SOMMAIRE
On entend par là une séance de lecture s’étalant sur plusieurs heures, voire plusieurs jours, le plus souvent un weekend.
Voici ma définition : lectures parallèles, sur une période d’environ un mois, d’une dizaine de livres préalablement sélectionnés pour leur variété de propos et de style. L’objectif étant de proposer un résumé très subjectif de la magie de chaque ouvrage et d’établir une cartographie des adhérences entre des œuvres qui n’étaient pas prédestinées à se rencontrer.
Au fond, on en revient toujours au même, qu’est-ce qui fait que des êtres se rapprochent ou s’éloignent les uns des autres ? La vie aussi est un marathon qui se termine comme il a commencé, quelque part sur une plage de l’Attique, que l’on a quitté pour mieux y revenir.
Exemple de liste de livres
- Le hussard bleu (1950) Roger Nimier
- L’insoutenable légèreté de la guerre
- Son roman le plus célèbre (fondateur)
- Le chemin étroit vers les contrées du Nord (1976) Matsuo Basho traduit par Nicolas Bouvier
- Le monde est la seule issue
- Poésie et spiritualité
- La salle de bain (1985) Jean-Philippe Toussaint
- De l’impossibilité de vivre (la salle de bain est la seule issue)
- Premier roman (expérimental)
- Les petits maux d’amour (1989) Patrick Besson
- De l’impossibilité d’aimer
- Premier roman (roman de non-apprentissage)
- Tokyo vice (2009) Jake Adelstein
- De l’impossibilité d’éradiquer le mal
- Témoignage d’un journaliste
- Echapper aux tueurs (2011) Matthieu de Boisséson
- De l’impossibilité d’éradiquer l’optimisme
- Chroniques
- Meursault, contre-enquête (2013) Kamel Daoud
- Le fabuleux tremplin de Kamel Daoud
- Premier roman
- Heureux les heureux (2013) Yasmina Reza
- Veuillez accepter l’expression de notre ironie la plus sincère
- Portraits
- La petite foule (2014) Christine Angot
- Veuillez accepter l’expression de notre sincérité la plus ironique
- Portraits
- Alabama 1963 (2020) Ludovic Manchette et Christian Niemiec
- Premier degré à une inconnue
- Premier roman (policier)
- La vie secrète d’un cimetière (2022) Benoît Gallot
- Guide pratique de la vie après la mort
- Témoignage d’un professionnel
Ces ouvrages ont été choisis pour la qualité de leur style.
Première approche
J’ai commencé par ouvrir Le hussard bleu. J’ai très vite été irrité par l’ambition démesurée de l’auteur, trop évidente, de vouloir s’imposer comme le Céline de la seconde guerre mondiale (ou de la deuxième si l’on est un épouvantable pessimiste), avec des influences joyciennes sous-jacentes. La barre est haute. Il faudra y revenir avec un élan plus grand, genre mégalocéros :
« Ce putain de Sanders a descendu Lavollée. Alors, je fais celui qui n’a rien vu et je me rends à la grange. Je sifflote un air militaire en tournant les épaules comme un mataf. La cavalerie c’est tout pareil à la marine : on est des chauds lapins, la tête près du bonnet et un coin de rêve dans son paquetage, parce que la chose du sentiment, il faut la respecter. »
J’ai ensuite lu une grosse moitié de La petite foule de Christine Ango. Quel plaisir de retrouver une voix et de découvrir une oreille, aussi. Un foisonnement jubilatoire ou émouvant de portraits de fausses gens de la vraie vie. Un livre auquel on revient. La première phrase donne le ton :
« Il est à la fois complexé et content de lui, tout de suite quand il vous voit, en entrant dans le restaurant où vous avez rendez-vous et où vous l’attendez depuis vingt minutes, il vous sourit, pour signifier à quel point il est heureux de vous retrouver. »
