L’idée est de commencer à (se) raconter une histoire, faire travailler son imagination. Le plus simple est de partir de l’étonnante réalité.
L’auditoire va devoir démêler le vrai du faux. Il appréciera l’information fausse pour sa qualité originale, absurde, amusante, poétique, scandaleuse, ou tout simplement plausible. Quant aux informations véridiques, une fois qu’il les aura contrôlées, il faudra bien qu’il les admette.
Les « cas numérotés » font référence à la partie théorique imbuvable qui se trouve à la fin de l’article.
L’invraisemblable vérité
Le but est de faire mentir la vérité en exposant une vérité difficilement crédible. Si nécessaire, brouiller les pistes en ajoutant une information notoirement fausse.
Je cours en marchant, qui suis-je ?
(cas 2 bis)
- Réponse : l’éléphant marche avec ses pattes postérieures tout en trottant avec ces pattes antérieures. Il est trop lourd pour faire mieux !
- Procédé : la vérité avec ses gros sabots.
- Mise en scène : on reste proche de la devinette carambar classique.
Comment les poux profitent-ils des puces ?
(cas 2 bis)
- Réponse : les poux profitent des hautes technologies (puces), plus précisément des selfies : le rapprochement des têtes favorise la transmission
(la transmission des poux, pas celle de l’information !)
- Procédé : la vérité pure, truquée au moyen d’une couche de polysémie (puces).
- Mise en scène : on reste proche de la devinette carambar classique.
Chercher l’intrus, en l’occurrence la partie
du corps qui n’est pas un phanère :
bec, poil, plume, cheveux, dent, écaille,
griffe, ongle, fanon de baleine, corne de bovin.
(cas 2 bis)
- Précision : les phanères (du grec phanerós « visible, apparent ») sont des productions tégumentaires (de la peau) riches en kératine (protéine fibreuse).
- Réponse : les cornes de bovin ne sont pas des phanères mais des excroissances osseuses, même si elles sont recouvertes d’un étui corné !
Attention, la corne du rhinocéros est tégumentaire, et les bois des cervidés sont des organes osseux. - Procédé : la vérité brut de corne.
- Mise en scène : on reste dans de la devinette classique. Commencez par faire un compliment à votre collègue sur son nouveau vernis à ongle ou sa nouvelle coiffure : « Tu es allée chez le phanèrologue ? »
Savez-vous d’où vient l’expression « cette punaise m’a fait un petit dans le dos » ? (cas1)
- Réponse : certaines punaise mâle injectent leur semence en perforant le dos de la femelle. La semence migre alors à travers le corps en direction de l’organe reproducteur femelle. Si c’est un mâle qui est perforé (tous les dos se ressemblent : de Deauville à Trouville, il n’y a qu’un pas !), celui-ci recyclera gracieusement la semence du donateur, avec laquelle il pourra féconder une femelle ! Les enfants ne seront pas du deuxième mâle mais ce n’est pas la femelle qui lui aura fait ces petits dans le dos, c’est le premier mâle ! Vous me suivez ?
- Procédé : la vérité pure, truquée au moyen d’une couche de polysémie (punaise et dos) dans l’expression de la question.
- Contexte : les potins sur les relations extra-conjugales ne manquent pas !
- Mise en scène : faites tenir les rôles des trois punaises par des amis ou des collègues. Expliquez comment le sperme de Jérémie est passé dans Jean-Paul avant d’entrer dans Stéphanie (la femme de Jean-Paul). Ne faites pas de gaffe en attribuant les rôles.
Concluez : « Chez les punaises ce n’est pas la femme qui fait un petit dans le dos du mari, mais un autre mâle qui fait, au sens propre, un petit dans le dos du mari ! »
Savez-vous ce qu’on nomme le baiser du vampire ?
(cas 1)
- Réponse : le vampire est une chauve-souris qui se nourrit de sang. Contrairement à la croyance populaire, le vampire lape le sang plutôt qu’il ne le suce (voir dans cet article, les origines du lapsus). La salive des vampires contient une substance, la draculine, qui possède un pouvoir anticoagulant et dont il enduit la plaie nourricière.
