Voyage dans les Cyclades

J’ai écrit ce récit de voyage au fil de l’eau. J’ai ajouté les photos, une fois de retour à Paris. Puis, lors de relectures, j’ai matelassé l’article avec des informations glanées sur la toile¹. J’en ai profité pour corriger les fautes de goût² et de style. Enfin, j’ai ajouté des titres et un sommaire pour faciliter le picorage, des notes de bas de page pour votre jubilation³, et un quiz parce que c’est bientôt l’été.

L’on n’écrit pas de la même façon au fil de l’eau et avec un recul de plusieurs semaines. En fait, je n’en sais rien. Au fil de l’eau, on s’attache peut-être davantage à restituer le pas grand chose, les détails, les humeurs, les vertiges. Tout dépend sans doute de la qualité de notre mémoire et de notre capacité à convoquer l’indicible et le ténu. Perso, je fonctionne plutôt à chaud. Passés quelques jours, l’imagination prend le dessus. Mais l’imagination n’est peut-être rien d’autre qu’une forme de réminiscence.

Une fois rentré au logis, je retouche les photos, puis j’écris en fumant de l’oseille ou du cresson, dans la pipe de mon bisaïeul. Les volutes vert émeraude m’aident à retrouver les chemins où les perceptions anciennes aiment à s’égarer.

Pour écrire en voyage

Pour écrire en voyage, j’utilise mon smartphone connecté au wifi⁴. Je rédige directement sur WordPress en mode Brouillon. C’est simple comme bonjour.

Il est aussi possible d’écrire dans le bloc-notes de vôtre smartphone, c’est plus écologique, pas besoin de wifi ni de ranch à serveurs au fin fond d’une vallée islandaise. Vous pouvez écrire de n’importe où, sans dépendre d’aucun réseau. Vous pourrez copier-coller votre texte dans WordPress plus tard.

Si vous êtes connecté, aussi bien dans le bloc-notes que dans WordPress, vous pouvez dicter votre texte, ce qui vous permettra de muscler votre cogito :

Dans WordPress, sur l’ordinateur, positionner le curseur puis clic droit puis Saisie vocale
Dans WordPress, sur le smartphone, positionner le curseur puis Icone micro (comme dans le bloc-notes).

BIBLIOGRAPHIE

Faune et flore : https://www.petitfute.com/r309-cyclades/decouvrir/d2008-nature-biodiversite-faune-amp-flore/
Géologie : https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/ile-Naxos.xml#insularite

C’est parti, attachez vos ceintures :

Les liens hypertextes sont en bleu.
Pour accéder à une note, cliquez sur son numéro : ⁵.
Les photos sont dans les blocs dépliables GALERIE (pour déplier/replier il faudra caresser le chat).
Mes souvenirs sont dans les blocs dépliables SOUVENIR (les souvenirs se caressent à rebrousse-poil).
N’hésitez pas à lever la main si vous avez besoin de faire pipi⁶.

Si la lecture de cet article vous gave déjà, vous pouvez tenter le quiz direct. Un système de navettes gratuites entre le quiz et des passages de l’article vous permettra de découvrir celui-ci en même temps que les réponses et vous donnera peut-être envie de le lire.

Si vous êtes joueur, vous pouvez tenter le quiz avant de lire l’article (sans nécessairement consulter les réponses) puis refaire le quiz après avoir lu l’article pour voir dans quelle mesure vous améliorez votre score.

Paros

Premiers pas à Paroikia

Si vous n’avez pas l’intention de vous baigner tous les jours, mai est sans doute la meilleure période de l’année pour séjourner en Grèce. C’est le début de la saison touristique, les grecs ont révisé leur anglais tout l’hiver et sont prêts à vous accueillir, les restos sont ouverts et les horaires de bus tiennent la route. Vous entendrez même parler français (par les français) grâce aux trois heures d’avion, aux nombreux ponts qui enjambent ce mois bénit et à l’obligation de solder ses congés avant l’été. Par contre, sans surprise, en mai, les locations ne sont pas données.

Je dis trois heures mais porte à porte nous avons mis douze heures pour arriver à Paroikia depuis Paris avec un changement de quatre heures à Athènes, une heure de retard incluse.

Nous avons choisi de passer une semaine sur l’île de Paros puis une semaine sur l’île de Naxos, les deux plus grandes îles des Cyclades, respectivement à Paroikia et Chora, les deux villes principales.

Nous aimons bien le principe de l’île, son côté on en a vite fait le tour, circonscrit, rat dans la cage qui oblige à davantage d’introspection. Il s’établit, semble-t-il, un lien plus fort entre le touriste et son phantasme. Rassurez-vous, je ne vais pas vous souler avec des réflexions à deux balles. Nous allons en rester là.

Les r sont roulés et se prononcent comme des l gutturaux avec soulèvement de la langue⁷ :

Paros se prononce ‘Parosse
Paroikia se prononce ‘Parikïa
Naxos se prononce ‘Naxosse
Chora se prononce ‘Kora

Toujours en accentuant toniquement la première syllabe (‘).

GALERIE : premiers pas

**Salade pour Cythère, Eldorado banal de tous les fins gourmets⁹.**

***Etoile du soir (la mer à portée d’escabeau)***

Comptez 25 euros de taxi entre l’aéroport de Paros et le nid douillet chèrement douillé qui vous attend down town à Paroikia (2h30 à pieds). On en veut un peu à la proprio qui, au lieu de nous donner le numéro d’un taxi, nous a refilé le numéro d’un conducteur de fourgonnette qui n’a même pas pu nous déposer devant la porte à cause de la taille de son véhicule. Il nous a tout de même taxé 50 euros. On a bien senti passer la taille de son véhicule (ça fait un peu cher un bon mot dont la banalité l’emporte sur la trivialité). 100 euros de l’heure. Inutile d’avoir un doctorat en sciences cognitives. Comme disent les poètes, il suffit d’appartenir à un réseau et de se trouver au bon endroit, au bon moment¹⁰.

Pourquoi n’avons-nous pas eu le réflexe Google pour nous procurer le numéro d’un taxi ? On n’a que ce qu’on mérite mais je persiste à croire qu’Até¹¹, la fille aînée de Zeus, y est pour quelque chose.

Appartenir à un réseau et se trouver au bon endroit, au bon moment :

Nous avions envisagé de partager la course avec un jeune gars qui avait commencé à nous livrer quelques informations brûlantes. Il avait terminé des études de commerce, puis avait enchaîné sur une formation de coach sportif d’un an, pour finir par s’accoquiner avec l’armée de terre – il avait l’air de s’en excuser. Il n’avait pas donné suite car les valeurs qu’on lui avait vendues n’avaient pas été au rendez-vous – partage, entraide, projet collectif… Maintenant, il avait besoin de remettre les compteurs à zéro et savoir de quel bois il allait faire ses flûtes. Une île grecque lui semblait le lieu approprié pour héberger sa jeunesse, faire le point et donner un nouveau départ à son odyssée. Il comptait trouver un emploi saisonnier dans l’agriculture ou le tourisme. Je l’avais rassuré en lui racontant que j’avais pris ma retraite avant de commencer à travailler et, maintenant que j’étais officiellement à la retraite, je ne savais toujours pas ce que je voulais faire plus tard.

Une fausse piste

L’épicurisme (300 avant JC, un jardin dans la banlieue d’Athènes) est un matérialisme hédonique prudent et respectueux où la mort est une plaisanterie et la recherche du plaisir, une affaire sérieuse : « Il n’est pas possible de vivre avec plaisir sans vivre avec prudence, et il n’est pas possible de vivre de façon bonne et juste, sans vivre avec plaisir. » (5^e maxime) ; « La mort n’a aucun rapport avec nous ; car ce qui est dissous est insensible, et ce qui est insensible n’a aucun rapport avec nous. » (2^e maxime)

Essayons tout de même de déterminer, en fonction de leur rapport à la mort, qui sont les hommes les plus entreprenants.

Qu’en est-il des hommes qui ont un sens aiguë de leur finitude ?
On peut imaginer les tenants du à quoi bon et ceux du le temps presse.

Inversement, qu’en est-il des hommes qui ont le sentiment d’être invincibles, voire immortels ?
On peut imaginer les tenants du fonçons, Dieu reconnaîtra les siens et ceux du rien ne presse, on a l’éternité devant soi.

Le rapport de l’homme à la mort ne détermine donc pas, à lui seul, la vocation de celui-ci.

Cela semble donner raison à Epicure, l’idée de la mort est un faux problème, il faut chercher ailleurs les raisons pour lesquelles certains hommes ne savent pas ce qu’ils veulent faire plus tard. Peut-être un embryon de réponse est-il proposé dans la 21^e maxime. Si ça vous intéresse voici le pdf des 40 maximes d’Epicure :

Epicure_Maximes_Capitales Télécharger

Nous avons laissé le koúros¹² partager un taxi moins onéreux, avec d’autres voyageurs.

SOUVENIR : un voyage en Sicile

Ce jeune homme me rappelait celui que j’avais été quarante-cinq ans auparavant (il semble qu’écrit en lettres, ce nombre soit moins impressionnant). Je n’avais devant moi aucune économie. Cent soixante-dix francs¹³ à La Poste sur un livret A.

Pour aller au pays de Dino Buzzati, je n’avais pas pris l’avion. Un joyeux cortège international de militants pour le désarmement unilatérale m’avait pris en stop. Ils comptaient porter leur message pacifique jusqu’à la Roumanie de Ceausescu¹⁴ après être passés par les ports militarisés de Gênes et La Spezia.

Pendent la journée, au terme de longues marches harassantes¹⁵ sous le cagnard d’un juillet finissant, nous improvisions des saynètes parodiant la pompe militaire. Le soir venu, au cours d’une assemblée générale qui me tenait lieu de séjour linguistique, le compte-rendu de la journée et les objectifs du lendemain étaient déclinés tour à tour en néerlandais, en anglais, en français et en italien.

Un jour où je nettoyais mon visage grimé dans l’eau du port, une jeune déesse s’était approchée et, du bout du doigt, avait effacé une trace sur ma joue. Elle m’avait donné rendez-vous le soir, au pied de la tour d’un site fortifié. J’avais séché l’AG pour la rejoindre mais l’avais cherchée en vain, jusque tard dans la nuit, parmi les dormeurs étendus sur le parvis.

Lorsque le convoi eut bifurqué en direction de l’Europe de l’Est, j’avais poursuivi mon périple vers le sud. J’avais passé une nuit dans un train qui se trainait de tunnel en tunnel et avais goûté le miracle d’un réveil dans une gare éclaboussée de lauriers roses. Passé l’éblouissement de Rome, un jeune homosexuel napolitain à la pédagogie affectueuse m’avait appris à conduire son scooter. À Messine, j‘avais remonté des voies de chemin de fer pour m’éloigner de la gare qui grouillait de prédateurs. Cette nuit-là, j’avais bivouaqué en amont de l’agglomération, caché au fond du bassin d’une fontaine désaffectée. Dans mon rêve, Dino Buzzati m’avait dit de ne pas avoir peur et de continuer à marcher dans l’herbe rouge¹⁶. Je m’étais réveillé, le corps entièrement couvert de poussière grise, ce qui m’avait permis de sortir de la ville en me faisant passer pour un citoyen de Pompéi.

Insoucieux des Fata Morgana¹⁷, j‘avais continué ma route jusqu’au Club Med de Cefalù, où ma petite amie travaillait pour la saison. Elle n’avait pas l’autorisation de sortir de l’enceinte perchée sur une hauteur, à l’extrémité de la ville. J’avais pu lui parler brièvement grâce aux démarches réticentes des deux gardiens que des femmes aux seins nus venaient régulièrement importuner. Ma bienaimée m’avait expliqué avec douceur qu’elle n’était pas en vacances et qu’elle n’avait aucun moment à me consacrer. Je n’avais pas eu le temps de lui demander pourquoi elle avait fait tatouer sur son front la lettre K. Nous avions convenu que je l’attendrais. En me quittant, elle s’était retournée et j’avais, entre deux pagodes, cru reconnaître Frida, la maîtresse de Klamm¹⁸.

