Le bac de français


Alors, anxieux ?

Au clocher, il est onze heures !

Rassurez-vous, c’est le matin.

Je m’adresse aux jeunes lycéens que l’épreuve de français du baccalauréat inquiète. En écrivant cette phrase je m’adresse en fait aux parents, les seules personnes réellement inquiètes dans cette histoire. Nous savons tous que le lycéen n’est pas de nature inquiète. Bastien ne sera envahi par le doute que cinq minutes avant l’épreuve écrite, lorsqu’il n’arrivera pas à trouver la salle, et cinq minutes après le début de l’épreuve orale, lorsqu’il se demandera pourquoi on lui laisse une demi-heure pour préparer son sujet. Le plus dur pour lui sera alors de faire semblant de réfléchir pendant vingt-cinq minutes. A moins d’être un acteur expérimenté, il est en effet très difficile de faire semblant de s’adonner à une activité qu’on a peu pratiquée. De surcroit pendant vingt-cinq minutes.

Mais assez plaisanté, rentrons dans le dur du sujet !
Commençons par la recette du commentaire composé. Nous verrons après pourquoi ce choix.

Recette du commentaire composé

  1. Lire les essais des grands auteurs sur les auteurs du programme
    • Relever le vocabulaire technique utilisé pour expliquer les œuvres, et s’efforcer d’utiliser systématiquement un certain nombre de ces mots techniques dans chaque devoir (figures de styles, procédés, rythmes, structures…)
    • Identifier les thèmes récurrents des auteurs du programme
    • Identifier éventuellement, l’évènement fondateur de la vie de chaque auteur (son drame, sa désolation, sa quête impossible, son graal, son manque, son angoisse, ses frustration, ses peines…)
    • Noter les trois ou quatre trouvailles (il n’y en a jamais davantage) de ces grands auteurs, concernant le style de l’auteur du programme, et établir des correspondances approximatives mais nécessaires avec les thèmes et obsessions de celui-ci (comment la forme se met au service du fond) : tous les coups sont permis, même les plus approximatifs.
  2. Identifier les oppositions, les paradoxes, l’ironie, la démystification, les ruptures, les contradictions, les décalages, les effets de miroir, les mélanges, les mises en abyme : bref, tout ce qui peut vous permettre de mettre en place les deux sous-parties contradictoires de chacune des trois parties de votre développement.
  3. Identifier la grande idée du genre littéraire auquel l’auteur appartient, identifier en quoi l’auteur est précurseur et peut-être pourquoi il est en décalage avec son époque. Attention, certains auteurs ont plusieurs périodes. Et si votre culture vous le permet, ne pas hésiter à établir des correspondances entre les arts (peinture, musique, etc.). Tout cela peut nourrir l’introduction et la conclusion.
  4. Relier ces éléments entre eux pour dresser un portrait littéraire de l’auteur
  5. Comprendre que les textes d’un auteur peuvent tous être analysés de la même façon (les obsessions d’un auteur et sa signature stylistique se retrouvent dans tous ses textes) ; en tous cas les textes qu’on est susceptible de vous soumettre, car ces textes sont forcément représentatifs de l’auteur.
  6. La composition
    • Introduction : Situation du poème, Enjeux, Approche, Annonce du plan.
    • 1ère partie (opposition de deux sous-parties) : ce qui est évident
    • 2e partie (opposition de deux sous-parties) : le problème de fond
    • 3e partie (opposition de deux sous-parties) : l’originalité de l’auteur
    • Conclusion : on retrouve ces problématiques dans l’ouvrage tout en entier.
  7. La rédaction
    • Utiliser le vocabulaire technique de l’analyse des textes
    • Réutiliser judicieusement le vocabulaire et les images de l’auteur, dans vos explications
    • Ne pas faire de psychologie : le texte peut faire « échos » à un événement biographique, mais ne jamais établir de lien certain. Rester sur le terrain de l’art pour l’art.

Exemple d’application de la recette à une phrase : cliquer ici

Pourquoi le commentaire composé ?

La dissertation exige une grande confiance en soi, un corps sain, un esprit clair, la faculté d’organiser ses idées (mêmes si elles n’ont pas grand intérêt) et une bonne connaissance du cours. Je n’avais pas à seize ans ces capacités.

Le résumé et la contraction de texte exigent une humilité intellectuelle inébranlable, la capacité à ne pas lire autre chose que ce qui est écrit, la capacité à s’effacer derrière le texte, une connaissance du cours pour éviter les contre-sens (ce n’est pas gagné car les textes proposés n’ont pas obligatoirement été écrits par les auteurs au programme), et une bonne technique. Je n’avais pas, à seize ans, ces capacités.