Le vampire a la pression car il ne survit pas à deux nuits sans repas. Il doit alors lécher les lèvres d’un vampire repu pour que celui-ci régurgite une partie de son repas dans la gueule de son frère de sang. Avouez que c’est plutôt sympathique ?
- Procédé : la vérité, pure, comme le sang des braves. On est ici aidé par le registre folklorique (baiser, draculine) qui a contaminé le registre scientifique.
- Contexte : attendez qu’on parle de films d’horreur (ce qui n’est pas si fréquent). Ou commencez par poser la devinette carambar « Je suis ni chauve ni souris : qui suis-je ? » Après le baiser du vampire, vous pourrez enchaîner avec la devinette « Savez-vous comment, à la Renaissance (1550), les femmes se refaisaient une virginité avant le mariage ? » Royal au bar ! Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois !
Savez-vous quelle est la fonction du prépuce ?
(cas 5)
- Réponse : le prépuce permettrait au pénis qui en est pourvu, d’évacuer plus facilement (par un mécanisme d’aspiration ?) le sperme ancien éventuellement présent dans le vagin. Le pénis équipé augmente de la sorte les chances de reproduction en éliminant la concurrence (le pénis de chromodoris reticulata, une limace de mer hermaphrodite, est pourvu en son extrémité d’épines dirigées vers l’arrière ; plus efficace mais plus douloureux ! Idem concernant les demoiselles mâles, dont le pénis en forme de cuillère est orné d’une brossette. On n’arrête pas le progrès.)
Certains anthropologues prétendent que la circoncision augmente l’efficacité du pénis dans cette fonction de part la kératinisation du gland qui en résulte, et du fait que la circoncision accentue le surdimensionnement du gland par rapport au pénis.
D’autres anthropologues plus pessimistes assurent au contraire que la circoncision amoindrit considérablement cette fonction du pénis, contraignant les hommes amputés à surveiller étroitement leurs compagnes en ayant recours à des procédés tels que séquestration, camouflage, travestissement, vigils émasculés, grossesses à répétition, menaces, châtiments, lois, excision, infibulation, éducation, pression culturelle, etc. Ils affirment que ces techniques de surveillance continueront à être pratiquées tant que l’ablation du prépuce sera pratiquée !
D’autres anthropologues dont la foi en l’homme est admirable, expliquent que la circoncision est une preuve de confiance donnée à la gent féminine par la gent masculine : « je n’ai pas besoin de ça car je sais que tu me seras fidèle ! »
D’autres enfin, pensent que la circoncision permet de supprimer l’aspect féminin que représente le prépuce. Curieusement, se sont les mêmes qui pensent qu’il faut exciser les petites lèvres qui seraient un aspect masculin (prépuce)… - La vérité : les indications postopératoires de la posthectomie recommandent de patienter quelques jours que la kératinisation du gland s’achève (transformation de la muqueuse du gland qui devient plus épaisse et moins fragile). On peut en déduire que le prépuce préserve au gland une sensibilité optimale.
Les réflexions anthropologiques fantaisistes sont de mon cru. Pour le reste, je vous renvoie à la bibliographie ci-dessous. - Bibliographie : La guerre du sexe (1997) Robin BAKER, dont la thèse des spermatozoïdes kamikazes est contestée ; Sexux animalus (2020) Emmanuelle POUYDEBAT, un ouvrage très amusant et instructif sur les stratégies de reproduction des mâles dans le règne animal.
- Contexte : vous êtes invité un vendredi soir dans la famille de votre meilleur ami.
Savez-vous pourquoi vous pouvez dire
« tchin-tchin » à une chinoise mais pas à une japonaise ? (cas 1)
- Réponse : en chinois,l’expression qing qing (prononcer tchin-tchin), pouvant se traduire par je vous en prie, était une formule utilisée pour inviter quelqu’un à boire. L’expression proviendrait de tsing tsing qui signifie salut en pidgin de la région de Canton.
Cependant, tchin-tchin signifie pénis en japonais (c’est ce que dit Le Figaro ! - Procédé : la vérité pure.
- Contexte : ce n’est pas les occasions de trinquer avec des chinoises qui manquent !