J’avais passé août à jouer aux échecs avec Franz, un Allemand sympathique qui attendait le retour de sa fiancée partie récolter l’avocat dans un kibboutz. La po’litsia mounitchi’palé, qui nous avait à l’œil, nous avait un jour demandé d’interrompre notre partie pour vérifier le contenu de la boîte qui faisait office d’échiquier.

Nos deux couples avaient fini par se reconstituer et nous avions fait ensemble le voyage jusqu’à Caltanissetta, au centre de l’île. La place était blanche, ponctuée de quelques hommes en costumes noirs, déformés par la canicule. Les femmes n’étaient pas de sortie ce jour-là. Le lendemain matin, on nous avait offert du raisin et des citrons, sur le marché.

Mon amie s’envola pour Paris avec pour mission de clôturer la comptabilité du Club et les Allemands regagnèrent leur pays en train. Je repartis vers le nord en auto-stop, sous les orages de septembre.

Aucun job ne m’attendait, aucune fac, aucune attache. Je me rappelle avoir pris conscience de ce moment particulier où je ne possédais rien, où mon esprit était libre comme la caille des blés, où le ciel était blanc comme le sang que charriait mon cœur délavé, où rien n’était écrit. Je savais que ce moment serait unique et j’avais pris le temps de m’en délecter avant l’orage qui s’annonçait. C’était sur un rivage de la mer Tyrrhénienne. Des maisons inachevées tendaient vers le ciel leurs armatures métalliques, pour échapper à l’impôt. Des italiens tiraient sur leurs barques pour les mettre hors de portée des vagues qui allaient grossir. Ils n’avaient pas remarqué ma présence. J’avais le sentiment d’être invisible au monde dont j’étais ivre¹⁹. J’étais loin d’imaginer qu’il me faudrait dix ans pour reprendre pied dans ce monde ambitieux. C’est le temps à prévoir, selon Homère.

***Le voyage du héros***²⁰***, selon le monomythologue Campbell (qui a pompé le folkloriste Propp)***.

Quoi qu’il en soit, il n’est pas certain que le taxi vous dépose devant votre porte, certaines rues étant trop étroites, encombrées de véhicules en stationnement et mal entretenues. Les nids de poule abondent et les inégalités sont profondes.

Rencontres

Beaucoup de chats également, familiers et quémandeurs comme des chiens, ou au contraire autonomes et farouches, voire spécialisés dans le trafic d’organes²¹. D’autres se transforment lentement en renards : ils ont la queue hirsute, le pas allongé et la tête tournée sur le côté des bêtes qui vont boire.

Originaire des Cyclades, le chat de l’Égée est une sous-catégorie récemment identifiée du chat domestique. Son pelage comporte au minimum deux couleurs et ses yeux sont presque toujours verts. Il sait pêcher.

Ne cherchez pas les chiens : à part les chats, les seuls carnivores de l’île sont les fouines²².

Le chat a pris la place de la fouine dans le cœur des Grecs

***La fouine de Wikipédia.***
**Vous la connaissez bien, c’est elle qui effectue toutes vos recherches**²³.

Dans l’antiquité, la fouine était domestiquée pour la chasse aux animaux considérés comme nuisibles, tels les autres mustélidés²⁴, les rats, les souris et les serpents.

Son caractère opportuniste la pousse à se rapprocher des humains. Aujourd’hui encore, elle joue un rôle de vigile sanitaire, aux abords des habitations, en s’attaquant aux pigeons et aux rats avec beaucoup plus d’efficacité que les chats.

Elle est cependant souvent considérée comme susceptible d’occasionner des dégâts, voire comme nuisible, car elle s’attaque aussi à l’isolation des maisons, aux coussins de sièges et aux circuits électriques des automobiles, et mâchouille jusqu’à l’extase le caoutchouc des durites de refroidissement des moteurs. On lui doit la baisse de popularité de l’auto-stop en Europe.

Sur un malentendu, il lui arrive de décimer un poulailler lorsqu’elle est à la recherche d’œufs : excitée par la panique des poules, elle décapite tout ce qui bouge. Ce comportement fait de la fouine le plus sympathique des serial killers après Maximilien De Robespierre. Par ailleurs, la fouine a son caractère, elle est prévoyante et ne se laisse pas marcher sur la queue le premier soir.

Curieusement, dans les rues, ça ne sent pas le félin. Ma femme pense qu’il faut remercier les vents qui soufflent dans toutes les directions. Personnellement, le seul effet du vent que j’ai constaté est l’accumulation de sel dans mes cheveux, m’obligeant à me shampouiner la tête tous les deux jours pour éviter les démangeaisons.

Pour dissiper le mystère, j’ai demandé à des locaux la raison pour laquelle les chats grecs étaient dépourvus d’odeur. J’ai chaque fois obtenu cette réponse lapidaire :

Στην Ελλάδα δεν μυρίζεις τον κώλο της γάτας

Stin Elláda (En Grèce) den (négation) myrízeis (tu renifles) ton (lui) kólo (cul) tis (de) gátas (chats)

En Grèce, l’on ne renifle pas le cul des chats.²⁵

Autrement dit, en Grèce, on ne cherche pas la petite bête à quatorze heures²⁶, on garde ses distances, on s’occupe de son oignon, on n’a pas réponse à tout, en un mot on est philosophe, ecce homo²⁷.

Ces rudiments de grec vous seront certainement d’un grand secours. Apprenez au moins ce proverbe salutaire qui vous sera utile quand on vous demandera votre avis, quel que soit le sujet.

Prononciation

En gras les syllabes accentuées :
Stinélada zèmilizisse togolo tisse gatasse.

GALERIE : chat-chat-chat

***Égérie de l’Égée-Méridionale*** **pour son usine flottante de désalinisation d’eau de mer à énergie renouvelable**²⁸
**(à la mort de son pote Numa, roi de Rome et hydromancien, Égérie fut transformée en source par Diane dont l’éplorée avait perturbé le culte).**

Globalement, les Grecs sont beaucoup plus sympas que les Italiens, les Français ou les Espagnols. Vous allez me dire que ce n’est pas difficile. Certes, mais c’est appréciable, en particulier quand vous appartenez à l’une de ces nationalités maudites. Du matin jusqu’au soir, les Grecs sont accommodants, souriants, généreux, ouverts, quoique sans doute un peu fatalistes avec un fond de stoïcisme.

Ma femme et moi sommes d’accord sur ce point, malgré sa phobie des chats.

SOUVENIR : le point de vue de mon correspondant de guerre

Mon correspondant de guerre n’est pas du même avis. Selon lui, quel que soit le pays, les hommes sont sympas quand ils ont faim. Quand ils n’ont pas faim, ils sont égoïstes, c’est dans leur nature. S’ils sont sympas, c’est pour venir à bout de ton égoïsme, m’assure-t-il. Un pays où les gens seraient accueillants de façon désintéressée est une utopie de plaisancier suffisant (je me suis permis de remplacer l’adjectif qu’il a utilisé³¹). Quant au soi-disant sens de l’hospitalité, celui-ci n’est pas naturel mais culturel, il répond à un besoin d’entraide et de survie dans les pays où l’économie et les infrastructures sont insuffisamment développées.

Mon correspondant de guerre s’y entend pour casser l’ambiance. Je lui rappelle que les vacances sont aussi faites pour rêver un monde meilleur. Il s’excuse en m’expliquant qu’il avait compris que j’étais en vacance mais que ce n’est pas en refusant de jouer cartes sur table qu’on pourra rendre le monde meilleur, un problème bien compris est un problème à moitié résolu, et patati et patata.

Je sais qu’il a raison mais je lui rétorque qu’il faut aussi se garder une poire d’espérance pour la route et autoriser l’homme à croire en lui pour qu’il trouve le courage d’avancer, que la croyance donne de l’autonomie au cerveau droit, que les voies du salut sont impénétrables, et patati et patata. Sans compter que ce soi-disant égoïsme structurel est souvent allégué pour justifier les pires comportements. Laisse tomber, qu’il me répond, le résultat est sous nos yeux. C’est un homme de terrain, il faut le comprendre.

Patrimoine

Dans les centres-villes, les rues sont revêtues de pierres plates, largement jointées d’un liant blanc, quand ce n’est pas le résultat d’un simple coup de pinceau (quoi qu’il en soit, l’intention est bonne³²). Partout ailleurs, une couverture de béton remplace le bitume que nous connaissons sous des latitudes plus tempérées, les hydrocarbures supportant mal les fortes chaleurs.

GALERIE : ruelles dallées

**L’enfant assise sur la première** ***marche renforce la symbolique d’espoir et de progrès de*** **l’escalier (à moins que ça ne soit l’inverse)**

***Il ne faut pas perdre de vue que les chemins de pierre sont jumelés avec le ciel, identique à lui-même, et que c’est au promeneur de décider où s’arrêtent ses pas.***

***Le chapeau de cheminée grec traditionnel est une ***girouette*** de métal noir qui prend, selon sa position, des allures de corbeau, de foulque ou de cormoran.***

***Mobilier urbain de la rue-terrasse***

Ces volets bleus et cette ***bougainvillée*** ***rouge*** attendent le passage d’un scooter jaune³³

***La montagne au bout de la rue, ça change tout.***

***Des bougainvillées***³⁴ ***au bout de la rue, ça change tout***.

***La mer au bout de la rue, ça change tout.***

Quoi qu’il en soit, tous les chemins mènent à Constantinople : chaque quartier possède sa petite chapelle où chacun vient accrocher son ex-voto.

Les décors sont magnifiques. L’église orthodoxe a fait de la croyance un art.

GALERIE : chapelles

***Idéal pour un mariage all inclusive***

***L’église invite les créatures à s’abriter sous son aile***

**Donne-moi ton cœur, baby**…³⁵ ***Au cas où vous auriez oublié qui je*** **suis, my name is Christ, Jésus Christ**.

***La main de*** **dieu baguée de cloches**

***Trachéotomie (le souffle divin nous éclaire)***

***Les deux têtes de l’aigle symbolisaient la double souveraineté temporelle et spirituelle à laquelle prétendaient les basileus***³⁶

***Si j’étais un oiseau, j’irais danser sous l’orage***.³⁷

***Dans ce pays, le drapeau bleu et blanc flotte sur les clochers et la croix est peinte sur le drapeau, évoquant le ciment blanc sous le pied du pèlerin et les ondulations des dauphins bleus et b*****lancs qui croisent entre Paros et Amorgos.**

Si tu vas à Paroikia, n’oublie pas de monter à la plus haute église. La ville est parsemée de petites chapelles orthodoxes mais là-haut, la vue sur la mer enliesse³⁸ l’âme.

Après, vous irez au Bountaraki, au bout de la baie, déguster un gâteau de semoule à l’orange.

GALERIE : Bountaraki

**Là-haut, la vue sur la mer enliesse l’âme.**

***L’œil porte-bonheur protège du mauvais œil***

***Demandez une* *portokalopita*** (*portokalo* : orange ; *pita* : tarte)

Profitez de votre escale au Bountaraki pour écrire la carte postale de vos vacances.

En respectant quelques règles bien sûr !

Ecrivez votre carte postale depuis un point culminant pour convaincre votre destinataire que vous le placez au-dessus de tout.

Faites au moins deux fautes d’orthographe (une seule pourrait être mise sur le compte de l’inattention, deux traduisent un vrai problème) et ne vous souciez ni de la ponctuation ni des tirets. Le destinataire, qui sera heureux de découvrir ces manquements, éprouvera à votre égard un mépris passager mais ne nourrira aucun sentiment de jalousie ou d’infériorité (tout le monde n’a pas les moyens d’aller passer un weekend à Venise).

Dans le même ordre d’idée, glissez une formule à l’intention bien lourde et grammaticalement à l’avenant. Cela attestera que vous êtes un esprit simple, donc sincère.