Le commentaire composé exige un esprit imaginatif, émotif mais pas trop, poussé à l’approximation et à la fantaisie (mais pas trop), que ne taraude pas les certitudes et qui n’a pas la propension à juger. Dans le commentaire composé, les interprétations fantaisistes sont volontiers pardonnées pourvu qu’elles soient délivrées dans une structure appropriée avec un vocabulaire technique qui donne l’impression que le sujet est maîtrisé.
D’autre part (bouchez-vous les oreilles) les techniques du commentaire composé peuvent être réutilisées à l’oral ! Ce point démontre l’existence du dieu des tire-au-flanc et des médiocres (dont je faisais partie à seize ans).

En guise de consolation, je conseille à ces jeunes esprits ambitieux, un ouvrage qui les détendra : Le journalisme sans peine (1997) Burnier & Rambaud. Les noms des auteurs présagent du caractère farceur de cet ouvrage édifiant (noms de plume ou noms synthétiques ?)

Et, gâteau sous la cerise, deux ouvrages souvent au programme :

  1. Les illusions perdues (1837) Honoré de BALZAC
  2. L’Education sentimentale (1869) Gustave FLAUBERT

Toutes les épreuves obéissent à des codes qu’il est bon de maîtriser. On y perd en romantisme mais on y gagne en efficacité et en fulgurance (ce n’est pas Baudelaire qui vous dira le contraire). L’esprit a besoin de ressorts. Il n’y a pas de liberté sans contraintes, la poésie en est la meilleure illustration.

Pour se donner bonne conscience, les idéalistes peuvent considérer cette activité comme du pastiche de commentaire composé, une première étape sur le chemin de l’esprit (le jeu, l’imitation et la parodie sont les bases de l’apprentissage). Rien n’empêche d’ajouter de la profondeur par-ci par-là tant qu’on garde suffisamment d’air pour regagner la surface et surtout tant qu’on ne dénature pas la pensée de l’auteur en se trompant de gouffre (le mieux-être est l’ennemi du bien-être : vous avez quatre heures).

Faut-il être un grand lecteur pour réussir ?

Faut-il être un grand lecteur pour réussir aux épreuves du bac de français ? Rappelons en passant qu’il y a deux épreuves et qu’elles ont le même coefficient. Mais ouf, la réponse est non ! Il suffit d’être un lecteur avisé ! Même si l’on étudie plus facilement lorsqu’on est passionné par son sujet (quel que soit le sujet, cela va sans dire).

Faites-vous une spécialité de l’auteur du programme que vous préférez (goût, maîtrise). Vous pourrez ajouter des textes de cet auteur pour gonfler votre liste. Cette hypertrophie ne passera pas inaperçue. Les examinateurs ayant un faible pour les élèves enthousiastes, ils pourraient être tentés d’entendre la prestation d’un passionné pour se reposer des horreurs qu’ils sont tenus d’écouter pour justifier un salaire qui leur permet d’assurer le gîte, le couvert, les études des enfants et quelques voyages à l’autre bout du monde, là où tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté.

Bibliographie

Les manuels scolaires ont fait d’énormes progrès. Voici toutefois quelques ouvrages qui m’auraient aidé.

  • Manuel d’analyse des textes, Histoire littéraire et poétique des genres (2018) VASSEVIERE : bourré d’information, de cas concrets et de savoir-faire. Trop riche peut-être pour l’esprit mal dégrossi d’un enfant de 14 ans.
  • Les figures de style et de rhétorique (1998) Jean-Jacques ROBRIEUX : pas indispensable si vous vous procurez l’ouvrage ci-dessus (Manuel d’analyse des textes…)
  • Dictionnaire de rimes et petit traité de versification (2005) Damien MANERAI (Librio 671) : surtout pour le petit traité de versification. Pas indispensable si vous vous procurez l’ouvrage ci-dessus (Manuel d’analyse des textes…) Le dictionnaire de rime pourrait amuser les adolescents qui pourraient se prendre au jeu, même si, prévenons-les tout de suite, écrire des poèmes n’est pas le meilleur moyen de séduire les filles (quant aux filles, j’ai trop de lacunes pour émettre un avis).
  • La bibliothèque du littéraire (1998) Yannick MERCOYROL : tout ce qu’on attend de vous (culture sur les courants littéraires, axes d’analyse, discours attendu, le tout dans le cadre de l’étude de 80 œuvres que vous ne serez pas obligé de lire – ne rêvons pas, tout de même).
  • Dictionnaire Culturel de la Mythologie gréco-romaine (1992) René MARTIN : vous y reviendrez jusqu’à la fin de vos jours (même s’il est prématuré d’évoquer cet événement funeste).
  • Les 100 mythes de la culture générale (2010) Eric COBAST : pour les feignasses incultes comme moi. Ce Que sais-je mettra en évidence l’étendue de votre inculture et vous convaincra que l’entreprise est vouée à l’échec : ne l’achetez pas ! En même temps c’est un Que sais-je, vous n’allez pas vous ruiner. Et puis c’est distrayant.
  • Ceci n’est pas un manuel de philosophie (2010) Charles PEPIN : pour fortifier l’esprit et gagner en profondeur, tout en préparant l’épreuve de philosophie de terminale (ma fille a obtenue la note de 20 sur 20 au baccalauréat grâce à cet ouvrage, on ne peut pas faire meilleure pub). Vous pouvez le trouver chez Librio en plusieurs tomes bon marché, mais je préfère le tout-en-un de chez Flammarion pour deux raisons : primo vous ne risquerez pas de passer à côté du tome qui vous sauvera la vie, secundo le lycéen souffre d’une propension au désordre jusqu’à l’égarement.

