ci par-là, ne s’en souciant, démoralisé, et presque pleurant de soif, de fatigue et de tristesse.13

C’est chaud, n’est-ce pas ? Toutefois, la relation semble vouée à l’essoufflement et au désenchantement (nouvelle préparation).

Et, sur le port, au milieu des camions et des barriques, et dans les rues, au coin des bornes, les bourgeois ouvraient de grands yeux ébahis devant cette chose si extraordinaire en province, une voiture à stores tendus, et qui apparaissait ainsi continuellement, plus close qu’un tombeau et ballottée comme un navire.

L’image effroyable des amants faisant l’amour dans un tombeau fantôme (encore une préparation qui augure mal du destin de l’héroïne), a-t-elle inspiré Maupassant, dont Flaubert était le model, lorsqu’il a écrit La tombe, l’histoire d’un jeune avocat qui exhume sa maîtresse pour contempler son corps encore une fois ? Les clercs, les avocats et les croque-mort appartenaient à la même confrérie, probablement parce qu’on avait recours à eux, le plus souvent à l’occasion des héritages (avant que la société toute entière ne se judiciarise).

Poursuivons le texte de Flaubert, dont voici le bouquet final :

Une fois, au milieu du jour, en pleine campagne, au moment où le soleil dardait le plus fort contre les vieilles lanternes argentées, une main nue passa sous les petits rideaux de toile jaune et jeta des déchirures de papier, qui se dispersèrent au vent et s’abattirent plus loin, comme des papillons blancs, sur un champ de trèfles rouges tout en fleur.

Il s’agit de la lettre de rupture qu’Emma avait rédigée à l’attention de Léon. Foin des bonnes résolutions. À l’acmé du jour, au moment où le soleil dardait le plus fort (Dieu tout puissant ! ), ces papillons blancs sur un champ de trèfles rouges tout en fleur, évoquent une giclée de sperme sur des muqueuses congestionnées par l’exercice.

Puis, vers six heures, la voiture s’arrêta dans une ruelle du quartier Beauvoisine, et une femme en descendit qui marchait le voile baissé, sans détourner la tête.

Le quartier Beauvoisine a pour origine le nom de la rue Beauvaisine, qui était l’axe pour prendre la direction de Beauvais, à partir du cœur historique de Rouen. Notez que la cathédrale de Beauvais a le chœur gothique le plus élevé du monde mais est dépourvue de nef. Une métaphore de l’idéal inatteignable d’Emma !

Mettons fin à cette digression littéraire (je crois que j’ai un peu abusé) et revenons au deuxième couplet de Jingle Bells, où il est question de mésalliance et de morosité, voire d’impuissance :

Je pensais faire un tour
Et bientôt, Miss Fanny Bright
Était assise à mon côté
Le cheval était maigre et mou

La malchance semblait son lot
Il est entré dans une congère

Et nous nous sommes énervés.

Le cheval conserve sa symbolique. Il est maigre et mou et rencontre une congère glacée. L’adjectif anglais lank signifie au choix grêle, raide, terne, étiolé, mou. Pratique !

Miss Fanny Bright rime avec « Making spirits bright » (Échauffant les esprits) du couplet précédent.

Outre Fannie, Fanny signifie la chatte, les fesses, le cul. C’est elle que vous embrassez quand vous perdez aux boules (votre plan B). Bright signifie brillante, ou vive.

Le troisième couplet est comme un cauchemar, une évocation de la mort qui rôde, la conscience d’un délabrement. Le traineau est maintenant celui de l’Ankou, le vieil homme qui collecte les âmes. À moins qu’il ne s’agisse d’une vision abyssale du narrateur contemplant impuissant sa jeunesse qui s’éloigne :

Je suis sorti dans la neige
Et suis tombé sur le dos
Un homme passait par là
Dans un traîneau attelé
Il a ri alors que j’étais à terre
Mais très vite il est parti.

Au quatrième et dernier couplet, la vieillesse a pris ses marques :

Maintenant le sol est blanc.

Il n’y a plus, dans la neige, aucune trace de traîneau.

Le vieillard délivre la sagesse pathétique de ceux qui ont mal profité de la vie :

Fonce tant que tu es jeune
Emmène les filles ce soir
Et chante cette chanson de glisse […]

Ah, ha, ha, ha,14 happy new year 2025
and Good bless you15 !