Utilisez autant que faire se peut le vouvoiement. Ça donnera un ton inhabituel à votre propos somme toute très banal.

A la fin, pas de signature mais votre prénom écrit lisiblement, suivi de votre nom pour ne pas vous faire piquer la vedette par une autre Jeannette.

Voici un modèle certifié depuis la 10^e exposition universelle qui s’est tenue à Paris en 1889 :

Ma chère Marie Louise

C’est du haut de la tour Eifell que je vous écris se petit mot qui vous montrera que j’y ai pensé à vous. nous sommes à Paris depuis 10 jours et nous partons la semaine prochaine.

Je n’ai plus que la place Chère Marie Louise de vous embrasser bien affectueusement. Votre amie Jeannette Lebeuf

Les parties en vert doivent être personnalisées. Voici ce que ça donne en ce qui me concerne :

Mon cher frère

C’est depuis le haut Paros que je vous écris se petit mot qui vous montrera que j’y ai pensé à vous. nous sommes en Grèce depuis le début de la semaine et nous partons la semaine prochaine.

Je n’ai plus que la place Cher Julien de vous embrasser bien affectueusement. Votre frère Christophe Macherot

Bien entendu, vous n’êtes pas obligé d’écrire votre carte postale depuis le point de vue que vous avez sélectionné, nous restons dans la communication, c’est à dire dans une fiction que certes la réalité dépasse mais où le point de vue demeure le choix le plus important que doit prendre la personne qui écrit car il affecte la manière dont le lecteur va réagir sur les plans de l’émotion et de la morale⁴⁰. Le plus important reste de trouver la carte postale d’une vue panoramique en mesure d’illustrer votre escroquerie.

Dans l’ombre des murs

Le matin, je m’allonge sur la terrasse, dans l’ombre des murs, pendant que ma femme et ma fille se laissent gagner par une grâce mâtinée de farniente. Une mouette d’un blanc éclatant traverse le ciel bleu roi, immobile comme dans un dessin animé de Miyazaki. Le vent fait faseiller les pinnules des palmes du dattier. Ma femme m’a dit que ce bruit lui était familier, le bruit des tropiques de son enfance. Plus bas, dans un massif de cystes et de bougainvillées, le discours méthodique des oiseaux cisaille l’été.

Au sommet de la maison voisine, de son écriture frénétique, un demi-drapeau grec fait le récit d’un autre vent. Il y a des gendarmes⁴¹ et toutes sortes de petits scarabées fracassés. Il y a le grelottement nacré du carillon à vent.

D’heure en heure, une corne de brume construit une mosquée au fond de la mer⁴² ; ça prend quelques secondes.

GALERIE : farniente

Corne de brume

Je relis en boucle Les petits chevaux de Tarquinia, de Marguerite Duras. Des intellectuels engagés passent des vacances au bord d’un fleuve torpide, dans un village intranquille situé au pied d’une falaise où règne une chaleur caniculaire dont seul peuvent les distraire les bitter campari et les atermoiements de l’amour qui se dilue dans l’attachement, tandis que dans la montagne, bientôt chassé par l’incendie qui se propage, un vieux couple veille sur une caisse à savon dans laquelle ils ont rassemblé les restes de leur fils qui a sauté sur une mine dans l’exercice de ses fonctions quelques jours plus tôt.

J’ai choisi ce livre car il y est question de vacances et de Méditerranée, mais aussi parce que je l’avais déjà lu et que je voulais faire l’expérience d’un livre que je relirais sans fin jusqu’à ce qu’il ne restât plus que la littérature à l’état pur.

Profitons de cet intermède littéraire pour faire le point sur l’utilisation du pronom dont.

Usage du pronom dont

Dont exprime le complément	Sens	Correct
du verbe	d’où	La chambre d’où /dont je sors
	au moyen duquel /avec lequel	La baguette dont ils piquent leur proie
	de qui, duquel	L’homme dont on parle. L’homme dont elle est aimée.
	par lequel	Le coup dont il fut frappé
	de l’origine duquel	La famille distinguée dont /d’où il sortait
	de quoi	Rien ne se produit dont on puisse se réjouir
	au sujet de qui /duquel /de quoi	Un luxe, dont j’imagine aujourd’hui qu’il devait être affreux
de l’adjectif	de	Le malheur dont vous êtes responsable
de nom	de parmi lesquels	La maison dont on aperçoit la façade (et non sa façade). Des livres dont trois sont reliés. Des livres dont j’ai gardé une dizaine. C’est un long texte dont voici l’essentiel.

Points d’attention

Incorrect	Correct	Possible
Un livre dont on ignore la date de la publication	Un livre de la publication duquel on ignore la date. Un livre dont on ignore la date de publication.	Ce garçon, dont l’énergie se lit dans les yeux bleus (de qui + de qui : du même)

Incorrect	Correct	Possible
L’enfant dont son jouet est cassé	L’enfant dont le jouet est cassé	Cette malheureuse créature, dont la mort prématurée attriste aujourd’hui sa famille (pour plus de clarté)
Les auteurs dont les œuvres les ont rendus illustres	Les auteurs que leurs œuvres ont rendus illustres

Incorrect	Correct	Possible
Des épreuves dont j’en supporte le poids	Des épreuves dont je supporte le poids	Des épreuves dont il y en a une que j’ai mal supportée

Jet set

Vous pouvez aller faire un tour à Naoussa, ze plèïce toubi de Paros. Vous y croiserez des instagrameurs en manque de pixels, des cinquantenaires ravagés par l’urgence, des femmes aux lascivités un peu molles, des céphalopodes exhibitionnistes, des Grecs de la haute, des jeunes filles aux gloussements rauques et au cheveu de jais. Le soir, les êtres humains viennent se délecter de chair de poulpe sur les quais recouverts de tables et de chaises orange ou bleues.

Choisissez le meilleur emplacement car aucun restaurant n’est bien noté.

Sortez couverts car les MST aussi ont droit aux congés payés.

GALERIE : Naoussa

***Ceux qui vivent là ont gardé la clé***⁴⁶

***Les tables sont toujours plus bleues dans le resto d’à côté***

Les passants se sont arrêtés pour permettre à une jeune-fille de filmer sa copine ondulant le long des tables. Ça m’a donné des idées.

L’aller et retour en bus vous reviendra à 4 euros. Ce n’est pas cher payer des réjouissances de cette qualité. À l’arrêt de bus, il y a deux tautologies : un figuier odorant et des oies en liberté surveillée qui régulent le trafic.

***La terre gazonnera du gazon (jour deuxième)***

***Le volatil volera*** **sur les faces du plafond des ciels (jour** ***quatrième)***

Les voix du Seigneur sont tautologiques.

Archéologie

Si l’orage venait à faire reculer votre littoral, vous auriez la possibilité de vous réfugier dans le musée archéologique de Paroikia. La plus ancienne pierre gravée de Grèce y repose. Une femme assise depuis 800 BC, tout droit sortie d’une planche de Bretécher. La gravure est indétectable mais un dessin grandeur nature vous révèle ce que vous êtes censé voir. Vous participerez également à l’élection de miss-méridienne⁴⁷, une antique spécialité de l’art grec. Dans un autre registre, quelques femmes qui ont perdu la tête⁴⁸ ne manqueront pas de vous émouvoir.

Enfin, une information de taille⁴⁹, la Vénus de Milo est en marbre de Paros.

BC signifie before Christ et before signifie avant, en anglais ; en grec, cela donne π. χ. : π (pi) pour prin, avant, et χ pour χριστός, Christos.

GALERIE : Archéologie

***Cherchez, 8 siècles avant Jean-Claude***,

**une femme** ***assise, en train d’attendre une boisson aromatique***.

***Souvent elle s’alonge sur un coude pour penser à des trucs très personnels, seule***

***ou en compagnie d’un époux imaginaire, tandis qu’un esclave leur proposerait des gâteaux au fromage et au miel***.

***Parfois, un roi l’appelle pour la demander en mariage***.

***Mais elle se méfie des hommes conquérants et prompts à mettre au pas la nature***.

**Les gars de cette époque étaient plutôt beaux gosses**

***mais c’était une bande de bras cassés***

**Ils préféraient consacrer leur temps à prendre soin de leurs bœufs**,

**des créatures à l’échine flexible, dont les pets délétères, siècle après siècle, allaient empoisonner le monde.**

**Alors, les femmes avaient pris le pouvoir** (Gorgone).

**Elles étaient triomphantes** (Artémis),

***Dans cette urne, ***les enfants non désirés*** étaient incinérés.***

***Les cendres servaient à amender la terre***

Au centre de Paros

Lefkès. Ce n’est pas un concurrent de Fenwick⁵¹, c’est un village situé au centre de Paros, au fond d’une vallée, ni plus ni moins. Le trajet vous laissera l’image d’une Grèce rêvée, débarrassée de ces parallélépipèdes de béton peints en blanc qui font penser à des blocs de feta ou, certains jours de spleen sévère, à des maisons de chantier.

Pour aller jusqu’à cette église que vous apercevez sur le versant opposé, derrière une corde à linge, vous devrez faire en sorte et sans ménagement.⁵² Attention aux claquages à la cuisse gauche. Vous vous perdrez sans doute sur les pentes d’un labyrinthe de ruelles défoncées. Ouvrez bien l’œil, rue de l’Entorse. Les bâtisses en ruine devant lesquelles vous passerez ne mériteront pas votre admiration. Mais peut-être ne résisterez-vous pas à tendre le bras par dessus le muret, pour cueillir un citron.

Soudain, presque à regret, vous déboucherez sur une place un peu trop propre. Mais vous ne serez pas déçu par les alentours de l’église. Vous n’aurez pas accès à l’intérieur de l’édifice. Dommage. Visitez le cimetière accroché à la colline, on y vient à pied, ceux qui vivent là ont jeté la clé⁵³.

GALERIE : Lefkès

Un peu sur votre faim, en quête d’horizons plus touristiques, vous pousserez peut-être jusqu’à Piso Livadi, où il n’y a rien à voir. Les toilettes de la jetée sont immondes. L’arrêt de bus du retour n’est ni pourvu d’un charme certain ni dépourvu d’un certain charme : pour ne pas déprimer, asseyez-vous sur le muret, face à la mer, en laissant pendre vos jambes dans le vide. Relâchez les adducteurs. Vous pourrez prendre une photo de bateaux avec des branches de tamaris au premier plan.

GALERIE : Piso Livadi

***Je ne vois que les vagues qui verdoient*** ***et la plage qui poudroie***.

Gastronomie

De retour à Paroikia, vous ne résisterez pas à l’envie de déguster une glace à la pistache ou au cinnamome⁵⁴, en compagnie de l’être que vous chérissez le plus au monde.

Mais pour vous réconforter, je vous conseille les fraises macérées dans un peu de sucre de canne, accompagnées de yaourt de brebis et de noix. Une tuerie signée la fouine. Vous pouvez grignoter en même temps un morceau de chocolat noir dont vous avez eu la sagesse de glisser plusieurs tablettes dans votre valise. La fraise fait bon ménage avec le chocolat noir et le zeste du monde⁵⁵.

À part ça, nous carburons aux olives et à la feta au lait de brebis⁵⁶. Pensez à faire cuire la salade si vous la trouvez trop coriace⁵⁷ ; avec du riz, c’est fameux. Leurs sardines en boîte ne sont pas terribles. Mais leur moussaka tient du prodige (si vous avez la bonne adresse). Le dimanche, vous pouvez acheter des sardines grillées (un peu sèches).

GALERIE : gourmandises

***Têtes de poules confites et yaourt au lait de brebis***

***MEVGAL (marque) Traditionnel Yaourt de brebis***⁵⁸

Curieusement, traditionnel se dit paradosiakos et paradisiaque se dit ouranios (Ouranos, le dieu du ciel, désigne aussi Uranus et le paradis).