- Mise en scène : si vous êtes avec une Japonaise, vous pouvez jouer la carte de l’ignorance et voir comment réagit votre nouvelle amie, on sait jamais, sur un malentendu, ca peut marcher. Mais savez-vous faire la différence entre une Chimoise et une Japonaise ?
Savez-vous comment, à la Renaissance (1550), les femmes se refaisaient une virginité avant le mariage ?
(cas 1)
- Réponse : quelques petites sangsues disposées au bon endroit se gonflaient de sang et explosaient sous la pression du mari. Je vous parle d’un temps où le cunnilingus n’existait pas au sein du couple (même si on n’a pas attendu 68 pour faire des 69 !)
- Pourquoi c’est drôle : parce que c’est impressionnant. C’est encore plus drôle si une personne de l’auditoire fait la remarque sur le cunnilingus (au lieu de brûler toutes vos cartouches, faites participer l’auditoire).
- Procédé : la vérité pure, on ne change pas une formule qui gagne.
- Contexte : votre voisine vous annonce que sa fille va se marier. Elle vit en couple depuis plusieurs années.
A propos, savez-vous quel est l’unique dieu grec dont les romains ont conservé le nom ? (cas 1)
- Réponse : Apollon
- Contexte : vous êtes jaloux de Gérard qui raconte sa dernière conquête
- Procédé : la vérité pure. On est dans la devinette carambar.
- Mise en scène : cette vérité n’est pas invraisemblable, c’est plus drôle si Gérard a un peu de bide ; n’oubliez pas que vous êtes jaloux de Gérard (la vérité se cache dans les détails, comme le diable !)
Savez-vous que la chauve-souris est pourvue d’un
clitoris ?
(cas1)
- Réponse : oui, bien sûr, comme tous les mammifères.
- Pourquoi c’est drôle : la chauve-souris est un animal bizarre qui sent l’exception. De plus, enveloppée dans son manteau la tête en bas (sans les oreilles), la chauve-souris ressemble à un clitoris (lequel est chauve, rappelons-le !)
- Procédé : attirer l’attention sur un cas particulier d’une vérité plus vaste, pour mettre celle-ci en doute.
- Contexte : Mélanie raconte sa dernière cystite. Plaisanterie plus facile à placer entre filles.
Savez-vous que le pays le moins visité au monde est une île qui à la forme du visage de son président ?
(cas 2)
- Réponse : C’est l’île de Nauru, un paradis fiscal (ne pas confondre avec l’île du docteur Nauru).
- Procédé : la vérité pure. C’est la plus petite république du monde. 10 000 habitants pour 21 km2, c’est Vernouillet dans les Yvelines, ou Bondues dans le Nord. Il n’y a pas de capitale officielle. Etranger, bouge ton cap, tu n’es pas le bienvenu en ces eaux ! Dans les années 60, c’était l’un des pays les plus riches par habitant (phosphates), c’est aujourd’hui l’un des plus pauvres (90% de chômage). Pour sauver sa peau, l’île est devenue un paradis fiscal.
- Contexte : Janine raconte son rôde-trippes au pays des hyènes.
- Mise en scène : cette vérité n’est pas invraisemblable ; histoire de voler définitivement la vedette à Janine, vous avez intérêt à enchaîner avec la boutade suivante : « Nous, cette année on a beaucoup pas bougé, on n’est pas allé en Egypte, on n’est pas allé en Thaïlande, on n’est pas allé au Canada. »
Savez-vous en quelle année le paintball a été mis au programme des jeux olympiques ?
(cas 2)
- Réponse : le duel au pistolet avec balles en cire était très en vogue au début du XXe siècle. Il a été mis au programme des jeux olympiques en 1918.
- Procédé : mettre une vérité ancienne au goût du jour
- Contexte : Jean-Paul raconte sa soirée paintball. C’est devenu plus tendance que le bowling ; et je ne vous parle pas de la patinoire ! Cependant, le patinage est une discipline olympique mais pas le bowling.