Notes de l’éditeur

Force est de constater que Jingle Bells est une chanson non pasteurisée, dont la mélancolie triviale justifie les doutes que le refrain a fait naître dans l’esprit du Père Noël16 qui a l’habitude de lire entre les lignes. Si vous avez apprécié ce texte, n’hésitez pas à vous abonner à La lettre du Père Noël.

Cela dit, préférez-vous les Pères Noël avec ou sans moustache ? Avec ou sans barbe ? Soyez certains et certaines qu’il y en a pour tous les goûts :

Le Père Noël
Guillaume Dubois
Gustave Flaubert
James Pierpont

Moralité : La pilosité ne fait pas le Père Noël. Ne confiez vos enfants à aucun d’eux.


Devinette : Quel père avait chacune de ces quatre figures ci-dessus ? Un pasteur ? Un saint ? Un apothicaire ? Un chirurgien ?

Réponses

Le Père Noël a pour père Saint Nicolas (l’évêque Nicolas de Myre) ; le cardinal Dubois, un apothicaire ; Gustave Flaubert, un chirurgien ; et le compositeur James Pierpont, un pasteur.

Cette devinette avait été soigneusement préparée : « mon père qui, quelques mois auparavant, avait fait démolir le temple d’Artémis de Myre », « apothicaire de l’entregent », « sens de la préparation chirurgical », et « chanson non pasteurisée ».


Traduction douce de la chanson originale

Dashing thro’ the snow
Fonçant dans la neige
In a one-horse open sleigh
Dans un traîneau ouvert tiré par un cheval
O’er the fields we go
Par les champs nous allons
Laughing all the way
Riant tout du long
Bells on bob tail ring
Les clochettes de la queue courte tintent
Making spirits bright
Rendant les esprits radieux
Oh what sport to ride and sing
Quel sport de chevaucher et de chanter
A sleighing song to night!
Une chanson de traîneau ce soir !


REFRAIN
Jingle bells, jingle bells, jingle all the way!
Tintez clochettes, tintez clochettes, tintez tout du long !
Oh, what joy it is to ride in a one-horse open sleigh.
Ah, quelle joie de glisser dans un traîneau attelé.
Jingle bells, jingle bells, jingle all the way!
Tintez clochettes, tintez clochettes, tintez tout du long !
Oh, what joy it is to ride in a one-horse open sleigh.
Ah, quelle joie de glisser dans un traîneau attelé.


A day or two ago
Il y a un jour ou deux
I thought I’d take a ride
Je pensais faire un tour
And soon, Miss Fanny Bright
Et bientôt, Miss Fanny Bright
Was seated by my side
Était assise à mon côté
The horse was lean and lank
Le cheval était maigre et mou
Misfortune seemed his lot
La malchance semblait son lot
He got into a drifted bank
Il est entré dans une congère
And we, we got upsot.
Et nous nous sommes énervés.


A day or two ago
Il y a un jour ou deux
The story I must tell
Je dois raconter cette histoire
I went out on the snow
Je suis sorti dans la neige
And on my back I fell
Et suis tombé sur le dos
A gent was riding by
Un homme passait par là
In a one-horse open sleigh
Dans un traîneau attelé
He laughed as there I sprawling lie
Il a ri alors que j’étais à terre
But quickly drove away.
Mais très vite il est parti.


Now the ground is white
Maintenant le sol est blanc
Go it while you’re young
Fonce tant que tu es jeune
Take the girls to night
Emmène les filles ce soir
And sing this sleighing song
Et chante cette chanson de glisse
Just get a bob tailed bay
Prends un cheval baie à queue courte
Two-forty as his speed
Qui fait du (un mile en) deux minutes quarante
Hitch him to an open sleigh
Attèle-le à un traîneau ouvert
And crack, you’ll take the lead.
Et crac, tu prends les commandes.