Adieux

Le dernier jour, nous avons longé la côte. Un meltem⁵⁹ à décoiffer les yeux et à égarer les esprits. On avait les cils tout emmêlés. Bonnet par dessus la casquette, polaire, coupe-vent, chausse-pied, boîte aux lettres, arrache-clous, brûle-pourpoint, Vasco de Gama et tutti quanti.

Notre fille a fait de très belles photos de sa mère. Vous allez me dire, ce n’est pas difficile, l’amour maternel illumine le visage de bien des femmes.

GALERIE : dernier jour

Moulin sans paroles :

Nous avons rapporté un baklava. Pas de quoi sortir l’escabeau du placard. Une tache de pistache, une dent de lait d’amande, une usine agro-alimentaire de sucre, pas une mouche de miel et une pâte feuilletée qui croustillait autant qu’une barre de guimauve. Un établissement pourtant bien noté (à proximité du vendeur de moussaka).

Le soir, en bas de la rue, nous avons admiré le plus beau couché de soleil observable depuis la Terre, parole de gargotier.

GALERIE : cimetière marin⁶⁰

Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant⁶¹ ***d’imperceptible écume***

***Le Temps scintille et le Songe est savoir***

***Tant de sommeil sous un voile de flamme***

***Temple du Temps qu’un seul soupir résume***

***Rendre la lumière suppose d’ombre une morne moitié***

***La mer fidèle dort sur mes tombeaux***

***Si j’atteins ce rocher avant le coucher du soleil, j’aurai mon bac.***

Naxos

Arrivée à Chora

Le lendemain, je me suis levé tôt pour faire ma valise. En ouvrant la porte, côté cour, je me suis retrouvé moustache contre moustache avec un jeune chat aux iris aventurine⁶². Il a laissé infuser sa prémonition égyptienne⁶³ dans mon regard vert doré et m’a demandé, quand est-ce que tu m’adoptes frérot ? Je l’ai pris en photo et lui ai répondu, déso.

Quand est-ce que tu m’adopte, frérot ?

Avant de partir, je suis passé au mini-market acheter mille cinq cents grammes d’olives sous vide. Je n’étais pas sûr d’en retrouver d’aussi bonnes sur Naxos.

Arrivée sur l’île de Naxos après trois quarts d’heure de ferry. On s’est installé en classe business, nous le savons maintenant, les grecs ne sont pas du genre à renifler le cul des gens. Le cousin de la proprio est venu nous attendre avec une pancarte, au port de Chora. Nous avions l’impression d’être en séminaire.

On est logé devant une école, à deux pas du château, un parallélépipède plus gros que les autres, vaguement rectangle, qui ne se visite pas⁶⁴. On croise des ados nonchalants et des chats imprudents⁶⁵, parfois l’inverse. L’air est délicieux. La vue est magnifique. On se croirait dans un pays comme la Grèce. L’ocre du terrain de basket répond du tac au tac à celui de la montagne.

Des graffitis attestent que les écoliers de ce collège font bitocul deuxième langue, comme tous les écoliers du monde.

Le cousin a monté nos bagages au deuxième étage et notre hôtesse nous a annoncé triomphalement qu’il nous conduirait à l’aéroport à la fin de notre séjour. Elle est fan de puzzles. Celui de notre chambre à coucher fait bien deux mètres carrés, une probable magicienne en déshabillé rouge. Torride. L’on doit bien se morfondre, hors saison, chez l’insulaire, lorsque le sirocco pousse son mufle humide au creux des lumbago. Je me suis demandé si cet engouement des Grecs pour le puzzle avait un rapport avec leur tradition du pavage.

Déco very kitch mais grand confort, hormis le canapé d’angle (on a récupéré le mobilier de jardin pour regarder la télé). Et la moustiquaire de la fenêtre de la cuisine, qu’il a fallu rafistoler avec du scotch de 5 et deux sacs poubelle roulés en boudins autour du châssis (je préfère le canevas de Pénélope au puzzle de Circée).

Pour réparer provisoirement une déchirure dans une moustiquaire, utiliser en vis-à-vis deux bandes de scotch de 5 cm de large, l’une à l’intérieur, l’autre à l’extérieur, colle sur colle, sans essayer de réduire la déchirure (pour que ça colle, justement).

Toujours emporter en voyage un rouleau de scotch de 5, des sacs poubelle et des tablettes de chocolat.

GALERIE : arrivée à Chora

**On ne mettait les pieds sur la terrasse des chambres**, **que pour ouvrir et fermer les volets.**

***Impossible de mettre un nom sur cet arbre pourtant commun***

**Les écoliers grecs sont bourrés d’énergie**

***Cette magicienne n’est pas un vampire : les dents sont l’effet du puzzle.***

***Papier peint mur de pierres sèches***

Gastronomie

Nous avons déjeuné dans un boui-boui bien noté. Pas de quoi se faire un paréo avec les rideaux. Les clients sont parqués de l’autre côté de la rue, dans un espace fumeur bâché. Heureusement qu’on était quasiment seuls à cette heure reculée de l’après-midi. On a demandé s’il était possible de baisser le volume (la musique traditionnelle grecque de 14h50 peut provoquer des lésions du nerf auditif irréversibles). J’ai finalement dû manger avec des bouchons antibruit, après m’être fait mal voir (je ne parle pas le grec mais j’ai vu le patron chuchoter avec les habitués). Les Grecs auraient, paraît-il, la moussaka susceptible⁶⁶.

À propos, voici un petit lexique de derniers secours :

Bonjour, comment ça va : Baklava ?
Je suis un peu fatigué, ces temps-ci : Moussaka
Aimez-vous la musique du XVIII^e siècle : Baklava ?
Je préfère la poésie du XIXe siècle : Moussaka
Je vais prendre un bain : Baklava
Savonne-toi bien : Moussaka !
Nous retournerons là-bas : Baklava
où ça, là-bas : Moussaka ?
Dans les Balkans : Baklava
Il était un petit navire : Moussaka
Qui n’avait jamais navigué : Baklava
Quel est ton chanteur préféré ? George Moussaka.

Je m’arrête là, vous avez compris le principe.

Sous la table, il y a toujours un chat qui fait semblant de chercher quelque chose ou d’attendre quelqu’un. En vérité, il attend que vous lui jetiez une souris verte ou une vache qui rit (une vache verte ou une souris qui rit, sonne grave moins bien). Il ne reste jamais très longtemps mais il est immédiatement remplacé par un autre, selon un ordre rigoureusement déterminé. Curieusement, dans ce pays, les chats ne se battent pas, ils ont appris à cohabiter, peut-être pour la même raison que celle pour laquelle ils ne marquent pas leur territoire avec de l’urine (sont-ils tous castrés par le syndicat d’initiative ? ).

Par ailleurs, ils sont très polis : ils ne manqueront jamais de répondre au vôtre par un bref miaulement, une sorte de « ça va » un peu contrit. Je ne sais pas si cette phrase est correcte : ici, le pronom possessif vôtre remplace (ou plutôt représente) miaulement, qui vient après ce pronom, pour créer un suspense sémantique. L’on dit bien « à la vôtre » sans être sûr de vôtre quoi : santé, vigueur, réussite, prospérité, sérénité…

Nous avons partagé une salade grecque. La feta était bonne, les olives moins. Sinon, vous connaissez tous le concombre, les tomates, le poivron vert et les oignons aubergines⁶⁷. Très rafraîchissant, même si l’huile d’olive était coupée.

J’ai pris des sardines grillées avec le jus d’un citron. Une valeur sûre si vous n’avez pas peur d’avaler les petites arrêtes. Le pain n’était pas ouf, mais pourquoi l’aurait-il été cette fois-ci ? Généralement, les frites sont bonnes (Naxos possède une variété endémique de pomme-de-terre), mais, même à plusieurs, les micro-ondes ne viennent jamais à bout de la cuisson du poulet pommes au four. Cela s’est encore vérifié.

De retour au manoir, nous avons, sans résultat, essayé de chasser l’astringence odorante de l’oignon à coup de mini-magnums et de chocolat à nonante-deux pour cent, achetés au supermarché qui fait l’angle.

Les classes se relaient dans la cour de récréation du collège pour faire du sport. Quand vous partez hors vacances scolaires, méfiez-vous des écoles, elles ne sont jamais mentionnées par les propriétaires.

Plus sérieusement, assurez-vous que les fenêtres sont équipées de moustiquaires. N’oubliez pas que le moustique est l’animal qui tue le plus d’humains chaque année (1 million), loin devant les hommes (1 demi-million de meurtres sans compter les guerres⁶⁸), les serpents (50 000) et les chiens (25 000). En Grèce, les fouines ont exterminé les serpents, les chats ont évincé les chiens et les puzzles ont apaisé les hommes : l’anophèle reste votre seul ennemi (mis à part vous-même, bien entendu).

Premiers pas dans Chora

Chora est jumelée avec Saint-Quentin dans l’Aisne⁶⁹ (ça pique un peu). Heureusement que la ville est déserte car les trottoirs sont étroits. Les chats aussi sont moins présents. Beaucoup de jaune. J’ai vu une carcasse de scooter jaune, des glauciennes des friches sablonneuses, jaunes également, une gargote au bord d’une plage déserte avec un parasol jaune, un tamarix centenaire aux feuilles salée et aux dents jaunes, un poteau télégraphique méconnaissable qui riait jaune, un cimetière dévasté à la bonne odeur-de-sainteté (Tristan Corbière, Les Amours jaunes), un type à moto avec un visage en pâte à sel (je n’ai pas de photo), une chaise inconfortable, comme toutes les chaises grecques dont l’assise de paille jaune, trop creuse, autorise la ceinture du siège à couper la circulation veineuse des cuisses de l’usager. J’en déduis que les chaises avaient jadis, en Grèce, les pieds beaucoup plus courts. J’ai tout de même acheté un bocal de câpres.

Jouons un peu voulez-vous ?

Saurez-vous retrouver le scooter jaune dans cette composition de Mondrian ?

Un peu d’histoire

Assez peu porté sur l’hyperréalisme, le peintre néerlandais Pieter Cornelis Mondrian se réfugie à Londres en 1938 après avoir refusé, avec cet instinct rigoureux qui le caractérise, un emploi de sosie⁷⁰.

Puis, en octobre 1940, à la suite des bombardements de Londres, il s’embarque pour New York.

***Mondrian cherchait à représenter l’équilibre des choses entre elles*** **et n’hésitait pas à déplacer** ***son centre de gravité en avançant masqué.***

***La Grèce antique cherchait à représenter l’équilibre des proportions et n’hésitait pas à lever l’ancre dans le plus simple appareil.***

La location d’une voiture permettra peut-être d’ouvrir des perspectives plus avenantes. Heureusement, nous sommes logés entre deux supermarchés et je partage le logis avec deux supers nanas (Jonasz également⁷¹).

GALERIE : Chora-Saint-Quentin

***Tamarix au bord de la crise de nerfs***

Au centre de Naxos

Nous avons loué une voiture pour deux jours afin de sortir de cette ville maudite où, la nuit venue, des têtes d’Osiris quittent les tamaris pour errer, à la recherche de leurs corps⁷⁶. Saint-Quentin⁷⁷ fut également décapité : simple coïncidence ou œuvre de la toute puissante confrérie des fouines ?

Nous sommes allés d’une traite jusqu’à Filoti, un village construit au centre de l’île, à flanc de montagne, où le principal moyen de transport est l’escalier non mécanique.

Puis nous en avons pris plein les yeux jusqu’au village d’Apollonas, au nord de l’île, sur lequel nous avons mis le cap.

Naxos ressemble à l’idée qu’on pourrait se faire de la Corse quand, comme moi, on n’y a jamais mis les pieds. Tant par sa forme que par ses chèvres et ses paysages de rocaille hérissée d’arbustes agressifs, genêts et calicotomes⁷⁸ épineux, yeuses⁷⁹, pistachiers et genévriers, euphorbes des garigues aux arômes de café⁸⁰. Aux alentours des villages, quelques figuiers et oliviers, des vignobles à l’état vestigiale, quelques chèvres et brebis agnelantes, pas de quoi nourrir une population. Il y a longtemps que Dionysos a jeté l’éponge.