- Mise en scène : une fois qu’on vous aura répondu « ouai mais c’est pas pareil », ajoutez ceci : « retenez tout de même bien cette date, il ne s’est rien passé d’autre cette année là ! »
Savez-vous qui sont les inventeurs
de la colonie de vacance ? (cas 2)
- Réponse : les Aztèques ! Chaque année, chez les Aztèques, un jeune homme était choisi pour incarner le dieu Tezcatlipoca (entrainez-vous à le prononcer). Durant un an, il était vénéré, couvert d’or et d’épouses et on lui organisait des teufs d’enfer. Puis la communauté lui arrachait le cœur et le mangeait (cuisiné selon la recette du chef étoilé René Girard).
- Procédé : moderniser une vérité ancienne
- Contexte : Catherine explique que, cette année, elle a envoyé son fils en colonie de vacance, ça devrait lui faire du bien !
- Bibliographie :
- Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978) René Girard
- Mensonge romantique et Vérité romanesque (1961) René Girard
- Bonus : saurez-vous reconnaître dans l’image, la colonie de vacances dans laquelle vous avez envoyé votre enfant ?
Savez-vous pourquoi les ours polaires
sont blancs ?
(cas 2)
- Réponse : leurs poils sont transparents, on voit la neige à travers. C’est le meilleur moyen de camouflage qui existe. Il n’y a pas plus transparent qu’une vitre !
- La vérité : les poils de l’ours polaire sont translucides et creux, ils réfléchissent une partie de la lumière du soleil (les poils translucides superposés paraissent blancs) et en capturent une autre (effet de serre des poils transparents et creux) que le poil, comme une fibre optique, conduit jusqu’à la peau complétement noire qui l’absorbe (tondu, un ours blanc serait noir).
- Processus : l’ours n’est pas transparent. La vérité concernant la transparence des poils (semi-vérité car il ne sont que translucides) est contaminée par le mensonge (on voit la neige à travers)
- Pourquoi c’est drôle : dans un premier temps, l’affirmation est saugrenue, dans un second temps, la part de vérité est inattendue car méconnue.
- Contexte : les débats sur le réchauffement climatique sont légion.
On peut commencer par dire que l’ours blanc est complètement transparent (au sens où tout le monde s’en fout) et enchaîner avec un « d’ailleurs, il est tellement transparent qu’on voit la neige à travers. C’est pour ça qu’il est blanc ! » Là vous risquez de ramer pour faire comprendre à l’auditoire que vous êtes en train de faire une blague après avoir essayé de refaire le monde. - Mise en scène : laissez l’auditoire aller vérifier sur internet et découvrir la part de vérité, ça fait partie du plaisir. Vous pourrez ajouter « c’est bien ce que je vous disais ! » avec la mauvaise foi la plus sincère (ceci est un oxymore).
Le goût de la vérité
Ça a le goût de la vérité mais ça n’est pas la vérité (ou ce n’est qu’une simple hypothèse). Si nécessaire, brouiller les pistes en ajoutant une information qui elle est clairement véridique.
Savez-vous d’où
vient l’expression
faire un lapsus ?
(cas 3)
- Réponse : on fait un lapsus quand on dit sucer à la place de laper
- Vérité : lapsus vient du latin labor « glisser, tomber »
- Contexte : quelqu’un a fait un lapsus.
Savez-vous pourquoi les nazis portent ce nom ? (cas 3)
- Réponse : parce qu’ils saluent en tendant le bras à hauteur du nez, d’où le nom de leur parti (du grec naso « nez »).
- Vérité : Nazi est l’apocope de Nationalsozialist
(« national-socialiste » prononcé en allemand [Natcionalzocialist]). - Contexte : ce thème reste tristement d’actualité.
Connaissez-vous l’origine du sourire ? (cas 5)
- Réponse : chez la plupart des carnivores, montrer ses dents permet, d’une part de montrer qu’on est opérationnel et utile au groupe, d’autre part de forcer le respect et de s’inscrire dans une hiérarchie vitale à la cohésion du groupe.
Depuis qu’il est devenu omnivore, l’homme a adapté ce signal pour en faire une marque de bienveillance et apaiser les autres membres du clan. Par ailleurs, montrer qu’on n’a presque plus de dents force la pitié et le respect dus aux anciens. Avec la démocratisation des implants dentaires, le manque de respect des personnes âgées a progressé et le nombre de vol de sacs à main a augmenté. - Vérité : aucune idée.
- Contexte : vous sentez qu’il y a une ouverture mais vous ne savez pas trop quoi dire à cette personne qui vous sourit (résultat non garanti).
