A quoi servent les devinettes ?


La réponse est simple : à s’amuser !

Certains trouvent du plaisir à les composer, d’autres à les poser, d’autres à les résoudre (ou à essayer de les résoudre), d’autres à les comprendre, d’autres à se les faire expliquer, d’autres à en apprécier les ressorts. Ce ne sont pas toujours les mêmes personnes. Mais toutes vont en juger la qualité, chacune selon des critères différents et non répertoriés à ma connaissance. Car une devinette est un petit objet d’art. Un art mineur, il ne viendrait à personne l’idée de placer ses économies dans une devinette, on a déjà suffisamment de problèmes avec les bitcoins. Je ne crois pas qu’il existe de droits d’auteur pour les devinettes. Elles viennent parfois de très loin et leurs versions sont nombreuses.

Voici des exemples de devinettes et leurs procédés de fabrication. Dans un autre article, nous verrons comment proférer des fausses vérités ou des vérités invraisemblables (canular). Le moment venu, nous verrons aussi comment l’énigme permet de passer à la production d’un texte plus rédigé.
Mes élucubrations indigestes sur la théorie de la devinette se trouvent à la fin de cet article (cliquer ici si vous y tenez).

Pour l’heure, restons-en à la devinette carambar (mais la devinette carambar de qualité : au beure salé de Guernesey !)

Les devinettes carambar

Pourquoi un clavier AZERTY protège-t-il contre les menaces informatiques ?

  • Réponse : parce qu’un clavier AZERTY en vaut deux !
  • Remarque : il est vrai que le fait d’être averti est un plus en matière de sécurité informatique, même si « AZERTY » n’est pas le plus efficace des mots de passe.
  • Pourquoi c’est drôle : le calembour est inattendu et la promesse est vaine compte tenu des forces en présence.
  • Procédé : calembour
  • Comment ça vient : à partir de l’expression, chercher des sonorités voisines.

Où le diable fait-il ses courses quand il descend à Paris ?

  • Réponse : au Bazard de l’Hôtel Devil (devil signifie diable en anglais)
  • Remarque : on trouve tout au Bazard de l’Hôtel Devil, même le diable !
  • Pourquoi c’est drôle : le jeu de mot est franco-anglais
  • Procédé : jeu de mot
  • Comment ça vient : à force d’arpenter les rues de Paris
  • Mise en scène : donner la réponse et laisser du temps à l’auditoire avant d’expliquer. Il y a souvent deux devinettes en une : la deuxième devinette consiste à essayer de comprendre la solution de la première !

Pourquoi les chats aiment-ils mordiller le fil du téléphone ?

  • Réponse : parce qu’il y a de la friture sur la ligne !
  • Pourquoi c’est drôle : on rapproche deux champs lexicaux différent (chat/poisson et friture/téléphone) au moyen d’un troisième qui en constitue une intersection (poisson/ friture)
  • Procédé : comme souvent, on part d’une expression
  • Comment ça vient : un jour, chez des amis qui se plaignaient que leur chaton mordillait le fil du téléphone, ça m’est venu comme ça, ils étaient en train de faire cuire des sardines (je ne sais pas si je me souviens ou si j’invente cette histoire de sardine, c’était il y a longtemps).

Quand un croque-monsieur rencontre un croque-madame, que font-ils ?

  • Réponse : ils font croque-croque !
  • Pourquoi c’est drôle : parce que l’ancienne expression, comme la nouvelle, conviennent au contexte (monsieur et madame).
  • Procédé : détournement de l’expression « faire crac-crac »
  • Comment ça vient : la notion de couple et l’expression « faire crac-crac » appartiennent au même champ lexical (elles sont donc reliées d’une façon ou d’une autre dans le cerveau) ; de plus il existe une similarité onomatopéique transverse entre crac et croque.

Que dit le rat pour exprimer sa joie, quand sa femme est enceinte ?

  • Réponse : j’ai la rate qui se dilate !
  • Pourquoi c’est drôle : la polysémie de rate est plaisante ; et l’image de la dilatation aussi. Rappelez vous le sketch Madame Sarfati d’Elie KAKOU : « Je suis pas grosse, je suis dilatée. Oui dilatée. Oui hé, c’est normal quand on a eu douze enfants, comme moi » (la rate en a douze, mais en même temps !)
  • Procédé : comme souvent, le ressort est une expression
  • Comment ça vient : à force de penser à l’expression « J’ai la rate Qui s’dilate » dans la chanson Je n’suis pas bien portant (1932) de Gaston OUVRAR, un comique troupier (un genre inventé par son père). Cette chanson passait encore à la radio dans les années 60, à l’époque c’est ma mère qui m’apprenait à lire, écrire et compter. J’y pense assez souvent car ma mère est décédée d’une maladie de la moelle osseuse. La rate est un organe hématopoïétique qui prend le relai quand la moëlle n’assure plus ; du coup la rate se dilate (hématopoïétique : qui fabrique des cellules sanguines).