Des pick-up Toyota déglingués attestent néanmoins la ruralité de l’île. Les visages sont burinés, plus rarement rubiconds. Des grappes de femmes vêtues de noir gobelotent en terrasse. Elles parlent fort, s’interpellent, téléphonent, claquent la bise à un passant sur deux. Ça fait plus de soixante ans que ce petit monde vieillit en communauté. Seul les commerçants prêtent attention aux quelques touristes de la mi-mai. Même les chats sont circonspects.

GALERIE : Filoti

**Le cri de l’engoulevent dans Manhattan désert**⁸¹

Sur les routes

Naxos compte moins de 25 kilomètres du nord au sud (multipliez au moins par trois pour obtenir la distance des trajets). C’est 7,5 fois moins que la Corse.

L’île de beauté culmine à 2700 mètres, Naxos à 1000 mètres, au mont Zas (Zeus), ce qui est loin d’être ridicule.

Et puis, c’est sur Naxos qu’après avoir vaincu le Minotaure crétois, Thésée oublia Ariane (probablement sous la pression de Dionysos). Thésée oublia aussi de changer de voile à son retour, ce qui provoqua le suicide de son père, Egée, qui donna son nom à la mer dans laquelle il se jeta, ce qui, de fil en aiguille, permit au fils indigne de devenir roi d’Athènes.

Thésée tirait les ficelles et les ficelles le lui rendaient bien : sa première femme, l’amazone Antiope, meurt pour une obscure affaire de ceinture ; il sort du labyrinthe grâce au fil d’Ariane ; il force le destin en emmêlant les drisses de ses voiles ; son fils Hyppolite périt traîné par ses chevaux ; Phèdre, sa femme, se pend ; c’est ligoté par les lois qu’il a lui-même mises en place, qu’il doit s’exiler ; et c’est aspiré par le vide mortel, sans l’assurance d’aucune corde (Thésée a abandonné Ariane, Ariane a abandonné Thésée), qu’il connaît la même fin que son père.

GALERIE : road trip

Sur la route, nous croisons une voiture tous les trente kilomètres. C’est troublant mais l’on s’habitue.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas une raison suffisante pour rouler à gauche dans le but d’éviter des nids de poules dans un virage. Friande de ces combinaisons à trois bandes⁸², la mort risquerait de se décrocher quelques côtes en se foutant de votre gueule.

Alors, c’est le pneu qui trinque. Les poules de la région sont de redoutables volatiles qui creusent des nids aux parois abruptes, avec leurs incisives en titane. Les voitures étant particulièrement étroites (les cieux étant particulièrement courts⁸³), inutile de tenter un petit pont.

Une autre particularité des routes de montagne de l’arrière pays est, outre l’ovin baladeur qui transhume sans vergogne, la propension de la végétation à buissonner jusqu’au milieu de la chaussée.

C’est assez joli, mais que font les cantonniers, à part se rincer la pergola ?

GALERIE : accoroutisme⁸⁴

Le nord de Naxos

À Apollonas, nous avons déboutonné nos chakras face à la mer inondée de lumière. J’ai agité mes bras mais ils ont refusé de me porter. Je suis resté allongé sur le muret au pied duquel venaient se briser les vagues égéennes. Quand j’ai rouvert les yeux, j’étais toujours sous les nuages, quelques centimètres au-dessus du niveau de la mer. C’est en face de nous, derrière l’horizon, que les eaux vertes d’Ikaria se sont refermées sur Icare.

GALERIE : Apollonas

Nous sommes rentrés à trente à l’heure en suivant la côte, derrière les éléphants d’or gris d’Apollon. Au cours de ces deux jours je n’ai pas dépassé le 50 km par heure et jamais n’ai passé la quatrième.

À propos d’éléphants, un affleurement, à l’Est de Naxos, a livré le maxillaire fossile d’un éléphant nain du genre Paleoloxodon (espèce ancestrale continentale devenue naine en contexte insulaire).

GALERIE : les éléphants d’or gris d’Apollon

Côte Ouest

Le jour suivant, cap au sud-ouest, la falaise ocreuse de la plage naturiste d’Hawaï beach. Une chercheuse de moules y prospecte à plat ventre, inondant de sa liesse, cinq cents mètres d’estran blond. La couleur de l’eau passe brutalement du vert nacré de certains coquillages de nos vacances, au bleu Gaz de France de notre enfance. L’air qu’on respire là-bas est composé en parties égales de luxe, de calme et de volupté.⁸⁵ L’on imagine avec horreur à quoi ressemblera l’endroit, lorsqu’une épaisse couche de juillettistes aura recouvert l’étroite bande de sable. En cas de tsunami, les estivants sont certains de périr, bloqués par la falaise. Ne cherchez pas, c’est la raison pour laquelle on a baptisé cette plage, Hawaï beach.⁸⁶

En remontant vers le nord, adossées à des salines puantes, des plages plus commerciales proposent des parkings de transats assortis de cendriers, sous des playlistes electro-chills de Spotify nichées dans les canopées de raphia des parasols hawaïens.

Au milieu de la chaussée, au cœur d’un village du chemin du retour, la mort – qui rappelons-le n’est rien selon Epicure⁸⁷ – avait dessiné un chat écrasé au bout d’un lavis rouge brun. On aurait dit un vrai.

GALERIE : la côte ouest

***Tous les chemins ne mènent pas à* ***Hawaï beach*****

***Ouvrez l’œil : un pas de plus et vous mettez un terme à vos*** **vacances sur Terre**

**Les eaux almandine**⁸⁸ **des salines**

***Leçon de kitsurf sur la plage (un vent supérieur à 30 nœuds***⁸⁹ ***ne permet pas à un débutant d’aller à l’eau)***

Le pouf de mer est une espèce ***grégaire*** ***de grand mammifère marin***

***Ce sont de vraies feuilles, j’ai vérifié, mais le bruit des tropiques est couvert par Spotify.***

***Evitez mai si vous êtes seul avec votre désespoir***⁹⁰

Le port et le vieux Chora

Vendredi, ciel couvert. On en a profité pour découvrir les ruelles étroites du vieux port. À peine si l’on pouvait se croiser, entre boutiques de mode et bijouteries. À la queueleuleu, une serviette sur le bras, comme au bloc sanitaire. Des prix à coucher dans un abribus. Les commerçants se la pètent un peu, l’appât du gain, ostensiblement, ôte de leur sourire toute tendresse.

GALERIE : la vieille ville

***La frontière entre le dehors et le dedans n’est pas toujours évidente***

***On a vraiment du mal à se comprendre, toi et moi***.

***Un peu d’orange dans ce monde de bleus***⁹²

***J’aurais des pépins dans les selles***

***Mais je suis un vélo volant et ma selle a des pépins***

***À force de passer devant j’ai fini par la photographier***

Sous les fenêtres condamnées de palais aux sinistres pelades, nous avons ensuite foulé une plage de graviers parsemée de détritus, pour gagner la jeté qui conduit à l’îlot au sommet duquel se dresse la porte d’Apollon qui sert maintenant de cadre aux photographes de couchers de soleil. Mais l’astre avait été avalé par la brume avant d’atteindre l’horizon. Nous sommes rentrés jouer à Skull King.

GALERIE : le port

*Des dés de feta rêvant dans la saumur*e⁹⁴

***Grues cendrées, quand vous descendrez du ciel***…

***Des digues contre l’amour dévastateur de la mer***

***Les geckos sont les derniers pensionnaires du palais des rois de Dionysie***

**Hybris**⁹⁵ **se niche entre les cornes du diable**

***Les rochers eux-mêmes convergent vers le lieu saint***

J’ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux⁹⁶

***Ils sont tous remplis du souffle sacré. (Acte des Apôtres – 2.4 Shabou’ot***)

Le lendemain, temps frai doublé d’une grosse flemme, nous avons acheté trois bocaux de câpres et regardé le télécrochet d’un duo d’humoristes célèbre⁹⁷ élisant l’amuseur le plus convainquant parmi ceux qu’ils avaient sélectionnés lors d’un tour des grandes villes de France : Paris, Marseille, Nantes et Bruxelles⁹⁸. Ne me dite pas que ça ne vous est jamais arrivé. Le soir, nous avons regardé la demi-finale de The Voice. Notre favorite s’est fait virer. Il faut réagir.

Pour regarder les chaînes françaises depuis l’étranger :

Connectez la télé à votre ordinateur au moyen du câble HDMI qui est au fond de votre valise
Au moyen des boutons de la télé et/ou de la télécommande, sélectionnez le canal correspondant à l’entrée HDMI de la télé
Connectez votre ordinateur au wifi du logement
Accédez aux chaînes françaises sur internet.

Nus dans les flots bleus

Il nous reste deux jours de vacance. On va louer une voiture pour refaire le tour des plages et essayer de se baigner.

En fin de repas, notre fille faisait le ménage dans sa boîte mail. Elle avait été surprise, la veille, lorsqu’elle avait reçu le check-in de nos billets de vol. D’habitude, on le reçoit 48 heures avant le départ. Là, on l’avait reçu avec un jour d’avance. Notre fille attendit que chacun eut terminé son repas et nous annonça avec un visage de trois pieds de long (91,44 cm) qu’il ne nous restait plus qu’un seul jour de vacance, et non deux. Le départ était pour le lendemain. Un malentendu qui selon moi n’était peut-être pas étranger au fait qu’elle devait commencer un nouveau job, à son retour de vacances.

Nous avons donc loué une voiture pour l’après-midi et sommes retournés à Hawaï beach pour nous baigner nus dans les flots bleus. Il y avait un peu de monde mais, malgré les indications d’un homme seulement vêtu de l’eau qui lui grimpait jusqu’aux genoux, nous ne parvînmes pas à trouver le moyen de descendre du haut de la falaise. Pour ne pas perdre de temps, nous décidâmes de changer de plage.

La plage suivante était adossée à une dune modeste, à cent mètres d’un parking de terre damée, complètement déserte. Glifada Beach. Coiffé d’un casque audio, un père de famille prodigieusement poilu surveillait deux enfants qui jouaient avec les vagues. C’était les seuls occupants de cette étendue sablonneuse qui bordait une mer couleur Sex in the Driveway⁹⁹.

Nous avons généreusement enduit nos jambes et nos visages de crème solaire et avons marché sans fin qui des volcans de sable fin entre les orteils, qui de l’eau jusqu’aux mollets. Le vent était tiède, l’eau était fraîche, la lumière était douce, nos cœurs étaient vaillants, nous avions les os bourrés de calcium et la thyroïde saturée d’iode. Les vacances allaient enfin pouvoir commencer¹⁰⁰.

GALERIE : les pieds dans l’eau

**Thym à têtes, cystes pyrophytes, pimprenelles épineuses et cinéraires sont le royaume des grands lézards verts et des agames striés (épineux eux aussi**¹⁰¹)

***Machine à laver la morosité et à fixer le carbone (Posidonie***¹⁰² ***a plus d’un amant, elle en prend à ses cheveux longs)***¹⁰³

***Sur la piste de la panthère des sables***¹⁰⁴

***La panthère des sabl*****es (si, si, regardez bien)**

Voyage retour

Nous avons rendu l’appartement. Comme promis, le cousin nous a conduits à l’aéroport. Il s’est pris le chou avec la femme chargée de bloquer la rue de l’école à la sortie des classes. Il était possible de contourner le pâté de maisons mais Automédon¹⁰⁵ a finalement obtenu gain de cause en expliquant avec une grosse voix de macho, que nous étions des touristes qu’il conduisait à l’aéroport. Le cousin n’envisageait manifestement pas que l’on contrariât sa mission. Les mots clés touristes et aéroport eurent raison de l’intransigeance de la préposée qui finit par lever le barrage. Les propos de mon correspondant de guerre se rappelèrent à ma mémoire. J’en conçu un grand frisson de dépit.