J’ai lu presque d’une traite La salle de bain de Jean-Philippe Toussaint. L’efficacité d’un suspense indétectable :
« Je fis lentement le tour de la pièce, examinait les livres de la bibliothèque, allaient regarder par la fenêtre. Il faisait déjà nuit. J’espère que vous aimez les rognons, me dit la maîtresse de maison. Oui il les aime répondit mon médecin. »
Le chemin étroit vers les contrées du Nord, de Basho, sont un baume pour le cœur et l’esprit. J’en avale un tiers d’un coup en traitement de choc et garde le reste pour la route. Il fait écho en moi à la lenteur des chemins quand on a aucune destination. Le solitaire est toujours bien accompagné :
« L’intendant du seigneur, notre ami Joboji, prêta des chevaux pour l’excursion. L’homme qui tenait le mien par la bride me pria chemin faisant de lui composer un poème. Etrange marque de finesse de la part d’un simple palefrenier. Ayant un instant réfléchi, j’improvisai pour lui, dans le genre maniéré, la strophe suivante :
Par le détour de la lande
mène mon cheval
jusqu’où le coucou chante. »
Avec Heureux les heureux, Yasmina Reza embarque le lecteur dans la logique implacable de chaque portrait. C’est à la fois drôle et cruel. Elle sait qu’elle nous tiendra jusqu’au bout du chapitre. Mais le lecteur essoré hésitera à entamer le suivant tant il appréhendera ce qui l’attend. Réussir à lire la moitié du livre d’une seule traite exige une force d’âme peu commune :
« Je ne sais pas ce qui s’est détraqué. Comment nous sommes passés d’une passion puérile à ce… je ne sais pas quel mot employer… ce dérèglement de l’esprit ? De l’être ? Un soir, à table, nous étions tous les trois dans la cuisine, Lionel a dit à Jacob qu’il était fatigué de l’entendre faire le clown en québécois. J’avais préparé un petit salé aux lentilles. »
Je vous mets au défit d’imaginer l’avant et l’après.
J’ai lu d’une traite la moitié de Les petits maux d’amour de Patrick Besson. Une liberté de forme qui se heurte aux limites des sentiments. C’est là la dimension tragique de ce premier roman. Des enfants terribles qu’un style insolent fait tournoyer dans le non-sens des aiguilles d’une montre qui bat comme un cœur perforé :
«
- Le printemps approche regarde.
Il me désigna la ligne rousse qui suivait l’alignement des toits.
- Ce n’est pas une preuve, dis-je d’une façon assez absurde.
- Je suis en train de penser que je suis seul.
- Tout le monde l’est.
- Tu peux partir si tu veux.
- Je t’ennuie ?
Il se tourna vers moi.
- Non, mais je voudrais rester seul un moment.
Sa peur et sont faux génie m’ennuyaient. Je suis parti. Nous ne nous sommes pas revus. »
Dans La vie secrète d’un cimetière, Benoît Gallot nous ouvre les portes d’un univers paradoxal, plein d’une sombre fraîcheur, où un monstre bienveillant dévore les rêves de hommes et où les tombes ne veulent pas mourir :
« Pour accompagner cet essor de la pratique crématiste tout en s’efforçant de conserver le patrimoine funéraire du XIXe siècle, l’administration restaure des chapelles funéraires abandonnées pour les transformer en columbarium, et ainsi leur offrir une nouvelle vie. »
J’ai commencé Meursault, contre-enquête, de Kamel Daoud, mais il faut que je reprenne ma lecture à la première page. Il faudrait aussi que je relise l’Etranger d’Albert Camus car celui-ci est mort l’année de ma naissance.