Comment appelle-t-on une blouse blanche avec des tâches noires ?

  • Réponse : Une blouse de vache !
  • Pourquoi c’est drôle : on est au ras des pâquerettes (les pâquerettes sont jolies mais elles ne sentent pas bon, vous avez remarqué ?)
  • Procédé : une réponse au ras des pâquerettes (c’est le cas de le dire) ancrée par un jeu de mot approximatif, au ras des pâquerettes lui-aussi.
  • Comment ça vient : c’est parti de la réponse. Un jour j’ai pensé blouse au lieu de bouse, un lapsus que j’ai cherché à exploiter. bouse a tiré tache. Blouse/bouse et tache appartiennent à un même champ lexical, il n’y avait pas à chercher bien loin.

Comment Toto fait-il pour connaître les capitales de tous les pays ?

  • Réponse : la capitale d’un pays est facile à trouver, c’est sa première lettre !
  • Remarque : quel guignol ce Toto !
  • Pourquoi c’est drôle : la réponse est évidente et on s’en veut de ne pas avoir trouvé. Pour un peu on dirait « ouah, c’est nul » ; mis on ne le dit pas parce que c’est celui qui dit qui y est ! Et puis c’est Toto ! On ne va pas se comparer à Toto !
    De plus, la formulation de la réponse se veut drôle (genre, je suis un petit malin !)
  • Procédé : polysémie du mot capitale (dérivé du latin caput, « tête »).
  • Comment ça vient : comme ça (polysémie), ça devient une habitude, quand on dit ou entend quelque chose, de chercher les polysémies et les homophonies (même sons : j’ai mal / j’aime Al)

Que dit la grenouille à une autre grenouille qui éternue ?

  • Réponse : à tes anoures !
  • Pourquoi c’est drôle : ce n’est pas si drôle que ça, car tout le monde n’est pas professeur de SVT. Les anoures sont un ordre d’amphibiens (du grec an, privatif, et oura, queue : sans queue). La grenouille et le crapaud sont des amphibiens anoures. C’est une devinette qu’on peut poser en salle des profs.
  • Procédé : comme souvent, le ressort est une expression assortie d’un jeu de mot.
  • Comment ça vient : en partant de l’expression d’origine ; amour et anoure étant probablement stockés côte à côte dans le cerveau, anoure a montré son nez ; il ne restait plus qu’à trouver un contexte.

Comment les dinosaures ont-ils disparus ?

  • Réponse : ils ont été éliminés par un tirajossaure !
  • Remarque : il y a un semblant de vraisemblance car tyrannosaurus fut l’un des derniers dinosaures non-aviens (non oiseau) à avoir vécu jusqu’à l’extinction survenue à la limite Crétacé-Paléogène il y a 66 millions d’années (mais ça je ne le savais pas quand j’ai inventé cette devinette).
  • Pourquoi c’est drôle : le jeu de mots est amusant
  • Procédé : un gros jeu de mots des familles.
  • Comment ça vient : tyrannosaure est difficile à orthographier et parfois à prononcer, la langue fourche, tyrajosaure est apparu (mutation), appelant tirajossaure.

Quel est le contraire d’une chauve-souris ?

  • Réponse : une souris chauve
  • Pourquoi c’est drôle : tout le monde se doute de la réponse et la trouve, mais personne n’y avait réfléchi. C’est aussi la façon inattendue de poser la question.
  • Comment ça vient : l’intérêt pour l’origine des mots, leurs glissements de sens, etc.
  • Mise en scène : expliquez aux enfants que l’animal est très poilu (il a des poux), ressemble à une souris par sa taille, son museau (vecteur de rage) et ses oreilles développées comme celles de Mickey, que ses ailes sont constituées d’une peau très fine tendue entre ses doigts très longs, que cette peau n’a pas de poils et que, pour ne pas avoir froid quand elle dort au fond des grottes, la bestiole s’enveloppe dans ses ailes comme dans un imperméable (elle semble alors ne pas avoir de poils).

Mon premier est une demi-mouche
Mon second est une demi-mouche
Mon tout est une mouche.