Savez-vous pourquoi les hommes s’évertuent
à faire rire les femmes ? (cas 5)
- Réponse : parce que la façon de rire des femmes exprime leur envie d’avoir ou non un rapport sexuel.
Le rire est un amplificateur beaucoup plus simple à interpréter que des attitudes ou des propos. Le cerveau masculin possède un décodeur intégré qui lui permet d’adapter son comportement inconsciemment.
Dans certaines cultures, on interdit à la femme de rire car on juge cela vulgaire et déplacé (on comprend maintenant pourquoi). - Vérité : aucune idée.
- Contexte : vous venez de faire rire la copine de votre meilleur ami.
- Bonus : le mauve donnerait deux fois plus envie de faire l’amour que les autres couleurs. J’ai appris ça en cherchant une couleur pour ce fond.
Quelle est la différence entre comédie et tragédie ? (cas 5)
- Réponse : dans la comédie, on rit, on n’obtient pas ce que l’on souhaite mais la vie continue. Dans la tragédie, on pleure, on obtient ce que l’on souhaite mais la mort en est le prix.
- Vérité : je vous renvoie à la bibliographie.
- Bibliographie : La dramaturgie (1994) Yves LAVADIER
- Contexte : vous êtes le seul à ne pas être allé au cinéma ce weekend, vous n’avez rien à raconter et vous voulez casser l’ambiance.
Savez-vous qu’il est possible de faire des jeux de mot dans le langage des signes (LSF) ?
(cas 5)
- Réponse : certains gestes se ressemblent (probable), ce qui peut créer des ambiguïtés ou des doubles sens (probable).
- Vérité : aucune idée.
- Contexte : vous voulez réintellectualiser le débat, après avoir fait un jeu de mot bien pourri.
Attention, une vulve (en bas) n’est pas une petite pizza, même si sur une pizza (en haut) on trouve de la sauce tomate, de la mozzarella, des morceaux de jambon et des champignons.
Savez-vous d’où vient l’expression avoir 40 balais ?
(cas 6)
- Réponse : jadis, on fabriquait les balais avec du genet (vrai), un balais devait durer un an, jusqu’à la poussée nouvelle qui permettait de le renouveler (sans doute), d’où l’expression (hypothèse).
- Vérité : le balais en genêt a été remplacé par le balai en paille de riz, plus résistant car il n’absorbe pas l’humidité. Pour l’expression, je ne sais pas.
- Contexte : c’est l’anniversaire de votre femme et vous en profitez pour vanter ses mérites de technicienne de surface.
Savez-vous pourquoi les anglais on inventé de nombreux modaux (can, could, shall, should, will, would, may, might) alors que le français s’en sort avec le seul verbe pouvoir ?
(cas 6)
- Réponse : traditionnellement, l’anglais restait imperturbable comme l’exigeait sa culture de la retenue, là où le français, plus extroverti, accompagnait le verbe pouvoir de différentes intonations et mimiques expressives, si nécessaire assorti du vous de politesse.
- Exemples :
- I can do this : je peux (sais) le faire
- I could do this if : je peux le faire si (si tu est généreux)
- I shall wait for you : je peux t’attendre (faire les yeux doux)
- You should go to the university : tu peux entrer à la fac (ce ne serait pas une mauvaise chose selon moi ; moue en bec de canard)
- Will you give me the salt : peux-tu me passer le sel (vieille canaille ; sourire complice, voire jusqu’aux oreilles)
- Would you give me the salt, please : pouvez-vous me passer le sel (SVP votre honneur ; regard soumis, yeux mi-clos)
- May I leave : puis-je y aller (en se mordant la lèvre inférieure)
- Might I leave : puis-je disposer (votre excellence ; tête baissée, blanc des yeux majoritaire).
- Vérité : aucune idée.
- Bibliographie : Ces gestes qui vous trahissent (2013) Joseph MESSINGER
- Contexte : vous voulez mettre à l’aise votre penfriend qui vient de traverser la Manche sur une embarcation de fortune pour vous rencontrer. La moindre des choses est de s’intéresser à lui.