Notes

  1. C’est en fredonnant des chansons à six miles pieds au-dessus de la mer que j’appends les langues. J’appelle ça, la méthode à six miles. Je me dois de parler toutes les langues car je reçois des lettres du monde entier. ↩︎
  2. Les hoof grips sont des semi-coussinets placés entre le fer et le pied du cheval. Ils empêchent les accumulations de neige à l’intérieur du sabot. ↩︎
  3. Art de décaler les sons. ↩︎
  4. La peur de décevoir est issue, dit-on, de celle d’être abandonné. Le fait est que la plupart des gens m’abandonnent avant l’âge de sept ans (c’est l’âge du Petit Poucet). J’ai pourtant eu une enfance ordinaire. Notre famille a du fuir Myre à la mort de mon père qui, quelques mois auparavant, avait fait démolir le temple d’Artémis (Myrrh signifie « la cité de la déesse mère » ). Artémis nous a poursuivi jusqu’en Finlande, nous condamnant au froid et à l’obscurité une bonne partie de l’année. Je croise parfois son frère jumeau Apollon, sur son char. Il me parle des cieux, je lui parle de l’âme (vous l’avez ? Il me parle d’essieux, je lui parle de lames). ↩︎
  5. C’est ainsi qu’à Paris l’on dit, si j’en crois la méthode à six miles, « avoir la braguette ouverte » ; ou « avoir la fly à terre », chez vos amis québécois. ↩︎
  6. « James Pierpont » n’est pas une allusion à « J’aime Paimpol » , le début du doux refrain de Théodore Botrel qui, c’est notoire, n’a jamais mis un pied à Paimpol qui, par ailleurs, ne possède pas de falaise ( « J’aime Paimpol et sa falaise » ). La Falaise était, parraît-il, le nom d’une maison de passe de Paimpol ! Mais Théodore préfère la Paimpolaise, c’est la seule chose dont on soit sûr ( « J’aime surtout la Paimpolaise » ). Personnellement, j’aime les Pierrepont de l’Aisne, de la Meurthe-et-Moselle et du Calvados ; mais j’aime surtout Saint-Nicolas-de-Pierrepont, dans la Manche. ↩︎
  7. Sa rusticité ne l’empêche pas d’afficher une excellente performance énergétique : grâce à ses jarres, les longs poils creux emplis d’air qui recouvrent son épais manteau de laine, le renne peut résister aux froids les plus intenses (l’ours blanc utilise la même technologie). ↩︎
  8. Endurant, il doit l’être pour parcourir de grandes étendues, à la recherche de lichens à croissance lente, offrant sur son passage de la nourriture aux grands carnivores (c’est cadeau). ↩︎
  9. Les sabots des rennes (paridigités) ont la capacité de grandir et de rétrécir, selon la saison. Par temps froid, les coussinets de leurs pieds rétrécissent, découvrant le bord des sabots, et se couvrent de poils. Cela donne aux rennes l’adhérence nécessaire pour s’accrocher au sol glissant, sur la neige et la glace. Pendant les mois plus chauds, les coussinets se dilatent et s’assouplissent pour adhérer au sol rendu humide par la fonte des neiges. ↩︎
  10. Les rennes ne sécrètent pas de mélatonine, l’hormone qui aide les animaux à réagir au cycle circadien des jours et des nuits. Débarrassés de cette horloge biologique, les rennes peuvent dormir en été malgré la lumière et brouter en hiver malgré l’obscurité. ↩︎
  11. Ce n’est qu’en 1821 (année de naissance de Flaubert) que l’humanité a put observer mes rennes, dans un poème publié par un imprimeur new-yorkais. Puis une légende vous a permis d’en dénombrer huit et de les identifier : Fougueux, Danseur, Rusé, Fringuant, Comète, Cupidon, Éclair et Tonnerre. On pense évidemment aux huit planètes de notre système solaire. Comme Pluton, observé tardivement en 1930, Rodolphe, mon neuvième renne, a été découvert sur le tard en 1939, dans l’histoire populaire américaine écrite par Robert L. May. Grâce à son nez rouge qui s’illumine, Rodolphe guide mon traineau dans les conditions extrêmes. Mais en 2006, l’Union astronomique internationale a établi que Rodolphe ne pouvait pas être considéré comme un renne, compte tenu qu’au plus fort de la tourmente, il n’a pas fait de cadeau à Madame Bovary. ↩︎
  12. Flaubert, son éditeur et son imprimeur furent poursuivis en 1857 pour infraction à l’article 8 de la loi de 1819, sanctionnant « tout outrage à la morale publique et religieuse, ou aux bonnes mœurs » . La relative jeunesse de cette loi indique que des courants contradictoires parcouraient ce siècle qui s’est achevé par l’affaire Dreyfus. ↩︎
  13. Je suppute qu’il s’agit d’un autoportrait de l’auteur ; mais c’est une autre histoire. ↩︎
  14. Stayin’ alive (rester vivant). ↩︎
  15. Dieu vous bénisse. C’est ce que disent les anglais, là où les français disent, À vos souhaits. ↩︎
  16. On le sait assez peu, le Père Noël a fait des études littéraires avant d’entrer dans la vie active. ↩︎


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