  • Réponse : une mouche tsé-tsé
  • Pourquoi c’est drôle : cette charade est aussi une lapalissade qui n’appelle a priori pas de solution
  • Comment ça vient : difficile à dire.

Mon 1er est un bœuf
Mon 2e est un bœuf
Mon 3e est un bœuf
Mon 4e est un bœuf
Mon tout est un troupeau de bœufs

  • Réponse : un troupeau de bœufs.
  • Pourquoi c’est drôle : c’est une lapalissade qui ressemble à une charade mais ça n’est pas une charade.
  • Mise en scène : poser d’abord la charade ci-dessus « Mon premier est une demi-mouche, mon second est une demi-mouche, Mon tout est une mouche » qui elle est une vrai charade. Une chose est certaine, vous allez énerver les enfants et obtenir un sourire poli de la part des adultes (s’ils sont polis). A réserver à un public intello (plus c’est simple, plus c’est compliqué car davantage de non-dit).

Ils sont dangereux quand ils sont morts

  • Réponse : les angles.
  • Pourquoi c’est drôle : malin ; et la mort a toujours beaucoup de succès.
  • Comment ça vient : partir de l’expression et la considérer au premier degré. je croyais avoir inventé cette devinette mais après vérification sur internet (toujours vérifier sur internet) j’ai appris qu’il s’agissait d’une définition connue des cruciverbistes (amateurs de mots croisés). Je vous la donne car je l’aime bien quand-même.

Quel est le contraire commun à ces 4 mots :
dur, sec, maigre, cristallin ?

  • Réponse : gras (un crayon dur/gras, des cheveux secs/gras, une viande maigre/grasse, un rire cristallin/gras).
  • Remarque : j’ai entouré l’illustration d’une bordure en gras mais je suis sûr que ça ne vous a pas aidé !
  • Pourquoi c’est drôle : le mot est très courant et on ne s’attend pas à ce qu’il appartienne à autant de champs sémantiques différents. On semble découvrir des évidences. Et l’on est surpris de constater que les informations sont stockées dans notre cerveau selon un modèle hiérarchique mais qu’il n’y a pas souvent de liens entre les feuilles.
  • Comment ça vient : cette devinette n’est pas de moi mais on peut facilement en fabriquer d’autres sur le même modèle. Il suffit de trouver un adjectif, si possible très courant, avec plusieurs définitions, en évitant les contraires évidents. Exemple, l’adjectif sec (aidez-vous de Wiktionnaire) : mains sèches/moites, fruits sec/frais, peau sèche/grasse, haricots secs/verts, femme sèche/ronde, parole sèche/douce, vin sec/moelleux, atout sec/plusieurs atouts. ce qui donne « quel est le contraire commun à ces 6 mots : frais, gras, vert, rond, moelleux, plusieurs. » J’ai écarté les contraires trop évidents à mon sens : moite et doux.

Dans « Elle s’est faite <larguer>
par son mec »,
on écrit largué é
ou larguée é e ?

  • Réponse : Elle s’est fait larguer par son mec !
  • Pourquoi c’est drôle : parce que les français ont un rapport compliqué avec l’orthographe, voire passionné. Quand l’auditoire se laisse prendre, il se focalise sur ce qui lui semble évident avec la satisfaction d’avoir trouvé et de ne pas être nul en orthographe, alors que la solution va lui prouver le contraire ! C’est cruel, j’en conviens.
  • Procédé : détourner l’attention sur un problème facile à résoudre.
  • Comment ça vient : au hasard des règles de grammaire rencontrées. C’était aussi pour moi un moyen mnémotechnique pour me souvenir de la règle (fait est invariable devant un verbe).

Orange ne s’accorde pas dans
« des chemises orange », mais lilas prend un s dans « des dessous lilas », pourquoi ?

  • Réponse : Lilas s’écrit avec un s au singulier (de la couleur de l’orange, du lilas).
  • Pourquoi c’est drôle : il y a toujours dans l’auditoire au moins une personne pour laquelle la solution est évidente. Ce qui est drôle, c’est de voir la tronche de ceux qui n’ont pas trouvé. C’est cruel, je sais.
  • Procédé : orthographe
  • Comment ça vient : au hasard des règles de grammaire rencontrées. Et sans doute motivé par une petite vengeance personnelle car je suis nul en orthographe d’usage.

Pourquoi les vaches se doutent-elle
de quelque chose ?