Mon expérience du bac de français

Quelle fut mon expérience du bac de français ? Comment je m’en suis sorti ?

Mes parents étaient des gens ouverts mais pragmatiques. Pendant la journée, ma mère entassait des briques ou des parpaings sur toute la surface de notre future maison. Le soir, après sa journée de travail, mon père ajoutait deux rangées de moellons à notre nid. C’était déjà notre nid car nous investissions les étages au fur et à mesure que la construction progressait.

Quand mon père eut terminé de fabriquer la bibliothèque (toute maison digne de ce nom devait abriter une bibliothèque) la question ne se posa pas de savoir avec quoi la remplir. Nous avions patienté cinq ans pour avoir chacun notre chambre, nous n’avions pas de doute sur le fait que la bibliothèque finirait par se remplir. C’est ainsi qu’au fil des années apparurent Tout l’univers, l’Encyclopédie internationale des sciences et des techniques, la revue Planète (spécialisée dans l’inexplicable) ainsi que Le Matin des magiciens de Jacques Bergier et Louis Pauwels, des encyclopédies sur les animaux de la savane et d’ailleurs, les écosystèmes extrêmes, les villes prodigieuses dont nous recevions les volumes tous les deux mois. Il y avait aussi quelques romans que nous obtenions en cumulant les points de fidélité de la station service, Gigi (1944) de Colette, Le Diable au corps (1923) de Raymond Radiguet… Je n’avais pas accès à l’étagère du haut sur laquelle se trouvaient quelques romans érotiques. Côté musique nous disposions des neuf symphonies (1800-1824) de BEETHOVEN (1827), d’un disque de bourrées auvergnates dont je jouais les airs avec ma flute à bec, du Disque d’or (1965) de Sydney BECHET (1959), de plusieurs disques de musique des Andes du groupe Los Calchakis (1960), d’un 45 tours de Maurice CHEVALIER (1972), d’Amsterdam (Olympia 1964) de Jacques BREL (1978), de l’intégrale des chansons de Georges BRASSENS (1981).

Autant vous dire que je partais de loin. J’entrai en seconde avec pour bagage Georges BRASSENS (1981), Le Grand Meaulnes (1913) d’Alain-Fournier (1914) que nous avions étudié en quatrième, et deux livres que j’avais trouvés dans la petite armoire en libre-service au fond du couloir qui séparait la Troisième A de la Troisième B. Notre professeur de français, une vieille dame que nous rêvions tous d’avoir pour grand-mère, me répétait, il faut lire, il faut lire, vous allez entrer en seconde et vous n’avez rien lu (j’étais le seul de ce lycée de province à passer en seconde mais elle nous vouvoyait). Le premier de ces livres, Nadja (1928) d’André Breton m’avait donné accès à un univers onirique insoupçonné (jamais, et cela m’attriste, je ne retrouverais ce sentiment lorsque, bien plus tard, je relirais avec difficulté ce livre). Le second (car il n’y avait pas de troisième) était L’Arrache-cœur (1953) de Boris Vian, un livre dont la noirceur m’avait subjugué. Je n’en revenais pas qu’on pût écrire des choses pareilles. Ce n’étaient pas des lectures faciles pour un garçon de quatorze ans. Au moins je ne me faisais pas une petite idée de la littérature et ne prenais pas la chose à la légère.

En seconde, j’eu la chance de tomber sur une professeure de français non conventionnelle. Tous les lundis, elle se pointait teinte en rousse dans une robe en velours marbré qui lui descendait jusqu’aux ballerines. Elle était petite, et maigre comme un clou. Ses ongles multicolores ne rassuraient pas sur ses capacités à modeler nos jeunes cerveaux afin qu’ils fussent aptes à affronter les épreuves qui les attendaient, à la vie comme à la scène. Elle posait ses fesses sur le bureau, croisait les jambes et demandait, alors qu’est-ce que vous avez lu ce weekend ? Je m’aperçu ainsi que certains élèves étaient passionnés par la littérature, que chaque weekend ils lisaient un nouveau livre, que chaque lundi ils en parlaient avec émotion et enthousiasme, que j’étais un gros nul. Je devins jaloux de leur érudition, jaloux de ce plaisir que je ne connaissais pas, jaloux de ne pas être dans le coup. La professeure ne manquait pas d’en rajouter en indiquant à chaque fois de nouvelles lectures, du même auteur ou d’un auteur différent : « si vous avez aimé celui-ci vous aimerez sans doute celui-là ». Ces paroles me déchiraient la poitrine. Il y avait du sang partout. Les œuvres se ramifiaient, se fracturaient, se dupliquaient à l’infinie à travers l’histoire et les pays, dans un tourbillon vertigineux.