Passé ce regrettable incident, j’ai lancé la conversation sur la vie à Naxos, l’accueil chaleureux des Grecs, la beauté sauvage de l’île, les quatre voitures croisées lors de notre escapade dans le nord. Je ne voulais pas que ma famille restât sur une mauvaise impression. Il nous a expliqué que le gros des touristes arrivait mi-juin et que l’île manquait d’eau. À l’aéroport, il nous a fait des adieux émouvants en prenant nos mains dans les siennes, comme on remercierait des bienfaiteurs.

J’aime attendre pendant des heures dans les aéroports. La dernière fois, c’était en 2019, à Séoul. Celui de Naxos est plus compact. À droite, le bureau d’enregistrement des bagages, avec une balance et un tapis roulant. Une femme au guichet et un gars qui pèse les valises et les dépose sur le tapis. À gauche, un bar à sucreries, café, sodas. Au fond, à quelques mètres, une douane équipée d’un tunnel et d’un portique. La douanière est teinte en blond. Son pantalon réglementaire gris bleu est couvert de poches. Ses grosses fesses hyper musclées déforment l’espace-temps. La crosse apparente du flingue qu’elle porte haut, exhibe l’ergonomie obscène de sa courbure. La grande bouche fardée de rouge de la contrôleuse semble sourire à une entité paranormale située à environ trente centimètres au-dessus de son visage, à 45°. Pour moi c’est sûr, elle est d’ailleurs.¹⁰⁶

En face du bar, une salle d’attente donne sur une sorte de préau où nous nous installons, une fois terminé l’enregistrement de nos deux valises. En face de nous, sur notre gauche, un couple de jeunes allemands en voyage de noce. La fille interrompt le va-et-vient frénétique de ses pouces sur son smartphone pour gratter avec prudence le renflement d’une piqure de moustique à la cheville. Toujours en face de nous, sur notre droite, un couple de vieux – lui surtout – en lune d’aspartame. Ils semblent plus amoureux que les deux étourneaux germaniques. Elle, grande, charnue, avec de gros bras musclés, est bien plus qu’une infirmière aux yeux de cet homme dont le visage est baigné par la douceur effrayante de ceux qui lèchent leur assiette¹⁰⁷.

À l’extérieur, en plein soleil, un autre couple, dans la force de l’âge – surtout lui – s’agite en communiquant avec une conviction joyeuse. On n’entend pas leurs paroles. Ils portent des vêtements de sport. Ils sont beaux comme des abricots. L’estomac gonflé du jeune quarantenaire probablement davantage porté sur le réconfort que sur le sport, semble attendre un moment d’inattention pour prendre sa liberté en s’élevant dans l’air déjà brûlant. Nez fin et taille d’apocrite¹⁰⁸, sa compagne fait preuve d’un enjouement mesuré. Moulé dans un baroudeur de marque, son cul a été dessiné par une intelligence artificielle. Des sandales de la Grèce antique mettent fin à ses longues jambes fines et musclées. Un chat est allongé sous leur banc. D’un coup de poignet nerveux, elle éparpille dans les graviers une partie du contenu d’une boîte de croquettes qui a fait le tour de l’île. Le chat nettoie le macadam puis vient se coucher derrière les jambes du vieillard langoureux. Un deuxième chat, qui attendait son tour, s’est approché. Nouvelle ration de croquettes.

Entre temps, un cinquantenaire du nord de l’Europe au gabarit exceptionnel s’est assis juste en face de nous, muré dans une solitude musclée. Il a gardé son sac à dos. Cheveux gris et rare, visage et nuque rouges, regard délavé des grands vikings dépressifs qui ont vendu leur startup, la tristesse le vieillit de plusieurs années. Nous reparlerons de lui tout à l’heure car la jeune sportive fume maintenant une cigarette, le bras en supination¹⁰⁹ pour ne pas déranger son compagnon. Le premier chat s’est approché par derrière, flairant l’aubaine. Il s’écarte brusquement lorsque la main tressaute pour détacher la cendre qui s’est formée à l’extrémité du fin cylindre addictif. La fille ne s’est aperçu de rien.

Les gens s’agglutinent, le passage en douane a commencé sous le patronage de la femme d’armes. Deux jeunes fonctionnaires aux épaules étroites complètent le dispositif. Je reste assis sur mon siège, rien ne presse. Les gens qui prennent l’avion sont souvent impatients. La fille aux croquettes se lève et ôte son short avec indifférence pour passer un jean. Je considère avec attention les arguments de la candidate du parti de la nature sauvage, de la chasse et des accouchements¹¹⁰. Je remercie Zeus et Léto pour ce cadeau d’adieu et rejoins les femmes de ma vie, derrière un groupe de ménades qui hurlent au monde qu’elles sont fières d’être citoyennes américaines.

Passée la douane, nous patientons dans une sorte de corridor pourvu de nombreuses fenêtres. Un avion à hélices s’est approché. J’ai sorti mes bouchons anti-bruit. L’expulsion des passagers est rapide, ainsi que le transfert des bagages. On dirait un hippocampe mâle expulsant sa portée. Le sentiment de je-m’en-foutisme qui défigure trop souvent les services de nombreux pays n’est pas perceptible ici. En Grèce, tout n’est qu’ordre et beauté¹¹¹. C’est là qu’il faut aller passer vos prochaines vacances, soyez persuasif :

D’autorité, l’athlète scandinave a entrouvert une fenêtre pour faire sortir un insecte au moyen de sa carte d’embarquement. Il s’est trouvé un challenge, ironise notre fille. Le ventre collé à la vitre, l’insecte résiste. Au moyen de son marteau de papier, Thor parvient à ses fins. Un sourire magnifique illumine alors son visage de cestode¹¹². Ses dents sont fausses.

Nous voilà à Athènes après trois quarts d’heure de vol. Dans trois heures nous décollerons pour Paris. On n’a pas mieux. Alors on regarde les badauds. Et si on suçait une glace à l’eau ? Les palaces, les restaurants, on se rappelle, c’était avant, et on regarde les badauds. Ce matin, on s’est réveillés tôt. Sur un siège pendant des heures, on va perdre nos belles couleurs.¹¹³

J’ai craqué pour une tablette de Lindt à 70% et ma fille pour un tube de Pringles. Elle ne sait pas encore que le docteur Fredric J. Baur¹¹⁴, créateur de l’emballage de la célèbre chips, est décédé le 4 mai 2008 à 89 ans. Rien ne presse.

GALERIE : Athens transfert

***Elle garde les bagages pendant qu’il fait pipi (cf. logo)***

***Je me demande comment il s’y prend pour ne pas pisser sur ses queues de ren*****ard, chuchote un vieux monsieur à l’oreille de sa compagne.**

Dans l’avion, j’ai mangé les trois portions que nous ont servies les hôtesses helléniques. Une au bœuf, les deux autres au fromage. Les portions, pas les hôtesses. Ce n’était pas dégeu, même si je commençais à avoir un peu grave la dalle (comme l’a un peu mon neveu).

Puis j’ai relu une fois encore le premier chapitre des Petits chevaux de Tarquinia. J’ai relevé le vocabulaire désignant les plantes : thé, figuier, arbre, olivier, laurier, café, herbe, tomates, jardins, fleurs, joncs, lauriers roses, platane, tonnelles, arbousiers, cinéraires, orties, lichens. J’ai fauché les cinéraires pour rimer avec lézards verts.

L’évocation d’une plante est rarement anodine. Exemples.

arbousiers, cinéraires : « C’était presque midi. Les arbousiers bourdonnaient d’abeilles et toujours, à cette heure là, la puissante odeur des cinéraires jetait de l’encens dans l’air. »
- L’allitération en b ronronne comme une messe qui se prolonge par le contrepoint des allitérations en eur et en air, sourdement annoncés par les our.
- La cinéraires doit son nom à sa couleur cendrée. La cendre renvoie au rituel, à l’explosion de la mine antipersonnelle, à la fois au sens qui disparaît et à la quintessence, au feu de forêt qui se propage, à l’amour qui se consume, au Phénix et au renouveau.
orties : « Pendant deux jours et deux nuits, avec son mari, ils avaient fouillés dans les pierres et les orties de la maison abandonnée. »
- L’assonance des i perpétue le cri de souffrance du couple (mari, ils) à la recherche (nuit, fouillés, pierres, orties) des restes du fils défunt.
- L’ortie symbolise évidemment la douleur du couple anéanti et la cruauté de la condition humaine, face aux chats écrasés.
lichens : « C’était une femme qui avait dû vivre sa vie près de la mer. Son odeur à elle s’était perdue avec le temps. Elle avait maintenant celle des grèves brûlantes fleuries de lichens morts. »
- Même vivant, le lichen semble mort.
- Toujours cet incendie qui couve sous les cadavres.
- Notez le paradoxisme pascal, voire pascalien, « fleuries de lichens morts« .
- Cette phrase raconte le passé et le présent, et claque la porte au nez de l’avenir.

J’ai également reconstitué le calendrier des différents événements précédant le temps du récit.

Il y a 2 ans : mort de la femme de l’épicier
Jour -16 : arrivée du groupe d’amis sur le lieu de villégiature
Jour -15 : Sara entame la lecture d’un livre
Jour -8 : l’ami Ludi tient des propos sur Sara
Jour -7 : par soucis d’économie, on n’arrose plus que le soir à cause de la canicule
Jour -4,5 : Sara s’engueule avec son mari et prend connaissance des propos que Ludi a tenus sur elle (on ne sait toujours pas lesquels)
Jour -3,5 : un jeune démineur saute sur une mine ; Sara a cessé d’embrasser son enfant
Jour -3 : les parents du démineur commencent à rassembler les restes de leur fils dans une caisse à savon fournie par l’épicier. Les autorités leur enjoignent en vain de signer la déclaration de décès. Gina, la femme de Ludi, apporte régulièrement de la nourriture au couple qui veille la caisse à savon en compagnie de l’épicier.
Jour -2,5 : arrive l’homme qui va se rapprocher de Sara. La bonne de Sara s’entiche d’un des deux jeunes douaniers chargés de surveiller la caisse à savon tant que la déclaration n’est pas signée.
Jour -2 : l’homme s’aperçoit que Sara existe
Jour -1 : les parents du démineur ont terminé de rassembler les restes de leur fils.

Fin du premier chapitre, les vacances vont enfin pouvoir commencer ; c’est de ce terreau que les chapitres suivants vont se nourrir.

Comme dans un roman policier, le datage précis des événements par l’auteur traduit son soucis d’élucider les conditions d’un passage à l’acte. Cet article n’est pas le lieu de vous en dire davantage

À l’arrivée, il pleuvait sur l’aéroport Charles de Gaulle. Je n’ai pas déclaré les deux bocaux de câpres et la bouteille de Kitro¹¹⁵ car qui trop embrasse mal étreint.

Bonus

Ce matin, mon caca était noir. Rien d’anormal, le caca grec a la couleur des olives. Au cours de ce séjour, j’ai repris les deux kilos que je n’arrivais pas à récupérer depuis que j’avais contracté le COVID, sept mois auparavant. Un mètre soixante-quinze, soixante-quinze kilos. CQFD.

C’est à la minceur des épluchures qu’on voit la grandeur des nations, affirme le Caporal casse-pompons. Sans craindre de porter ombrage à son autorité, nous pouvons ajouter que c’est à la minceur des feuilles de PQ qu’on voit l’endettement des nations. En Grèce, le PQ est trois fois plus mince qu’en France, sachant qu’en 2023, j’avais déjà constaté les conséquences de l’inflation sur le PQ français. J’avais, à l’époque, démontré avec brio comment, sous prétexte de limiter la hausse des prix, l’industrie avait diminué la qualité du papier, provoquant une hausse de la consommation (trois feuilles versus deux) qui in fine avait permis aux actionnaires de doubler leurs dividendes. La réhabilitation du tersorium¹¹⁶ s’impose, camarades !