Savez-vous pourquoi les hommes aiment sucer les extrémités salées des montures de leurs lunettes ? (cas 6)
- Réponse : parce que c’est plus classe que de bouffer ses crottes de nez.
- Autres explications (à vous de choisir) : l’individu qui mordille serait un anxieux chronique (un français sur trois est onychophage et un sur sept consomme des benzodiazépines).
La morsure pourrait aussi symboliser la punition que l’on s’inflige quand on culpabilise (automutilation).
Le fait de retirer ses lunettes signifie peut-être qu’on n’a plus la force de regarder la réalité en face ; l’on adopte de surcroit une stratégie régressive en portant un objet à sa bouche, le sel rappelant probablement les saveurs amniotiques d’avant notre naissance.
Enfin, d’aucuns y voient une invite sexuelle (l’amour rend aveugle). - Contexte : votre collègue suce les extrémités des montures de ses lunettes.
Savez-vous pourquoi les médecines chinoises sont si efficaces ? (cas 6)
- Réponse : car jadis, les empereurs de l’empire du milieu se faisaient enterrer avec leurs médecins. Les médecins étaient enfermés vivants dans le tombeau et devaient prendre soin du défunt tant qu’il leur restait des forces et des provisions. Administrativement, ils étaient déjà morts.
- Vérité : à vérifier, je n’ai pas retrouvé l’origine de cette information.
- Contexte : votre belle-sœur végane ne voit que par l’acuponcture.
Savez-vous pourquoi le chien de berger ramène vers le troupeau les bêtes qui s’en écartent ? (cas 6)
- Réponse : c’est un instinct qu’il tient du loup, son ancêtre, qui s’attaque toujours aux animaux affaiblis ou imprudents qui se sont laissé distancés par le troupeau.
- Vérité : aucune idée.
- Contexte : vous rencontrez votre belle famille aveyronnaise pour la première fois et vous cherchez à vous intégrer.
Savez-vous pourquoi au moyen-âge le furet était l’animal de compagnie préféré des Françoys ? (cas 6)
- Réponse : à cette époque (qui a durée mille ans), l’homme était habitué aux odeurs fortes, il ne se lavait pas, ne se changeait pas, et les parfums étaient réservés à l’aristocratie (vérité). L’odeur du furet était donc parfaitement supportable (hypothèse). Elle était même recherchée (hypothèse) car elle est un puissant aphrodisiaque (vérité). Certains couples dormaient avec leur furet (hypothèse).
- Vérité : la seule chose dont je suis sûr, c’est qu’en France, depuis le 1er mai 2004, l’exérèse des glandes anales du furet pour raison de convenance est interdite.
- Contexte : votre beau-frère a mis trois tonnes d’after-chèvre.
Savez-vous ce que symbolisait l’escargot dans l’imagerie du moyen-âge ? (cas 6)
Réponse : le désir refoulé.
En effet, l’escargot ne se rétracte-t-il pas dans sa coquille ?
Les chevaliers luttaient contre leurs désirs, symbolisés par l’escargot, animal érectile phallique, hermaphrodite et visqueux (quand il se rétracte il ressemble à une vulve), portant une armure comme les chevaliers, et dont les cornes font office d’épieux.
Vérité : on ne sait pas pourquoi, dans les manuscrits du moyen-âge, on peut voir de nombreuses scènes de combats entre des chevaliers et des escargots.
Contexte : vous avez pris les escargots en entrée pour pouvoir placer votre hypothèse.
Théorie
Voici une table de vérité un peu particulière : le but est de faire croire ce qui est en rouge.
| CAS | Proposition 1 | Proposition 2 | Explication |
| 1 | Vrai qui sonne faux | Faire passer pour fausse une information véridique | |
| 2 | Vrai qui sonne faux | Faux | La fausseté de la proposition 2 doit contaminer la proposition 1 |
| 3 | Faux qui sonne vrai | Faire passer pour vrai une information erronée | |
| 4 | Faux qui sonne vrai | Vrai | La véridicité de la proposition 2 doit contaminer la proposition 1 |
| 5 | Hypothèse qui sonne vrai | Faire adhérer à l’hypothèse | |
| 6 | Hypothèse qui sonne vrai | Vrai | La véridicité de la proposition 2 doit contaminer la proposition 1 |
| 7 | Vrai qui sonne faux | Faux qui sonne vrai | L’exercice le plus difficile car a priori aucune des propositions ne contamine l’autre (je n’ai pas d’exemple) |
L’invraisemblable vérité
CAS 1 : L’exercice ne consiste pas à poser une devinette mais consiste à poser une question qui suppose que l’information est vrai (« Savez-vous…. »).