C’est ainsi que je me mis à la lecture, dévorant plusieurs livres par semaine. Tout y passait, romans, poésie, théâtre, essais, philosophie, psychologie, éthologie, linguistique

Le problème, en ce qui concerne l’objectif de cet article, est que ma motivation de lecteur impénitent n’avait rien à voir avec la volonté de préparer le bac de français. Ce fut un hasard, un problème d’amour-propre (l’amour-propre est un amour stérile), une sorte de sauvagerie intellectuelle, probablement de nature hormonale. Quoi qu’il en fut, les planètes semblaient vouloir s’aligner.

Cependant, ma boulimie de lecture ne me permis pas de dépasser le onze sur vingt en dissertation durant toute la seconde. La rencontre avec les grands esprits m’avait convaincu que je n’avais rien à dire d’intéressant, que je n’avais aucune légitimité et que ma langue était pâteuse. Je n’avais pas encore compris que l’humanité n’avait que trois ou quatre problèmes fondamentaux et que les penseurs s’évertuaient (acharnement thérapeutique ?) à proposer des systèmes de pensée de complexité variable, propres à tous les considérer sinon à les résoudre. Même si j’étais friand des théories des uns et des autres, il m’était impossible, à mon niveau, d’avoir des idées arrêtées sur les choses et leur foisonnement. Quant à organiser une pensée et à argumenter, cela dépassait mon entendement tant le sujet me semblait vaste et hors de portée. Je préférais les mathématiques où les règles étaient claires et les résultats attendus prévisibles.

Par ailleurs, le résumé et la contraction de texte me posaient des problèmes insurmontables. Je trouvais toujours de multiples interprétations aux phrases de l’auteur et je ne retenais jamais les significations qui étaient attendues par les professeurs.

Le commentaire composé vint à mon secours. En particulier parce qu’il y était souvent question de poésie et qu’en ce domaine, les interprétations sont les bienvenues.
D’autre part (bouchez-vous les oreilles) les techniques du commentaire composé peuvent être réutilisées à l’oral !

Je considérais ce point comme un cadeau du ciel.

En classe de première, je mis tous mes œufs dans le commentaire composé dont je devins un petit spécialiste. Un jour, le leader du clan des asiatiques, un génie des mathématiques, passionné de pêche à la mouche, qui par ailleurs avait d’excellentes notes en dissertation, me donna rendez-vous en fin d’après-midi entre deux cours pour que je leur expose ma technique du commentaire composé. Il y avait là son grand frère, nettement moins brillant (leurs parents, des chinois, élevaient des poulets ; les deux garçons deviendraient rhumatologues) et deux orphelins dont les parents avaient été massacrés par les Khmers rouges (ils s’orienteraient vers des écoles de commerce). L’un était triste et intelligent. Il entrerait à HEC après une seule année de prépa ; il disait qu’il avait tout perdu, que le travail était sa seule raison de vivre. L’autre était mignon, enjoué et délicat mais peinait dans toutes les matières. J’étais ami avec ce dernier. Tous étaient internes, solidaires et parlaient avec des accents prononcés.


En ce qui me concerne, le résultat des courses dépassa mes espérances (à l’écrit sur un poème d’Apollinaire et à l’oral sur un poème de Baudelaire).

Mes camarades asiatiques ne surent pas exploiter ces recommandations et s’en tinrent à la dissertation. Mais cela ne doit pas vous décourager (ma fille a obtenu des résultats encore meilleurs en appliquant cette méthode).

Au dernier moment, j’avais ajouté à ma liste une série de poèmes de Baudelaire (je ne savais pas qu’on avait le droit d’étoffer sa liste avec des textes de son choix). J’avais sélectionné rapidement des poèmes supplémentaires représentatifs de cet auteur dont je m’étais fait une spécialité. Je suis tombé sur Harmonie du soir, un poème que je n’avais ni étudié, ni préparé. Ça n’a posé aucun problème. Il faut dire que j’ai bénéficié d’un public sur mesure en la personne d’un prof de français maudit à la pensée destroy, tout de noir vêtu.

Lord Byron

Exemple d’application de la recette à une phrase : cliquer ici

Exemples d’auteurs passés à la moulinette : rédaction en cours



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