« les gens en parlent encore, mais n’évoquent qu’un seul mort – sans honte vois-tu, alors qu’il y en avait deux, de morts. Oui, deux. La raison de cette omission ? Le premier savait raconter, au point qu’il a réussi à faire oublier son crime, alors que le second était un pauvre illettré que Dieu a créé uniquement, semble-t-il, pour qu’il reçoive une balle et retourne à la poussière, un anonyme qui n’a même pas eu le temps d’avoir un prénom. »
Je n’ai pas réellement commencé la lecture de Echapper aux tueurs de Matthieu de Boisséon mais je suis certain que le premier paragraphe du livre tiendra sa promesse :
« S’inquiétant de mon état morose, mon ami J.L., qui travaille dans la mode, m’annonce la venue chez moi, pour une fashion week, de quatre mannequins de nationalités diverses. Je pense qu’il plaisante. Un soir, je les trouve toutes les quatre à m’attendre sous le porche avec de nombreux bagages. Elles devaient rester une semaine. Elles resteront trois mois. »
J’ai parcouru, il y a longtemps, Alabama 1963, écrit en Bretagne, me semble-t-il. Il est temps que je m’attaque à ce petit chef-d’œuvre (15 prix littéraires). Je suis tombé par hasard sur cette bien bonne, page 32 :
« J’en ai une bonne sur les nègres. C’est des parents qui trouvent une machine à blanchir. Alors vous pensez bien qu’ils veulent l’essayer tout de suite ! Le père rentre dedans, et putain, il ressort tout blanc ! Après c’est au tour de la mère. Pareil, elle ressort toute blanche ! Après c’est au tour du gamin mais il ne veut pas. Ils ont beau insister, le gosse veut pas et court se planquer. Les parents le cherchent dans toute la baraque et, au bout d’un moment, le père se tourne vers sa bonne femme et il lui dit : « Bon Dieu ça fait pas dix minutes qu’on est blancs et on est déjà emmerdés par un nègre ! » »
Presque 500 pages, le plus gros de ces bouquins – une interview de Quotidien – Tockyo vice de Jake Adelstein (on donnerait facilement ce nom à un personnage) propose du lourd. A côté, la fiction ne fait pas le poids (les romanciers essaient de nous faire croire qu’il ne se passe rien dans la vraie vie) : « Quoi qu’il en soit, dès que les événements se sont déplacés vers la Suisse, la Dinde et l’assistant de Harry se sont occupés de couvrir l’affaire. Le blanchiment d’argent était trop compliqué pour ma petite cervelle, et j’avais d’autres pistes sur le feu. En particulier, cette mystérieuse greffe du foie de Goto Tadamasa. »
Premières tentatives de rapprochements
De la tentative à la tentation, il n’y a qu’un pas, que l’on franchit sans s’en apercevoir.
Heureux les heureux (2013) Yasmina Reza et La petite foule (2014) de Christine Ango
La provocation du pléonasme (Heureux les heureux) ou la facilité de l’oxymore (La petite foule) ?
Reza pousse le réel dans les retranchements de la fiction en donnant l’impression qu’il s’agit d’un réel qui dépasse la fiction. La fiction comme pléonasme du réel. Elle commence par vous caresser les cheveux puis vous plonge la tête dans l’eau croupie du lavabo. Vérifier les niveaux avant de passer au portrait suivant.
Ango décortique le réel avec une bienveillance sournoise (tient, un oxymore) jusqu’à ce qu’il devienne filandreux, qu’il colle au dents, qu’il imbibe, pour finalement s’évaporer comme par miracle, tel le rose oriflamme de la barbe à papa. On passe au portrait suivant, un sourire au fond du bocal qu’on a hâte de remplir.
Les petits maux d’amour (1989) Patrick Besson et Le hussard bleu (1950) Roger Nimier
Je viens de terminer Les petits maux d’amour. La fin de l’adolescence est sans doute la période la plus vive de l’existance. L’auteur n’y va pas avec le dos de la désinvolture :
« Je me suis levé tard. Les deux filles étaient déjà parties. J’appris plus tard, par Aude, que Florence leur avait interdit de me réveiller. Je pris mon petit déjeuner dans la cuisine. Florence s’est assise face à moi. Elle m’a souri.
- Il y a quelque chose qui ne va pas ?
J’ai bu une gorgée de lait.
- Tu n’en as pas assez de ces gamines ?
- Je suis malheureux sans elle.
- Ce n’est pas sérieux. Tu as dix-huit ans quand même.