  • Réponse : parce qu’on leur a mis la puce à l’oreille (puce électronique)
  • Remarque : Comme si les mouches ne suffisaient pas !
  • Pourquoi c’est drôle : parce que c’est mignon
  • Procédé : expression avec jeu de mots polysémique (puce)
  • Comment ça vient : partir de l’expression et envisager les polysémies.

« L’homme a assisté impuissant au viol de la femme » : en changeant un mot de place, faites de ce témoin un complice.

  • Réponse : l’homme impuissant a assisté au viol de la femme
  • Pourquoi c’est drôle : scabreux mais effet de surprise de l’évidence
  • Procédé : polysémie de impuissant. Des effets du même type peuvent être obtenu en changeant la ponctuation.
  • Comment ça vient : rester focus sur les polysémies.

Quelle est la différence entre un escargot et un morpion ?

  • Réponse : aucune, tous les deux peuvent changer de sexe.
  • Pourquoi c’est drôle : l’escargot est lent et le morpion véloce, mais ce n’est pas la solution (on sait que la réponse est aucune et qu’il faut trouver un point commun)
  • Procédé : polysémie de changer
  • Comment ça vient : j’ai enrichi la devinette connue « quel est le seul animal qui change de sexe en une seconde ? »

Disgression : le ver plat des récifs coraliens fait encore plus fort en matière de sexualité hermaphrodite. On devrait dire, le ver plat des étoiles, car pour déterminer leur sexe, deux individus doivent se battre à coup de sabre laser. L’individu qui transperce l’autre au moyen de son pénis-épée empoisonné (spermatozoïdes à double flagelle) est adoubé mâle. Après un orgasme hormonal comparable à l’explosion d’une supernova, le perdant est illico transformé en femelle.

Quelle différence
y a-t-il entre
un clebs et
une clepsydre ?

  • Réponse : aucune, tous les deux remuent la queue (l’aqueux)
  • Pourquoi c’est drôle : le calembour est inattendu et clebs et clepsydre ont des sonorités communes même s’ils n’ont pas la même étymologie (arabe kalb « chien » et grec klepteín « dérober »)
  • Procédé : jeux de mots associé à un jeu de sonorités.
  • Comment ça vient : des associations : la queue conduit à [l’aqueux ; le chien, le clebs] qui conduisent à clepsydre
  • Mise en scène : réserver cette devinette à un auditoire intello.

Pourquoi mentalement
est-il un
méta-adverbe ?

  • Réponse : le suffixe -ment, que l’on trouve à la fin des adverbes, traduit l’intention (-ment vient de mental). Rapidement signifie « avec l’intention d’être rapide ». L’adverbe mentalement traduit donc l’intention d’être cérébral : le mental a l’intention d’être mental, d’où l’idée de méta-adverbe.
  • Pourquoi c’est drôle : parce qu’on n’y pense pas
  • Procédé : curiosité révélée par l’étymologie
  • Comment ça vient : en cherchant l’étymologie des mots
  • Mise en scène : réserver cette devinette à un auditoire intello.

Il y avait de la girafe à la cantine ce midi ! 

  • Réponse : j’ai la cravate pleine de girafes
  • Pourquoi c’est drôle : parce que l’assertion est absurde et parce que c’est de l’auto-dérision, sous-entendu je mange salement (ce qui est probablement vrai)
  • Procédé : substituer le volontaire (motifs) à l’involontaire (taches)
  • Comment ça vient : l’ennui, un besoin de dérision, voire de changer de cantine, ou de cravate.
  • Mise en scène : je vous parle d’un temps où les cadres portaient encore la cravate. Celui qui pose la devinette doit porter une cravate décorée avec un motif approprié. J’ai vérifié sur internet, on peut encore acheter des cravates.

Savez-vous
comment font
les personnes patibulaires
pour rassurer
la population ?

Comment trouvez-vous mon petit montage ?
  • Réponse : elles inscrivent le mot SECURITE en gros sur leur blouson
  • Pourquoi c’est drôle : parce qu’il pourrait y avoir du vrai dans tout cela
  • Procédé : observer
  • Mise en scène : vous venez de croiser un vigile.