Je viens de terminer la lecture de Fuck up, d’Arthur Nersesian. Une descente aux enfers qui se termine bien. Ça se lit comme s’est écrit. Ce matin, ma femme a acheté de la feta grecque de brebis, à Monoprix : 21 € le kilo (saumure comprise) versus 16 € (sèche), en Grèce. La facture moyenne de la superette est moins élevée dans les Cyclades mais c’est pour sensiblement le même prix qu’en France, qu’on a mal au ventre en sortant du restaurant (je vois toujours l’assiette à moitié vide). Pour bien manger en Grèce, il suffit de cuisiner : les produits sont excellents.

Emanuel Macron vient de dissoudre l’Assemblée. Aux élections du Parlement européen, son parti a obtenu autant de sièges que les socialistes (13) et, avec presque 37% des votes, l’extrême droite a obtenu 35 sièges (5 pour Reconquête et 30 pour le RN qui est en tête dans plus de 90% des communes françaises).

Ça ne vous donne pas envie de voyager, tout ça ? Allez, c’est bonus. Mais où aller dans ce monde farouchement psychopathe et viscéralement climatosceptique (rappelez-moi le moyen de transport que j’ai utilisé pour aller en Grèce) ?

Attention à ne pas partir trop loin tout de même car il va falloir retourner aux urnes, fin juin.

GALERIE : bonus

***Le seul***¹¹⁷ ***chien que j’ai vu durant ces vacances***. **De toute évidence, nous sommes en présence d’un lobby des chats très puissant.**

L’étendard sanglant est levé (Rouget de l’île).
Je me permets ces jeux de mots car c’est cette poissonnerie qui a commencé : elle vend des produits de la compagnie Philosofisch (fisch signifie poisson en anglais).

***Ne confondez pas les palmiers et***¹¹⁸ ***les élép*****hants (même s’il existe des palmiers nains)**

***Ne taillez pas votre palmier pour des raisons esthétiques : moins il sera taillé, mieux il se portera*** **(Bob le jardinier**¹¹⁹).

***Organe reproducteur d’angiosperme***
***(du grec ἀγγεῖον / angeīon, « vase, réceptacle », et σπέρμα / spérma, « graine », soit « graine dans un récipient »)***.
***En ce qui concerne les anges, tout le monde est au courant.***

***En fait, il n’y a qu’un*** **tronc et non six.**¹²⁰

**Miroir de l’âme (celle du bois dite,** ***duramen***)

***Tamarix hirsuta*** (en vacances, j’appelle tamaris, tous les arbres que je ne connais pas)

***Dans ces ruelles compliquées, la bicyclette est plus utile sous les fleurs que sous les fesses.***

***À Parikïa, cette maison avec arbre et barcasse nous servait de repère sur la promenade, pour retrouver la rue qui conduisait à notre logement.***

***Haut Paros avec vue sur la mer : arthrosiques s’abstenir.***

**Peint sur le mur de la bibliothèque de Chora Naxos**

Filoti coiffe-t-il le sommet d’une colline en avant-plan ou est-il accroché à la pente de l’arrière-plan ? Et si nous sommes dans la seconde configuration, pourquoi cette forme triangulaire ? Je vous laisse bosser.

***Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étrang*****er ?** ¹²²

***Heureusement que les fleurs ne savent pas lire***

***Les fameus*****es bractées**¹²³ **de la** bougainvillée, en l’honneur du comte Louis-Antoine de Bougainville, navigateur et créateur du mythe du bon sauvage. Bougainville est une commune de Picardie située à 23 km d’Amiens, sortie ouest, en direction de Saveuse et Ferrières. Ce toponyme provient de l’agglutination du nom de personne germanique féminin bugga ***et du latin*** villa. ***Il signifie,*** le domaine de bugga, celle qui vit dans le marais. Attention, ne vous méprenez pas, la bougainvillée aime les sols bien drainés.

**Je pense savoir pourquoi j’aime tant les grillages**.
**Attention, ne vous méprenez pas, le laurier rose est toxique.**

***La Grèce n’est plus qu’un souvenir qui continuera de hanter ***longtemps*** nos mémoires, n’a pas dit Saint-Exupéry.***

Ce n’est pas terminé, je me dois de récompenser les lecteurs courageux avec ces informations toutes fraîches que je tiens de mon chiropractor. Je vous passe le détail des circonstances fâcheuses qui lui ont vallu ma visite. Quoi qu’il en soit j’ai un chiropractor merveilleux. Lorsque je lui ai raconté que ma grand-mère avait habité rue des Quatre-Frères-Peignot, il m’a appris qu’il appartenait à une grande famille d’imprimeurs et qu’il avait chez lui des originaux de plusieurs polices des frères Peignot.

Lorsque qu’il a appris que je venais de passer deux semaines en Grèce, il m’a confié qu’il passait toutes ses vacances en Grèce depuis l’âge de quatorze ans.

Selon lui, la meilleure période, c’est septembre. Les Grecs ont gagné leur pognon, ils sont détendus du caillou (encore plus que tout à l’heure). D’autre part, le meltem, qui est fou furieux en juillet et en août (à ne pas manger dehors), s’est un peu calmé. Toutefois, il reste sage de louer au sud de l’île où vous avez choisi de séjourner, pour être à l’abri de ce vent du nord.

Notes

Toile à matelas, bien sûr. ↩︎
Saurez-vous repérer celles que j’ai conservées afin de ne pas asseptiser l’article ? ↩︎
Jubilo ergo sum, a oublié de dire Descartes. ↩︎
Le wifi (c’est à dire des ondes) est le support de la connexion. En l’occurrence, c’est à la box (au MODEM) qu’on se connecte. Le support de la connexion (le wifi) est utilisé ici pour signifier le matériel auquel on se connecte (la box). Ce type de métonymie qui désigne la destination par le chemin n’est à ma connaissance pas répertorié. Cette métonymie est une métaphore de la vie (je vous laisse tirer les conséquences philosophiques de cet apport majeur à la rhétorique). ↩︎
Ceci est une note. Cliquez sur la flèche retour à la fin de la note pour revenir à l’article : ↩︎
Nous déclinons toute responsabilité si votre smartphone se retrouve au fond de la cuvette des WC. ↩︎
Cette opération ne doit s’accompagner d’aucun vomissement. ↩︎
Dario Moreno. ↩︎
Un voyage à Cythère, Charles Baudelaire. ↩︎
Si vous habitez sous de vastes portiques que les soleils marins teignent de mille feux, alors vous êtes au bon endroit, au bon moment ; et si vos esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs, ont pour unique soin d’approfondir le secret douloureux qui vous fait languir, alors on peut commencer à parler de réseau (Charles Baudelaire, La vie antérieure). ↩︎
Déesse de la Faute, de l’Égarement et de la Folie. ↩︎
Jeune gars sympa. Statue de jeune homme nu, durant la période archaïque de la sculpture grecque (650 – 500). Le kouros d’Apollonas est une statue inachevée de Dionysos de 10 mètres de long, en forme de vibro-masseur, gisant dans une carrière de marbre, au-dessus du village d’Apollonas, au nord de Naxos. ↩︎
Un euro égale 6,56 francs. ↩︎
Prononcer Ciao chaise cou. ↩︎
h aspiré. ↩︎
Une allusion à celle de Boris Vian. En réalité, dans le rêve, il s’agissait d’une plante rouge très courte, semblable à de la mousse, qui était censée donner de l’inspiration à ceux qui en consommaient. ↩︎
Phénomène de mirages multiples souvent observé au-dessus du détroit de Messine, et que l’on attribuait poétiquement à la fée Morgane (en italien, fée se dit fata). ↩︎
Le K est à la fois le titre du premier recueil de nouvelles de Dino Buzzati et l’acronyme par lequel Franz Kafka désigne son personnage principal dans Le château, son roman inachevé. Il ne vous aura pas échappé que c’est aussi la première lettre du nom de l’auteur. ↩︎
Si vous êtes ivre du monde, c’est que le monde vous remplit ; et se trouvant en vous, le monde ne peut vous voir : CQFD. ↩︎
Tourné en dérision par Kurt Vonnegut : « Le héros a des problèmes, le héros résout ses problèmes. » ↩︎
Abats et détritus assimilés. ↩︎
Hommage perso au poète et homme d’affaire La Fouine :

421

Mon prénom c’est Laouni
Nom de scène La Fouine
Laouni fait de la pop
Du hip-hop la Fouine
Mon frérot c’est Hakim
Nom de scène Canardo

Laouni fait laouin
En verlan et La Fouine
Puisqu’il faut qu’on francise
Et c’est vrai j’ai la win
Notre blase c’est Mouhid
Et le d de la chance
M’a sorti de la mouise

Né à Trappe en Yvelines
Le collège Gagarine
Les Restos, la rapine
Bois-d’Arcy, les balances
Les squares, la dope en ïne
C’est fini les bêtises