- Oui ma chérie.
- Tu te perds.
- Ne prenons pas ça au tragique.
- D’autant que nous avons toute la matinée devant nous.
Nous fîmes l’amour sur son lit qui, lui, n’avait pas été fait. »
Cette désinvolture lutte à armes inégales avec la vie sans lendemain qui se profile :
« Le lendemain était une grande ville grise sans lendemain que j’ai tout de suite aimé, une grande ville pleine de tramways et de pluie avec des bruits de ville, effacée comme seules savent l’être les capitales d’Europe centrale. La voiture verte a fait sensation. La ville sentait déjà l’automne, et l’automne me rapprochait d’Aude, et je la revoyais rire dans un pull trop long pour elle, sous quoi on ne voyait plus ses seins, de tout petits seins mous. Je l’ai Désiré auprès de moi, à travers les rues mouillées de la ville. J’ai Désiré son rire et la clarté de ses yeux, la façon qu’elle a de pleurer, elle pleure si souvent. J’ai Désiré ses larmes. »
Je n’ai pas encore attaqué Le hussard bleu. Je vais tout faire pour retrouver de cette désinvolture tragique au prise avec une guerre sans lendemain. Je vais lire un livre en pensant à un autre. C’est merveilleux. Je vous dirais.
Désinvolture, désinvolture, c’est vite dit. Plusieurs jours plus tard, je n’ai pas dépassé la page 60. J’ai du mal à saisir les personnages. Je m’attends trop à quelque chose de formaté. J’enrage. Il faut que je lâche prise et me concentre sur la lecture.
Pour faire passer la pilule, j’ai attaqué Alabama 1963. « Attention, nuit blanche assurée ! », prévient Le Parisien. « Autant vous prévenir tout de suite : il vous sera impossible de fermer l’œil à cause ou plutôt grâce à ce formidable premier roman. », infantilise Femme Actuelle. Le fait est qu’au bout de trente-huit pages (page 48), le lecteur a une idée claire des personnages : des peaux de vache aisées, blanches, emploient des femmes de ménages noires ; un privé tombé très bas après s’être fait viré de la police pour vol ; il est sollicité par les parents (noirs) dont la fillette de dix ans a disparue depuis une semaine (le lecteur sait d’entrée qu’elle est morte et qu’elle a été probablement violée). Il reste au privé, deux amis de la police qui ne l’ont pas lâché : un bas du bulbe de cinquante-cinq ans et un jeune éphèbe qu’il avait cornaqué à son arrivée dans la maison, beau, mesuré… J’en ferais bien mon coupable. Enfin, une femme de ménage noire, veuve avec quatre enfants (dont une fille débrouillarde) et un beau-frère envahissant. Elle a sa dignité. Une farce (fausse petite annonce) des deux amis du privé conduit cette femme à rencontrer celui-ci. On se doute que le privé va mener l’enquête en se faisant aider de cette femme. Tout semble les opposer mais ils sont tous les deux bannis de la société, l’un pour avoir commis l’irréparable, l’autre parce qu’elle est noire.
Eh bien, oui. Il faut l’admettre, la formule est éculée mais elle fonctionne !
Prendre un héros (le privé) en-dessous de tout pour donner une dimension biblique à sa quête : résoudre l’affaire lui permettra de se racheter à ses yeux et aux yeux de la société. Mais l’on sait que la quête sera semée d’embûches (loi du silence, solidarité blanche, idées reçues sur les noirs) et assez peu valorisante (il va devoir probablement accuser un blanc, peut-être un de ses amis). Ca va se terminer en eau de boudin mais on veut y croire.
Voilà, c’est ça qui va vous empêcher de dormir ! Du machisme, de la folie, de la cruauté, de la bêtise, des bons sentiments, l’espoir de jours meilleurs et cette bonne violence des saloons, le tout sur fond de racisme, de pauvreté endémique et d’inégalités sociales exacerbées.
