Faut-il encore envoyer des cartes postales ?


Dépêchez-vous d’envoyer des cartes postales, bientôt ça ne sera plus possible.

Si vous décidez d’envoyer un message de Normandie avec WhatsApp, prenez le temps de bricoler une image qui bouscule les codes :

Evitez cela :

Osez ceci :

C’est l’occasion de louer les symboles dont les dieux ont orné la nature.

Si vous décidez d’envoyer une vraie carte postale, choisissez une carte bon marché sans originalité. Les deux cartes ci-dessous feront l’affaire.

Personnellement je choisis la seconde, la plus neutre, avec la vache qui a l’Eurasie tatouée sur le flanc gauche.

ASTUCE : avec une réalité banale, jouez l’ignorance, la découverte, la méprise en prenant le contrepied du commentaire enchanteur.

EXEMPLE :

La Normandie est un petit pays brumeux, humide et froid dont les habitants ont tout pour être malheureux. L’œil laiteux et la jambe lourde, ils enferment leur diabète au fond de grandes maisons difficiles à chauffer.

Le Normand souffre d’ennui chronique. Contrairement à son voisin le breton, il n’a jamais revendiqué une autonomie d’aucune sorte.

Comme vous pouvez le constater sur cette carte postale, les seuls qui semblent tirer leur épingle de la botte de foin, sont les dobermans. Ils sont énormes ! Leurs grandes oreilles musclées procurent une ombre apaisante à leur conjonctivite congénitale ; et sur leur front, deux excroissances cornées témoignent d’une vitalité exubérante.

Dans le même genre, vous pouvez commenter ou décrire une carte postale représentant une œuvre picturale, les boutiques des musées en regorgent.

Voici trois exemples dont je n’ai pas retrouvé les œuvres :

  • Entre deux fenêtres, une huile non signée, d’un esthétisme douloureux, montre de rouannes mérétrices vêtues civilement de gants et de bas noirs, déambulant en escarpins dans un univers de sofas, le visage barré de velours sombre.
  • Sur le mur du fond, la reproduction soignée d’une peinture d’un siècle en V expose les corps diversement tourmentés de tribades grimaçant de ravissement, aux prises avec les émissaires d’une mythologie animalière blafarde. A l’arrière-plan, une aube ravisseuse de ténèbres hachure des campagnes somnolentes, hérissées de clochetons.
  • Cette carte postale me rappelle Valenciennes, les berges aréneuses du canal Sainte victoire, les saules indécis et le ciel triste, éperdument. Bien sûr, la photographie a été prise dans le midi. Ce n’est pas une raison.

Voici un exemple avec l’œuvre associée :

J’aime cette peinture jaune et carrée. J’aime la raideur indigeste de la silhouette qui traverse un Léthé de pacotille sur une sorte de convertible infernal dont les structures escamotables relèvent davantage du piège à rat que de la passerelle.
Des spectres végétal (des cyprès probablement) ainsi qu’un aérostat aux langueurs d’ectoplasme (de la fumée semble-t-il) constituent le comité d’accueil d’un monde qui semble pareil au nôtre. L’Ankou montre le chemin, mais la silhouette au parasol n’est pas sur la charrette.
Le corps n’est plus qu’une marionnette à l’affût de son désastre, sur les planches mal jointes du théâtre de sa vie.
Le fleuve de l’oubli emportera l’ombrelle dérisoire tandis que l’âme poursuivra sa sinistre chevauchée.
Quel mystère dans l’acte de peindre !
Tous les peintres tournent mal.
Et pourquoi cette spéculation sur tant de souffrance ?
Peut-être parce que la souffrance n’a pas de prix !

AUTRES IDEES :

  • Décrire une réalité paradisiaque qui n’existe qu’en rêve, comme si c’était la vraie vie
  • Décrire une réalité épouvantable, comme si c’était la vraie vie
  • Décrire avec minutie un événement sans intérêt et sans rapport avec les vacances.
  • Dans le même ordre d’idée, n’importe quel « science » peut donner matière à contrepied de nez, l’astrologie par exemple (cf. bibliographie).

BIBLIOGRAPHIE :

  • Un regard unique sur l’impressionnisme (1944) Félix FENEON
  • Lettera amorosa (1963) René CHAR
  • Le Peintre de la vie moderne (1863) Charles BAUDELAIRE
  • L’Astrologie des Insectes, François MOURELET
    Extrait : LA MOUCHE (Capricorne, mon signe)
    Ni original, ni imaginatif, le signe de la Mouche est conservateur, à la limite traditionnaliste. Son orgueil, sa méfiance et sa rigidité en font un être cassant et revêche qui s’applique à rendre pénible l’atmosphère pour son entourage. Froid comme la neige carbonique, il n’aime réellement personne et doute toujours de lui-même. Il résout l’énigme de sa propre existence en fourrant son nez dans les affaires des autres. Certains astrologues expliquent que le natif de la Mouche s’améliore en vieillissant. Rien de moins sûr ! Il est obligé de cacher sa véritable nature pour que l’on prenne soin de lui.
    Mouches célèbres :
    • Marcel Petiot, spécialisé dans l’assassinat des femmes. On a dénombré au moins 63 victimes.
    • Al Capone.
    • Staline, sorte de poète, chantre du Goulag.
    • Jacques Mesrine, petit gangster de banlieue.


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