Maintenant je suis accro
À ce qui se passe là-haut

Deux chansons :
Mélange des genre chez La Fouine.
Canardo est ailleurs mais pas loin. ↩︎
Référence au caractère fouineur de la fouine. ↩︎
IDevinette : quel est le plus gros des mustélidés ? Réponse : le glouton, capable de tuer un jeune élan. ↩︎
En anglais : In Greece, one doesn’t sniff cats’ asses. Les Grecs vous parleront surtout anglais. ↩︎
A ce propos, en Grèce, c’est à 15 h
1qu’on cherche midi : en France, en été, à midi, il est 14 h alors qu’en Grèce il est 15 h. ↩︎
Voici l’homme (en latin). Ecce homo est le titre de l’autobiographie philosophique parodique que Friedrich Nietzsche rédigea en 1888 avant de sombrer dans la démence. ↩︎
Fake news : ce chat n’est pas égérie de l’Égée-Méridionale. Par contre, l’usine en question existe bien. ↩︎
Jeu de mots avec des bennes et d’ébène. ↩︎
Jeu de mots avec grasse matinée, grosse matinée et grosse mâtinée. ↩︎
Non, vraiment, je ne peux pas. ↩︎
De celles dont l’enfer est pavé, bien sûr. ↩︎
Les trois couleurs primaires des peintres et des teinturiers depuis l’Antiquité. ↩︎
Deux orthographes : bougainvillier et bougainvillée. Les deux sont féminins selon Le Robert. Bougainvillier est masculin selon Le Larousse. Je recommande bougainvillée qui est plus chic. ↩︎
Femme Like U, chanson de K. Maro. ↩︎
Titre donné aux rois de Perse et aux souverains orientaux de l’époque hellénistique à partir d’Alexandre le Grand. Il deviendra par la suite le titre officiel des empereurs de l’Orient romain et, à l’époque byzantine, sera synonyme d’empereur. ↩︎
La symphonie des éclairs (Zaho de Sagazan). ↩︎
Le néologisme de l’été. ↩︎
Dario Moreno. ↩︎
David Lodge, L’Art de la fiction. ↩︎
Le pyrrhocore n’est pas dangereux. Il ne pique pas, ne vole pas et, contrairement à ses cousines les punaises, ne produit pas d’odeur nauséabonde. Vous avez peut-être vous aussi une cousine qui sent mauvais ; cela ne fait pas de vous pour autant une belle personne. ↩︎
Les cinq attributs de Vishnou, le grand Schtroumpf immobile six fois membré (quatre bras), sont : la tiare dorée (inclinez-vous devant le roi des dieux et professez votre foi), la conque (appel à la prière), la roue (redistribution des âmes et des richesses), le lotus (tout est consommable dans cette plante, pas de gaspillage et frugalité), la massue (ustensile indispensable au pèlerin). Vous me voyez venir ? ↩︎
En anglais, corne se dit horn. ↩︎
Jeu de mots gratuit avec à la pointe de l’épée. ↩︎
Chambre avec vue (A Room With a View), film de James Ivory (1986), adapté du roman d’Edward Morgan Forster, Avec vue sur l’Arno. ↩︎
D’après San Francisco de Maxime Le Forestier. ↩︎
Une méridienne est une sorte de grande bergère ou de canapé, nommé aussi récamier, dont le chevet, plus haut que le pied, est relié à ce dernier par un dossier oblique. Mais la méridienne est avant tout la sieste à laquelle les habitants des pays chauds se livrent ordinairement vers l’heure du midi. ↩︎
Au sens propre. ↩︎
Jeu de mots avec la taille du marbre. ↩︎
Déesse de la victoire. Attention au contresens, se faire Niké ne signifie pas se faire avoir, mais s’offrir la victoire. ↩︎
Jeu de mots avec Fenwick et lève-caisse. ↩︎
Je suis toujours impressionné par l’incompréhensible, car cela cache peut-être quelque chose qui nous est favorable. C’est rationnel, chez moi. Gros-Câlin de Romain Gary. ↩︎
D’après San Francisco de Maxime Le Forestier. ↩︎
Aromate tiré d’un arbrisseau. Cet arbrisseau : les canneliers sont des cinnamomes.
Quand il entra dans sa chambre, du cinnamome fumait sur une vasque de porphyre (Gustave Flaubert, Trois Contes : Hérodias, 1897). Avouez que c’est plus chic que cannelle. ↩︎
Jeu de mots avec le reste du monde. ↩︎
Il existe aussi de la feta au lait de chèvre, au lait de vache et à base de mélanges de différents laits. ↩︎
Trop de nitrates. ↩︎
Brebis se dit πρόβατα (próvata). ↩︎
Le meltem des raisins n’est pas un champignon parasite de la vigne mais une brise marine (c’est ce que signifie ce mot turque), estivale, qui vient du nord et qui souffle au moment des premières grappes. En réalité, le meltem (on dit aussi l’étésien, mon dieu que c’est affreusement moche) souffle tout l’été. Ainsi, pour se donner l’illusion de maîtriser les éléments et ne pas sombrer dans la folie, les Grecs se font des films en parlant du meltem des coloquintes, des aubergines, des melons, des Apéricubes, des puffins cendrés, des Scandinaves… ↩︎
Paul Valery. ↩︎
Au singulier ou au pluriel, à vous de choisir. La première option est plus classieuse. ↩︎
Variété de quartz contenant des inclusions de fuchsite pour sa variété verte. ↩︎
Jeu de mots masqué avec aux iris et Osiris. ↩︎
Après enquête, il semblerait que si : consultez internet et ne passez pas à côté de ce joyau. ↩︎
J’ai hésité avec adorables : priorité au réel. ↩︎
Je voulais dire, le sirtaki susceptible. ↩︎
Oignons violets (couleur aubergine). ↩︎
Une seule évidence : l’homme est un homme pour l’homme. ↩︎
Régulièrement élue ville la plus moche de France. ↩︎
Toute référence à la moustache d’un certain Adolphe étant nulle et non avenue (la tautologie est au langage ce que l’impertinence est à Toto). ↩︎
Jeu de mots avec jaunasse (dans la série des jaunes). ↩︎
I Got the Blues (The Rolling Stones). Traduction : J’ai le cafard. ↩︎
Cherchez du côté de chez Charles Cros. Dans l’édition de la Pléiade, Charles Cros et Tristan Corbière sont réunis dans le même volume. ↩︎
Les motifs du sol rappellent la fourrure d’un félin (Sylvain Tesson pour l’attente). ↩︎
Super Nana. ↩︎
Durant le Nouvel Empire (-1500 à -1000), se développe la tradition du démembrement du corps d’Osiris : fou de rage, son frère, Seth, s’est acharné sur la dépouille de son rival et en a dispersé les morceaux à travers toute l’Égypte. Plusieurs villes affirment que des morceaux du cadavre ont été retrouvés sur leur territoire. La cité d’Abydos prétend posséder la relique la plus sacrée : la tête.
Selon Plutarque (46-125), le coffre contenant le cadavre complet d’Osiris dérive jusqu’à Byblos, dans le Liban actuel, où il est emprisonné dans le tronc d’un tamaris. Le souverain local fait couper l’arbre qui devient une colonne du palais royal. Ceci explique le lien entre Osiris et les arbres qui agrémentent toujours ses cénotaphes (tombeau vide élevé à la mémoire d’un mort).
De là à retrouver la tête d’Osiris dans un tamaris, il n’y avait qu’un pas que certains historiographes se sont amusés à franchir. ↩︎
Saint-Quentin est recommandé en cas de cécité (cf. première inventio) ou de pubalgie (Saint-Quentin dans l’Aisne). ↩︎
Plante arbustive épineuse à fleurs jaunes et gousses glabres. ↩︎
Plus joyeux que ses synonymes, chêne vert et chêne faux houx. ↩︎
L’Euphorbe characias, peut-être du latin chara, sorte de choux (les marques des anciens pétioles sur la tige y font penser), ou du grec kharássô, tailler en pointe (feuilles oblancéolées), et de Euphorbus (le bien nourri), nom d’un médecin de cour grec du 1^er siècle avant JC, qui utilisait sans doute le latex corrosif de la plante pour brûler les verrues. Perso j’utilise la pommade Cochon du colporteur et inventeur éponyme, composée en parties égales d’acide salicylique et de suif de bœuf – et non de saindoux comme pourrait le laisser supposer l’appellation qui, par ailleurs, est sans rapport avec un autre pyromane homonyme célèbre, l’évêque Cauchon, qui condamna Jeanne d’Arc à être brûlée vive comme une verrue. Tout ces efforts pour vous mettre en garde contre la toxicité du latex de l’euphorbe, une plante à l’odeur singulière, avec laquelle il ne faut pas entrer en contact. Il en va de l’euphorbe comme des religions, les voies de la splendeur sont impénétrables. On ne pouvait pas terminer cette investigation sans apporter quelques compléments d’information sur le suif, cet inconnu, obtenu par la fonte de la graisse d’espèces animales comme le mouton et le bœuf, qui entre dans la composition du Christmas pudding et des nouveaux billets de 5 livres sterling et sert de lubrifiant aux ascenseurs de la tour Eiffel. ↩︎
Kurt Vonnegut. ↩︎
Un nid de poule, un virage et une voiture qui vient en sens inverse (une anomalie, un contexte et un imprévu). ↩︎
Jeu de mots avec l’essieu et les cieux. ↩︎
Entretien des dépendances vertes des voies de circulation. ↩︎
L’Invitation au Voyage de Charles Baudelaire. ↩︎
Derniers tsunamis ayant causé de gros dégâts à Hawaï : 1946, 1960, 1968. ↩︎
Parce que tant que nous existons la mort n’est pas, et que quand la mort est là nous ne sommes plus. (Lettre à Ménécée). ↩︎
Couleur de l’almandine, un grenat allumino-ferreux couleur de viande conditionnée sous atmosphère protectrice (en l’absence d’oxygène, la viande passe du rouge vif à une couleur plus sombre, voire au brun marron). ↩︎
Soit environ 2 fois 30, moins 10% de 30, égale 57 km/h. ↩︎
Je suis malade de Serge Lama ↩︎
Paul Valéry, Le cimetière marin :
Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée ! ↩︎
Jeu de mots avec monde de brutes (la brute laisse des bleus). Paul Eluard séjourna dans cette maison (La Terre est bleue comme une orange). ↩︎
Avec la mer du Nord, chanson de Jacques Brel. ↩︎
Dédé la saumure se paie une tranche de rêve. Feta est emprunté à l’italien fetta, tranche. André (diminutif Dédé) était macro (proxénète) : macro, saumure, tu captes, bébé ? ↩︎
Divinité allégorique. Tentation des humains de rivaliser avec les dieux. ↩︎
La vie antérieure de Charles Baudelaire. ↩︎
Eric et Ramzy. ↩︎
Qu’est-ce qui vous dérange ? ↩︎
Cocktail bleu turquoise. Le driveway est l’allée qui conduit de la rue à la porte du garage. Improbable. ↩︎
Camping, film avec Franck Dubosc. ↩︎
Prononcer épineuzeuzaussi pour que ça pique un maximum. ↩︎
Plante aquatique de Méditerranée à feuilles rubanées et fleurs jaunâtres, qui pousse sur les fonds marins en formant de vastes herbiers considérés comme essentiels dans le stockage du carbone atmosphérique et l’oxygénation du milieu. ↩︎
Sidonie, chanson de Brigitte Bardot. ↩︎
Sylvain Tesson. ↩︎
Automédon est le conducteur du char d’Achille lors de la guerre de Troie. ↩︎
Pierre Bachelet. ↩︎
Métaphore désignant ceux qui sont au bout de leur vie et qui goûtent leurs derniers plaisirs. ↩︎
Hyménopthère caractérisé par un net étranglement au niveau de l’abdomen. ↩︎
Contraire de pronation (prendre). ↩︎
Artémis, Diane pour les Romains (seul son frère jumeau, Apollon a conservé son nom grec). ↩︎
L’invitation au voyage de Charles Baudelaire. ↩︎
Plathelminthe (vers plat) dont l’adulte squatte le tube digestif d’un vertébré amateur de poisson cru (chat, homme, ours, ptérodactyle, etc.). Son extrémité supérieure, le scolex, est ronde et équipée de crochets et de ventouses qui ne vous lâcheront pas. Revoyez Dune 2 de Denis Villeneuve. ↩︎
Michel Jonasz, Les vacances au bord de la mer. ↩︎
Ne pas confondre le petit Baur (salé) et le petit beure (sucré). ↩︎
Liqueur de cédrat, un gros agrume ovale bosselé, voire verruqueux, dont le parfum du zeste est très agréable. ↩︎
Une éponge de mer montée sur un bâton, que les Romains conservaient dans un récipient d’eau salée ou de vinaigre, pour s’essuyer l’anus après la défécation. ↩︎
Ce n’est pas tout à fait exact, on a vu un pitbull de luxe tenu en laisse dans le bar à pancakes de Naoussa. Il était attiré par l’odeur d’une jeune femme installée à une table voisine. Le chien avait réussi à s’échapper et avait uriné brièvement sur le bas du canapé depuis lequel la femme lui prodigait des encouragements déplacés. Peut-être possédait-elle un chien, elle aussi, dont l’odeur avait interpellé l’animal. Il paraît que si Canis lupus familiaris est l’ami d’Homo sapiens, c’est parce que leurs odeurs corporelles se ressemblent. Après l’avoir récupéré, le jeune Grec embarassé avait versé de l’eau à l’endroit où son animal familier avait marqué son territoire. ↩︎
L’on peut dire confondre A avec B mais je préfère utiliser « et » pour éviter un pléonasme étymologique : le con de confondre signifie avec. ↩︎
Bob Marley. ↩︎
Jeu de mots carambar avec citron (six troncs). ↩︎
Ces feuilles de cactus du genre Opuntia, en forme de raquettes, sont appelées cladodes. Elle sont en fait des rameaux spécialisés ayant l’apparence d’une feuille et assurant les mêmes fonctions (photosynthèse, respiration, réserves), les feuilles elles-mêmes ayant dégénéré en épines. ↩︎
L’Etranger (Baudelaire). ↩︎
Feuilles souvent colorées, à la base desquelles se développe la fleur ou l’inflorescence. ↩︎
Le bateaux ivre, poème de Rimbaud. ↩︎
Supplique pour être enterré à la plage de Sète de Georges Brassens. ↩︎
Divinité du désordre, de l’irrationnel, de la fortune, de la prospérité et de la destinée. ↩︎
Divinité de l’hilarité, de la jubilation et du plaisir. ↩︎
« Utilise la Force, Luke » (Obi-Wan Kenobi). Obi-Wan est le mentor de Luke Skywalker (celui qui arpente le ciel). Dans la mythologie grecque, Mentor est le précepteur de Télémaque, fils d’Ulysse. ↩︎

Voyage dans les Cyclades – 2024

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