Ce qui devait arriver arriva : j’ai lu d’une traite le reste de l’histoire. L’enjeu de ce type de roman est d’accrocher le lecteur. Après, il ne reste plus qu’à dérouler.
Techniquement :
- La femme fait des ménages, ce qui permet de passer sans transition d’un milieu à l’autre.
- Les fautes sont équitablement réparties : le coupable est un blanc mais la suspission ambiante permet de démasquer côté noir, un oncle indélicat et un père qui a mis sa fille enceinte.
- Côté enquête, c’est le calme plat : La police n’investigue pas car les victimes sont noires et le privé est trop dégradé physiquement et mentalement pour être efficace.
- Les fillettes noires sont découvertes les unes après les autres, violées et assassinées, sauf la dernière qui sera sauvée in extremis.
- L’enquête avance tout de même à reculons, au prix d’un deus ex machina de malade : une vieille femme blanche, excentrique et sympa, raconte ses rêves troublants à sa femme de ménage.
- L’émotion repose sur la fibre parentale.
Assez peu d’approximations :
- Le privé vit dans un gourbi infame, inconscient une partie de la journée, avec un chien et un chat qui chient partout ; mais à côté de ça une partie d’échecs au long cours (un coup de temps en temps) est engagée entre lui et son ancien jeune collègue. Je ne vois pas comment des pièces pourraient conserver leurs places sur un échiquier pendant des mois, dans ces conditions.
- La vieille femme médium est sympa avec ses deux employées (la femme de ménage et la cuisinière) ; mais pourquoi le lien se renforce-t-il maintenant ? Pourquoi pas plus tôt (les employées sont à son service depuis longtemps) ? Les auteurs ont sans doute voulu exploiter ce rapprochement pour titiller la fibre de l’espérance du lecteur.
Côté évolution des personnages :
- Le privé prend goût à la propreté, change de point de vue sur les noirs, arrête de boire, finit par comprendre qu’il a été accusé et banni à tort, vit une forme de rédemption concernant un ancien traumatisme.
- La femme de ménage trouve des employeurs bienveillants, apprend à lire et à conduire, change de point de vue sur les blancs et sur les chiens, prends confiance, relativise le regard d’autrui, se débarrasse d’un beau-frère toxique, devient le maillon fort de l’enquête.
- Le coupable passe du statut d’ange à celui de démon.
- Les noirs et les blancs ont une ou deux occasions de se mélanger, sur fond d’assassinat de Kennedy. L’histoire est en marche.
En résumé :
- Une accroche forte : des personnages opposés amenés à coopérer dans un environnement sur fond de ségrégation raciale
- Un enjeu fort : arrêter un sérial killer de fillettes noires
- Deux personnages convergents qui partent de très bas pour évoluer de façon spectaculaire
- Le reste n’a plus d’importance (enquête en friche, deus ex machina) : peut-être parce que la justice n’est pas de ce monde ?
Maintenant que j’ai bien pleuré et que j’ai mis au jour les rouages du succès provisoire, je vais pouvoir reprendre la lecture du Hussard bleu avec une motivation nouvelle. Palsambleu ! Avec l’espoir persistant de le comparer avec bonheur aux Petits maux d’amour !
Je viens de prolonger La petite foule et La salle de bain sur le site de la bibliothèque Andrée Chedid.
Ca y est, la machine est lancée. Pour lire Le hussard bleu, il suffit de lâcher prise, ne plus attendre ce besoin d’histoire et se concentrer sur la langue. Ne pas anticiper, ne pas s’inscrire dans une narration, mais se laisser porter par le propos, le point de vue, le vocabulaire, le style. Ne pas se tromper d’enseigne.
L’histoire, vous la connaissez, la 2e guerre mondiale. Enfin, vous croyez la connaître. Quoi qu’il en soit, la guerre ne propose pas un futur. Ne vous accrochez pas à des chimères. Vivez le présent comme une infamie.
Lisez comme vous liriez Les Chants de Maldoror. « Seul la haine ou l’amusement peuvent donner cette solitude aux mots. »