Théorie de la devinette

Personnellement, j’ai beaucoup de plaisir à composer des devinettes mais je suis un piètre devineur. Par ailleurs, je raconte assez mal les histoires drôles, et donc les devinettes, je ne suis pas un bon comédien (je n’aime pas assez les gens pour ça, même si je les adore). Par contre, j’aime bien étudier les ressorts de la devinette. Ça rejoint mon plaisir à les composer. Dans la littérature, c’est pareil, peu m’importe l’histoire (tout est redites), ce qui m’accroche c’est le style, l’état d’esprit, le vocabulaire, la phrase, la façon de raconter, de dire, d’exprimer. Pour choisir un livre, je lis la première page, puis une demi-page au hasard au milieu du bouquin. D’autres personnes seront plus sensibles à l’histoire, au témoignage, au suspense…

Voilà, nous sommes tous différents et c’est tant pis. Si tout le monde était comme moi le monde serait meilleur ! Une étude qui n’existe pas révèle que 20% des lecteurs pensent que je suis sérieux quand je dis ça. Mais bon, comme disait Roland Garros, une balle perdue dix de retrouvées (devinette : quel rapport ? Réponse : 9,09 %). Roland Garros ne jouait pas avec des balles de tennis, il est mort dans un combat aérien en 1918. Encore deux ou trois phrases comme celle-ci et je perd tous mes lecteurs.

La devinette a certainement un rôle social. Elle renforce la coopération des membres du groupe qui s’unissent face à un problème et se réjouissent, d’autant plus que l’enjeu n’est pas vital.

J’ai toutefois été effrayé en apprenant le temps que certaines personnes pouvaient consacrer à la résolution d’une devinette. L’usage des devinettes n’est pas encore interdit mais ça pourrait venir ! La résolution devient solitaire comme le vers, et parasite l’esprit qui lui dédie toute sa capacité. Méfiez-vous des devinettes !

Il existe de nombreux recueils de devinettes mais je n’ai pas trouvé d’étude sur la façon d’écrire des devinettes. Il existe par exemple des livres sur la technique de la contrepèterie (l’art de décaler les sons) mais pas sur celle de la devinette. Il faut dire que les techniques sont aussi nombreuses que les multiples ressorts utilisés par les devinettes. Il y a donc un gros trou dans la raquette de l’édition. Considérez cet article comme une ébauche (gratuite) d’un futur projet.

Quand la devinette est complexe, donnez la réponse, puis laissez du temps à l’auditoire avant d’expliquer. C’est l’intérêt des devinettes (deux en une) : la deuxième devinette consiste à essayer de comprendre la solution de la première !

Pourquoi aime-t-on les devinettes ?

C’est LA devinette. On trouve rarement la solution à une devinette mais on aime l’écouter et la savourer, pourquoi ?

La devinette est souvent basée sur un rapprochement inattendu, sonore ou polysémique (plusieurs sens), de deux champs lexicaux (mots de la même famille ou associés à un thème commun), avec souvent pour support ou point de départ une expression familière ou une situation du quotidien.

Le rapprochement de deux informations dans le cerveaux déclenche une récompense. Le cerveau aime qu’on crée des liens entre les informations qu’il stocke (comme Google). Il en va de sa survie. Un cerveau sans connexions est un cerveau mort : l’homme doit réfléchir pour survivre, alors, le cerveau récompense les personnes qui font cet effort. Comment ? En sécrétant une hormone propre à satisfaire différents capteurs avides de plaisir. Certes, mais pourquoi récompenser des liaisons foireuses qui ne sont pas indispensables à la survie de l’espèce ? À ce stade, le cerveau ne juge pas (il laisse ce soin au reste du monde). À ce stade le cerveau se contente de récompenser la création d’une nouvelle connexion, d’autant plus gratifiante qu’elle est transverse.

En effet, il semble que pour des raisons de simplicité et de rapidité d’accès à l’information, les connaissances soient organisées et stockées dans le cerveaux sous forme d’arbres hiérarchiques. Les relations transverses entre feuilles sont plus rares et plus anecdotiques, mais plus gratifiantes quand elles surviennent car elles ne vont pas dans le sens du poil. Ce type de liaisons sont prisées par les poètes, les fous et les joueurs (le jeu est la base de l’apprentissage). Le langage en porte les stigmates dans ses métaphores, ses métonymies et dans ses expressions et locutions. Certaines inventions sont issues de ces rapprochements laborieux (la georgette par exemple).

Voila, votre ignorance est aussi grande que la mienne. Ces explications sont hypothétiques, je préfère le dire pour le confort intellectuel de chacun. La seule preuve tangible est le plaisir que nous procurent les devinettes. Alors, amusez-vous !

Allez, une dernière pour vous remercier d’avoir lu l’article jusqu’au bout :

Quel mot répond à ces définitions dont le nombre de lettres va croissant (raison un) ?

cal
anus
bulbe
montre
violacé
affaires
condiment

Je ne donne pas la solution qui est évidente. Le sel est ici affaire de présentation.


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