Soit la question contient une affirmation (« Savez-vous que…. »), soit la question est une vrai question (« Savez-vous quel…. »), un peu comme une devinette mais une devinette sensée vérifier les connaissance de l’auditoire.
L’information, communiquée dans la question ou lors de l’énoncé de la solution, est difficilement crédible mais pourtant vrai. Dans tous les cas, il faut adopter un ton badin pour encourager l’auditoire à ne pas croire à cette information. Ne pas hésiter à en rajouter (pourquoi vous ne me croyez pas ? Je n’ai pas l’habitude de raconter des bobards).
Le but est donc de faire mentir la vérité !
CAS 2 : On peux aider en ajoutant une information indubitablement fausse afin que celle-ci contamine la première en mettant en évidence le caractère pas sérieux de l’informateur.
CAS 2 bis : Le simple fait de poser une devinette de type carambar rend l’information peu crédible car on s’attend à une solution qui n’a rien à voir avec la question posée telle qu’on la comprends au premier abord ; la proposition 2 équivaut dans ce cas à « ceci est une devinette donc a priori je vous raconte des bobards ». Dans le cas de la devinette carambar, la remise en question de la solution par l’auditoire est peu probable car contraire aux codes de la devinette (même si on peut éventuellement en jouer). C’est donc moins drôle.
Pourquoi c’est drôle : ça ressemble à un canular mais c’est la stricte vérité. Il y aura toujours quelqu’un (surtout pas vous) pour aller vérifier discrètement la véracité de l’information… et vous donner raison. Vous lui en serez reconnaissant.
Mise en scène : pour ne pas que ça ressemble plus à une interro-surprise qu’à une devinette, il convient d’attendre un contexte approprié pour mettre en scène l’information. Pas de cheveux dans la soupe, la vérité est un plat qui se mange à température ambiante.
Comment ça vient : toujours en découvrant une information étonnante (revues scientifiques, articles sur les choses étonnantes qui foisonnent dans la natures…)
Bibliographie :
- Sexus animalus (2020) d’Emmanuelle POUYDEBAT : tous les goûts sont dans la nature. De succulentes devinettes en perspective.
Le goût de la vérité
Ca a le goût de la vérité mais ça n’est pas la vérité (ou ce n’est peut-être pas la vérité, dans le cas d’une hypothèse) ! Ca sent l’intox, la désinformation, à vrai dire le mensonge. Eh non, tout ce qui brille n’est pas de l’or, toutes les boissons dorées ne sont pas de l’alcool (le ginger ale de Canada Dry). Il faut en prendre son parti, la psychologie humaine est basée sur le refoulement, le déni, l’aveuglement, la mauvaise foi, le mensonge (il faut y venir) !
Le but est de mettre l’homme devant son incapacité à appréhender une vérité (une leçon d’humilité vaut bien un mensonge, peuchère !)
Le bon côté se trouve du côté des histoires qui font peur, de la fiction : mais pourquoi l’homme est-il friand de mensonge ? (Vous avez quatre heures.)
CAS 3 : Soit on présente l’information erronée nue.
CAS 4 : Soit on associe une information indubitablement vraie, à une information fausse mais crédible, ce qui, par contamination, rend l’information fausse encore plus crédible.
CAS 5 : Une variante consiste à faire passer pour certaine (vraie), une simple hypothèse.
CAS 6 : là encore, on peut contaminer cette hypothèse en l’associant à une vérité certaine.
CAS 7 : enfin, il y a cet exercice difficile (je n’ai pas d’exemple) qui consiste à associer une vérité invraisemblable à un mensonge crédible.
Bibliographie :
- Le génie du mensonge (2015) de François NOUDELMANN : pour libérer vos chakras
- Mentir – La vie et son double (2019) de Mériam KORICHI : pour une approche philosophique rigoureuse.