Avec la métaphore, on établit une analogie plus ou moins explicite (ce n’est pas une comparaison) entre deux notions qui n’appartiennent pas au même univers (ce n’est pas une métonymie).
Les deux notions s’amalgament (verbe être, complément de nom, apposition), aucun mot de liaison n’est utilisé, au contraire, la métaphore digère la notion pour la transcender au point que la notion originelle peut ne pas même être mentionnée et la métaphore se substituer complètement à elle.
Exemples :
- L’Angélus du myocarde
- Comparaison simpliste : Son cœur désolé tremblait comme un Angélus du soir sur la plaine de Bière.
- Liaison métaphorique avec « du » : l’Angélus est celui du cœur
- Contexte : ça pourrait être un titre
- Interprétations :
- Le rythme du cœur (l’Angélus sonne trois fois par jours et rythme la journée de travail)
- La peine, la mélancolie, la prière, l’appel du cœur
- La dernière prière du cœur, le dernier amour, l’amour mort (attraction d’infarctus du myocarde)
- Le tube de crème solaire quasiment vide poussa un cri d’oiseau marin
Ou bien
- Un cri d’oiseau marin s’échappa du tube de crème solaire quasiment vide
- Comparaison simpliste : Le tube de crème solaire quasiment vide émit un bruit comparable au cri d’un oiseau marin. On perd l’urgence animale introduite par « pousse » ou « s’échappa du ».
- Liaison métaphorique avec « pousse » ou « s’échappa du » : le cri est celui du tube
- Contexte : le tube de crème solaire est quasiment vide, c’est la fin des vacances, il faut rendre aux oiseaux marins cette mer dont on s’est cru un temps propriétaire. On ne sait pas encore ce qui va nous rester des ses vacances qui nous ont un peu chamboulé.
- Interprétations :
- Ça me rappelle le titre d’un livre que je n’ai pas lu : Le cri de l’engoulevent dans Manhattan désert de Kurt Vonnegut
- La prise de conscience (cri) du temps qui s’échappe (le tube vide)
- La crème solaire ressemble à du guano frais, l’oiseau s’échappe, on est peu de chose.
- Le tube de l’été est un cri d’oiseau marin.
- Le store s’enroule avec un bruit de chiot qu’on maltraite
- Comparaison simpliste : Le store s’enroule avec un bruit qui ressemble aux plaintes d’un chiot qu’on maltraite.
- Liaison métaphorique avec « avec » : le bruit est celui du store
- Contexte : Le jour se lève (le store s’enroule) et c’est une nouvelle journée de souffrance qui commence (bruit de chiot qu’on maltraite).
- Interprétations :
- C’est probablement un enfant qui souffre (chiot)
- Le danger pourrait venir de l’extérieur (le store s’enroule)
- Mais ce n’est pas sûr car il est question de maltraitance
- Le store s’enroule lentement, l’angoisse monte petit à petit.
- L’enroulement du store évoque une mécanique capricieuse (ça grince) et dangereuse (maltraitance). Cette métaphore est insupportable !
En cas d’urgence (pour tout le monde) : 112
Pour parler ou signaler :
- Enfants : 119 (tél & SMS)
- Femmes :
3919 (tél)
114 (SMS & appli sourds et malentendants) - Personnes âgées, handicapés : 3977
- Elle a un bel instrument à corde
- Comparaison simpliste : difficile de faire une comparaison car l’objet comparable est absent (il n’est pas nommé). On sait qu’il ressemble à un instrument à corde et qu’il est beau. On parle ici de métaphore in absentia (versus in præsentia).
- Liaison métaphorique avec « a » (verbe avoir)
- Contexte et interprétation : on ne formulerait pas une telle phrase pour dire qu’une personne possède un bel instrument à corde (on dirait plutôt « le violoncelle de Sylvie est magnifique »). Nous sommes donc bien en présence d’une métaphore.
Le déchiffrage est parfois facilité par des éléments explicatifs complémentaires, ou par d’autres métaphores qui s’enchaînent sur le même thème (on parle de métaphore filée ou d’allégorisme).
L’allégorie quant à elle est un récit (ou un tableau) métaphorique complet, à double lecture, l’une propre et l’autre figurée.
Quand une métaphore est lexicalisée (elle est admise dans le dictionnaire), on l’appelle une catachrèse : un pied de chaise, une bretelle d’autoroute, etc.