Bestiaire décalé – Le loris grêle


Le loris grêle (de l’ancien néerlandais loeris, « clown »).

Petit prosimien somnambule des forêts et des marais du sud de l’Inde et de Sri Lanka, le loris est un nocturne qui ne se réveille jamais tout à fait. Il se nourrit de végétaux hallucinogènes, d’insectes rêveurs et de petits vertébrés virtuels.

Au moyen de ses yeux immenses, il est capable d’hypnotiser un œuf à plus de cinq mètres en moins de temps qu‘il ne faut pour prononcer le mot « hypnotiser ».

Son goût déficient lui permet de consommer des punaises à l’odeur repoussante. Pour autant il ne compte pas s’éterniser sur cette planète.

Comme son nom ne l’indique pas, le loris déteste se donner en spectacle. Porté par d’intimes convictions, tel le mime Marceau de vingt-deux heures cinquante-cinq, le loris grimpe aux arbres sans effort mais avec une extrême lenteur et d’infinies précautions tant il s’en voudrait de réveiller les feuilles.

Il a pourtant la détente rapide et sûre lorsqu’il s’agit d’étrangler un lézard ou un jeune oiseau. Il mange rarement ses œufs à la coque. Comme la plupart des tueurs en série, il ne se rappelle jamais ses crimes crépusculaires lorsqu‘il regagne, de sa démarche d’automate, son arbre creux.

De la taille d’une peluche, son pelage est d’une douceur extrême, mais ses canines sont empoisonnées.

Notre truc mnémotechnique : grêle comme l’auriculaire du Loris.

Bibliographie : Un loris à Vallauris (roman).


Recette du bestiaire décalé

Partir d’un article sérieux sur un animal improbable aux particularités singulières.

Tout ce qui n’est pas ouvertement fantaisiste doit être vrai.

Par exemple, dans la présentation ci-dessus, j’ai réutilisé les vérités suivantes :

  • nom : loris grêle
  • groupe : prosimien
  • habitat : forêts et marais du sud de l’Inde et de Sri Lanka, arbre creux
  • mode de vie : nocturne
  • régime alimentaire : végétaux, insectes, punaises à l’odeur repoussante, petits vertébrés, lézards, oiseaux…
  • particularités anatomiques et physiologiques : yeux immenses, taille d’une peluche, auriculaire long et grêle, goût déficient, pelage doux, canines empoisonnées
  • comportement : démarche d’automate, lenteur, détente.
  • statut : animal en voie de disparition.

Il suffit de regrouper ces particularités en thèmes plus ou moins anthropomorphiques, de créer des associations d’idée et des oppositions :

  • Inde + nocturne + yeux immenses = somnambule, hallucinogènes, rêveurs , virtuels, hypnotiser
  • yeux immenses + auriculaire long et grêle + lenteur + détente = I.T., extraterrestre
  • goût déficient + punaises à l’odeur repoussante + statut d’animal en voie de disparition + extraterrestre = ne compte pas s’éterniser sur cette planète
  • nocturne + auriculaire long et grêle + canines empoisonnées + démarche d’automate + vivacité + arbre creux + régime alimentaire varié = tueur en série
  • lenteur = mime Marceau
  • pelage d’une douceur extrême + canines empoisonnées = opposition.

Quand vous aurez composé et illustré une centaine de portraits, vous pourrez faire éditer un recueil amusant suscitant la curiosité (à défaut d’être une référence pédagogique).

Dans le même ordre d’idée, n’importe quel « science » peut donner matière à contrepied de nez, l’astrologie par exemple (cf. bibliographie).

BIBLIOGRAPHIE :

  • Sexus animalus – Tous les goûts sont dans la nature (2020) Emmanuelle POUYDEBAT [Le tour du pénis et des relations sexuelles dans le monde animal. Très agréable. Jolies illustrations. J’aurais aimé plus de rigueur et de précision dans certaines descriptions. Mais ce n’est pas un ouvrage scientifique.]
  • L’Astrologie des Insectes, François MOURELET
    Extrait : LA MOUCHE (Capricorne, mon signe)
    Ni original, ni imaginatif, le signe de la Mouche est conservateur, à la limite traditionnaliste. Son orgueil, sa méfiance et sa rigidité en font un être cassant et revêche qui s’applique à rendre pénible l’atmosphère pour son entourage. Froid comme la neige carbonique, il n’aime réellement personne et doute toujours de lui-même. Il résout l’énigme de sa propre existence en fourrant son nez dans les affaires des autres. Certains astrologues expliquent que le natif de la Mouche s’améliore en vieillissant. Rien de moins sûr ! Il est obligé de cacher sa véritable nature pour que l’on prenne soin de lui.
    Mouches célèbres :
    • Marcel Petiot, spécialisé dans l’assassinat des femmes. On a dénombré au moins 63 victimes.
    • Al Capone.
    • Staline, sorte de poète, chantre du Goulag.
    • Jacques Mesrine, petit gangster de banlieue.


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