Ce petit exercice consiste à prendre un proverbe ou une expression et à en détourner le sens au moyen de jeux de mots approximatifs. La nouvelle signification constituera la moralité d’un court poème sensé l’illustrer.
Cet exercice est salutaire lorsqu’on ne sait plus quoi faire de ses dix neurones.
D’autres exercices fonctionnent sur le même principe :
- Partir d’une phrase connue (titre de film, nom d’un auteur, phrase célèbre, etc.), trouver un anagramme de la phrase de départ, puis écrire un texte court faisant le lien entre les deux phrases.
- Même exercice en utilisant la première et la dernière phrase d’un roman (faire complètement abstraction du roman si vous l’avez lu).
Bibliographie :
- Le penseur malgré lui (2012) Grégoire LACROIX.
Exemple de moralité sans morale :
- Point de départ (ici un proverbe) : La raison du plus fort est toujours la meilleure
- Moralité obtenue en tordant le proverbe (ici avec un calembour) : L’oraison du plus faible est toujours la meilleure
- Illustration au moyen de quelques bouts rimés :
Il était un petit navire
Qui n’avait jamais navigué
Quand vivres vinrent à manquer
L’enfançon fut mis à rôtir
Moralité : L’oraison du plus faible est toujours la meilleure
C’est un raccourcis de la comptine (dont la fin est plus heureuse).
Ci-dessous quelques essais de moralité sans morale :
Tous les chemins mènent à Rome
Après avoir en vain erré de cour en cour
En quête du parfum d’un premier baisemain
Le jeune homme d’itinéraire bis à court
Pour les ordres laissa l’amour sans lendemain
Moralité : Tout lèchemain mène arôme
Jamais deux sans trois
Deuxième étage chambre trois
Un gars deux filles pourquoi pas
Mais toc toc toc pendant l’amour
L’homme aux cents coups panique à bord
C’n’est pas son cœur est-ce un tambour
Ciel sa moitié c’est Perl Arbor
Moralité : Jamais deux cent trois
À chaque jour suffit sa peine
Après avoir œuvré sans dédommagement
À construire la ville où tous ses enfants jouent
Pour gagner trois cajous un vieillard du Deccan
Assis dans la poussière se transperce les joues
Moralité : À chaque joue suffit sa haine
Chat échaudé craint l’eau froide
Las des eaux froides des abysses
La sirène fendit sa queue
Pour se faire une paire de cuisses
Elle grimpa jusqu’au château
Y inviter une autre queue
A visiter son coquillage
Un beau prince accouru bientôt
Et ce fut un grand mariage
Moralité : Chatte est chaude et craint l’eau froide
Femme qui rit à moitié dans ton lit
Elle était tellement jolie que pour
Se l’attacher il faisait calambours
Contrepèteries et moult facéties
La belle ne se sentait plus de joie
Tous les jours il fallait changer les draps
Et inventer nouvelles arguties
Moralité : Femme qui rit fait pipi dans ton lit
Femme qui rit à moitié dans ton lit
Un chinois sur le tard spécula mariage
Il fit affaire avec une femme bien née
Moins gaudriole que livre et coloriage
Bientôt en son fief sa moitié battait monnaie
Moralité : Femme qui lit à moitié dans ton riz
Et ron et ron petit patapon
Il était un’ bergèr’ que chantait la contrée
Maudissant l’appareil impropre à tout attrait
Eu égard à son bec un héron fut fort aise
De pouvoir être utile à cette jolie fraise
Il était un’ bergèr’ qu’on voyait à la hâte
Qui lasse de chercher le trèfle à quatre pattes
Sur les bancs de confesse alla poser son train
L’oiseau dû retourner à ses marches sans fin
Moralité : Errons héron petits pas tapons